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Tuesday, May 28, 2013

11 Mai, Hommage à Bob Marley


Baignade
Après notre retour et une bonne nuit de sommeil bien mérité ... (Nos fesses se souviennent de Banfora !), nous partons pour une nouvelle journée découverte à moto, avec Salif, le petit frère d’Idrissa. 
Nous commençons par Dafra, lieu animiste en pleine forêt. Avant de partir, il ne faut pas oublier d’acheter un jeune poulet sur la route, pour l’offrir en sacrifice afin d’accéder au lieu de culte.

Dafra
Nous nous arrêtons donc au bord du goudron en sortant de Bobo, et le poulet continue le trajet pendu par les pattes au guidon de Salif, la tête en bas. Ici, il est tout à fait normal de voir des motos d’où pendent un vingtaine de poules qui poussent des gloussements à chaque arrêt.
Après un (trop) court temps sur le goudron, nous commençons à nous enfoncer en brousse par une piste de terre rouge serpentant entre des arbres. Nous y croisons des femmes, un panier sur la tête, qui récoltent des pierres, ainsi que des baies qu’elles iront vendre au marché. D’autres vont couper du bois, ou cultiver, marchant sur des kilomètres sans âme qui vive.

Dafra, mare aux poissons sacrés
Après avoir passé un pont en pierres abandonné, sur lequel deux enfants sortis de nulle part nous ont poursuivis pour nous serrer la main, descendu des pierres comme sur un terrain de moto-cross, escaladé des racines en croisant les doigts pour ne pas percer un pneu, nous sommes arrivés sous l’arbre à partir duquel il faut marcher à pieds.

Les paysages sont à couper le souffle, de la verdure à perte de vue, des falaises impressionnantes tombant dans une forêt luxuriante, et des points de vue dignes du Roi Lion !
Arbre sacré de Koumi
Au loin, la masse sombre des arbres centenaires entourant le lieu de culte se rapprochent doucement. Nous croisons des groupes de pèlerins avec leur poulet au bras, ou remontant vers la civilisation après leur offrande.

Koumi, village en terre cuite
Nous finissons par descendre des rochers sous une voûte de verdure, pour arriver enfin au pied d’une cascade, sur un très large rocher plat jonché de sang séché ou frais, de plumes de toutes les couleurs, de boyaux envahis par les mouches, et de peaux de bêtes (agneaux, chèvres), dont l’intérieur est exposé à la vue du visiteur. Une odeur âcre s’échappe des feux allumés par les féticheurs qui brûlent les plumes des poulets avant de leur ouvrir le ventre pour en récupérer les entrailles que nous devons ensuite servir en offrandes aux poissons sacrés sur une plateforme juste en dessous. Puis ils font griller le reste et l’engloutissent.
Koumi
Le vieux se lève, s’approche de Salif, et lui prend le poulet des mains. Il nous somme ensuite de le suivre jusqu’au rocher des sacrifices, sur lequel il égorge le poulet puis le laisse se débattre jusqu’à la mort. Didac doit tourner les yeux pour ne pas vomir. La position du poulet lorsqu’il a fini de se battre avec la mort est très importante. S’il fini sur le ventre, alors c’est une personne intègre et honnête qui a fait le sacrifice, et le voeu sera exaucé. Cependant, si le poulet finit sur le dos, une part
Guinguette, pont suspendu
sombre habite la personne, et le voeu coûtera à nouveau un poulet, afin qu’il finisse par se coucher sur le ventre.
Une fois nos boyaux en main, nous nous approchons des rives de la mare aux poissons sacrés après avoir descendu quelques rochers en pente rude. Les poisson-chats sont énormes, et atteignent parfois 1 mètre de long.
Nous remontons ensuite à travers ce paysage de contes et repartons vers le centre pour nous restaurer, même s’il nous aura fallu le trajet pour nous remettre.

La Guinguette
Après cette pause méritée, nous visitons Koumi, village en terre rouge, typique de la région, et qui garde ses traditions telles qu’elles. Le village est spécialisé dans la poterie (les « canaris » comme on les appelle ici, sortes d’immenses jarres qui servent à conserver les aliments, et dans la préparation du Dolo). Les forgerons fabriquent quant à eux des outils pour l’agriculture et des ustensile pour la cuisine.

Pour finir, nous nous sommes dirigés vers la forêt de la Guinguette.
C’est aussi un lieu sacré de culte, mais aussi et surtout une réserve protégée, où les animaux repeuplent doucement les arbres et le cours d’eau.

Nous avons marché, accompagnés de notre guide garde-forestier, sous des lianes, des arbres dont la cime ne nous apparaissait même pas, entre des fougères plus hautes que nous ...
Une nature luxuriante nous permettant de nous revigorer un peu, au son des oiseaux et animaux sauvages qui peuplent les lieux.

Le soir, pour l’anniversaire de la mort de Bob Marley, qui est très largement fêtée dans le pays, des concerts de reggae sont organisés dans toutes les villes du pays. Nous sommes donc allés assister au concert live de Samska le Jah au Théâtre de la ville en plein air. Un moment de transe inoubliable...
Pêcheurs de Bala
Bala
Des centaines de personnes sont agglutinés sur les gradins, assis en haut des panneaux publicitaires à plus de 8 mètres du sol, les pieds au vent. Tout le monde saute dans tous les sens au rythme des chansons et des différents artistes qui sont venus en première partie de l’artiste. Lors de son entrée en scène, c’est la liesse dans le public, tout le monde crie son nom, des gens grimpent sur la scène pour être filmés ou photographiés à ses côtés, et c’est l’émoi pendant toute la durée du show. 
La chair de poule hérisse nos poils. 
Un grand moment de reggae politique, rythmé par des propos violents à l’égard des dirigeants en place dans le pays et tous les pays voisins, ainsi que contre « l’empire colonialiste français et européen » qui vient piller les richesses de l’Afrique en instaurant des dictatures. Il faut se faire petits et applaudir !

Pêcheur de Bala
Le lendemain, nous partons pour Bala et sa mare aux hippopotames. C’est un site classé et protégé, parc classé forêt biosphère par l’Unesco depuis 1987. La chasse et l’élevage y sont interdits, et la pêche y est très réglementée.
Les pêcheurs, qui nous font visiter le lac à bord de leur pirogue de pêche, et le garde-forestier, nous ont réservé un accueil plus que chaleureux, et nous avons beaucoup ri !

Mare aux hippos, Bala
Le lac est magnifique, entouré de verdure et de forêt en tunnels dignes de paysages équatoriaux d’Amérique du Sud. De nombreuses espèces d’oiseaux y ont élu domicile, plus majestueux les uns que les autres. Et à quelques mètres de nous, les hippopotames nous réservent de belles surprises, se faisant laver par des oiseaux posés sur leurs têtes, et profitant d’un après-midi en famille.
Bala
Une belle promenade !

Puis, direction Koro, un village troglodyte perché sur une colline. Ce village est peuplé d’agriculteurs, de commerçants et de forgerons , qui ont décidé d’élire domicile sur ce promontoire au XIXème siècle, afin de se protéger de l’invasion et de la colonisation des musulmans de Traoré.

Le puit alimentant le village en eau est en bas de la colline, et les femmes doivent faire le trajet à travers les rochers, un seau sur la tête, matin et soir pour se ravitailler. Une escalade impressionnante.
Koro
Il existe deux types de fétiches, comme à Bobo, par maison (sur le toit, ou bien incrusté dans l’entrée de la maison), et collectifs. Et ces fétiches se distinguent par ceux dits de vœux (un nouveau travail, des enfants, des jumeaux, de l’argent ...) et ceux de protection (de la famille, contre les maladies, la faim...). Lorsque les vœux se réalisent ou que la famille se sent protégée, on offre un poulet qu’on égorge sur le fétiche avant d’étendre le sang sur le sol en guise de remerciements.

Nous rentrons fatigués mais la tête bien remplie sur Bobo.
Fétiches dans le village de Koro

Le lendemain, nous achetons des mangues (très recherchées sur Ouaga qui n’en produit pas), qui s’appellent « mangues-ananas » pour leur goût intense proche de l’ananas et leur taille impressionnante de la taille d’un ballon de foot.
Une distribution sera faite lors de notre retour, pour régaler les papilles de nos amis ouagalais.

Le carton (acheté pour 100 FCFA à un vieux spécialisé dans la vente de cartons réutilisés : recyclage !) est chargé dans les soutes du bus, aux côtés des motos, sacs de riz, de mil, et de toutes sortes de victuailles ou matériaux en tous genres, et hop ! c’est parti ! A coups de klaxons toutes les 15 secondes sur tout le trajet bien sûr !
Koro, village perché

Un gros dodo, et je réattaque le boulot le jour suivant !

2 comments:

  1. Très belles photos Lucile et très beau récit. Mais dis moi, tes photos, ne les aurais tu pas volé sur le site Kirikou.com?

    Bisous de Hambourg ou les seuls animaux c'est nous, travailleurs contemplant Outlook pendant des heurs comme si il s'agissait d'un Rembrandt ;)

    Tschüss et continue de kiffer la vive :)

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  2. Ahahahah! comment tu as deviné Ayo? Tu as l'esprit clair et limpide!
    Bon courage à toi, travailleur immigré, à un poste de sous-fifre devant se plier aux ordres d'un chef egocentrique!
    a plus!

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