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Thursday, June 13, 2013

Vous avez dit logement à Ouagadougou ? La course contre la montre ...

Je ne pouvais pas ne pas dédicacer un post sur le logement après toutes mes aventures !

Après ces vacances bien méritées, me voilà de retour dans la capitale.

Vitre avant du camion Kamzaka
Manque de chance, le propriétaire de la maison dans laquelle je vis a décidé subitement après les élections municipales qu’il a remportées (il est du CDP, le parti de Blaise Compaoré), de construire dans la cour où je suis installée, et donc de me mettre à la porte ... en moins d’une semaine !
Il faut savoir que ce même parti politique en place au gouvernement depuis le 4 août 1987, a voté il y a à peine quelques mois une loi obligeant les propriétaires à déloger leurs locataires avec un préavis de 3 mois ... Je vous laisse donc faire le décompte et nous verrons que nous sommes bien loin du compte !

Le Nescafé de Ouaga au kiosque,
l'incontournable
Je suis plutôt contente de laisser ce propriétaire, capable de me réveiller au milieu de la nuit par des coups de feu parce qu’il poursuit un chat pour le tuer et le manger ensuite avec ses employés, ou de me parler en me pointant le laser du viseur de son arme sur le corps sans s’en rendre compte. Et je ne parle pas des prostituées de moins de 20 ans qui défilaient tous les soirs alors que sa dernière femme habite juste derrière...

Malgré tout, çà me fait un petit pincement au cœur, car je me suis habituée à ma maison, au voisinage, j’ai pris mes habitudes tout ca tout ca, mais bon, c’est la vie !
Pour ce qui est de la recherche d’un logement et du déménagement à la burkinabè, je vais tenter de vous imager du mieux possible les situations rocambolesques que j’ai pu vivre jusqu’au bout.

Pour commencer mes recherches, je me suis adressée à mes amis autour de moi, pour me faire expliquer comment ça marche ici. Il faut savoir qu’à part dans le « quartier des blancs » à Ouaga 2000, et dans la zone du bois, où les expatriés se concentrent, il n’existe pas d’agences immobilières comme on en a chez nous. 

Ici ce sont des « démarcheurs » comme on les appelle, qui sillonnent un quartier de la ville déterminé, et notent les numéros de téléphone peints sur les murs des maisons vides, questionnent les habitants dans les cours, et écoute le bouche à oreille.
Ma nouvelle chambre
Ils notent alors ça dans un petit carnet qu’ils gardent précieusement dans la poche de leur chemise, et lorsque tu les contactes par le bouche à oreille, ils le consultent et te listent les offres.

Voilà donc ma mission : trouver les deux démarcheurs pour les zones de Kologh-Naaba et Cité An 3, et leur demander s’ils ont quelque chose à me proposer ne dépassant pas 50 000 FCFA par mois dans leurs quartiers. 
Pour les trouver, il faut connaître quelqu’un qui les connait, donc tourner pendant plusieurs heures sous le soleil, de kiosque en kiosque, de maquis en maquis, de cours en cours, jusqu’à tomber sur son numéro de téléphone ou le démarcheur lui même sirotant un Nescafé, une clope au bec, à l’ombre d’un tout petit kiosque de quartier.

La cuisine
Puis, j’enfourche la moto derrière le démarcheur, et c’est parti pour de loooooongues heures à errer de cour en cour, à demander les propriétaires qui tardent chaque fois à venir, à chercher les clefs pour visiter ... Tout cela, rémunéré à 2000 FCFA la visite, qu’il faut donc multiplier et que le démarcheur se met dans la poche ... En plus des intérêts qu’il prend ensuite sur l’accord entre le propriétaire et son locataire : c’est donc international, mais simplement moins au noir chez nous !! :D

J’ai donc passé tout mon vendredi après-midi, mon samedi jusqu’à très tard le soir et mon dimanche après-midi, alors que Didac reprenait l’avion et que j’aurais aimé être avec lui, et tout mon lundi, dernier jour pour trouver, car je dois rendre les clefs le soir-même... RIEN RIEN RIEN !! Je commence sérieusement à me demander si je vais trouver ... 18 :00 : ENFIN !! L’Imam du quartier de Widin (Kologh-Naaba), me loue sans loyer d’avance et sans caution, un trois pièces dans sa cour familiale, pour seulement 35 000 FCFA, charges non-comprises.

La terrasse
Seul hic : la maison sert de débarras, de garage à vélos, et d’abris pour le bétail (il y a un troupeau de moutons qui vit avec nous dans la cour), sans porte, sans clef, et sans électricité ... et il me faut y dormir la nuit ! 
Branle bas de combat, la famille range, lave et ordonne jusqu’à 22 :00 les lieux, pendant que je repars en direction de mon ancienne maison et de Kamzaka, pour récupérer mes affaires et trouver un matelas pour passer la nuit. 

Il fait nuit noire quand j’obtiens le camion du centre, un « France-au-revoir » comme ils disent ici, pour aller jusque là bas et revenir. Pour vous décrire le camion : la vitre avant, comme dans la majorité des véhicules ici, est fendue sur tout un côté avec l’impact d’on ne sait quel objet. 
La portière passager ne ferme pas à tous les coups, et parfois il faut la tenir avec un fil qu’on accroche à un endroit qui permet d’empêcher l’ouverture trop brutale en pleine circulation. 
Ma nouvelle salle de bain-WC
(le trou à droite pour les besoins, le banc pour
déposer ce dont tu as besoin pour te doucher)
La porte coulissante à l’arrière où les enfants peuvent s’asseoir sur les banquettes est elle aussi cassée, et reste parfois ouverte tout le trajet. Et bien sûr, petite touche finale, il faut pousser 1 fois sur deux pour que ca démarre ... Comme le jour de mon arrivée dans le pays, devant l’aéroport à 2 :30 du matin ! :D
C’est en pleine tempête de sable que nous sommes arrivés au centre. Les enfants, dans la poussière qui fouette le corps et remplit la bouche et Amidou, le surveillant de nuit, nous ont aidé, Mexicain, le chauffeur et moi, à transporter deux matelas (dont un sur le toit, qui est tombé au bout de quelques mètres et s’est mis à voler dans tous les sens ! :D).

Puis, direction mon « ancien » chez-moi. Pas d’adieux aux lieux, car pas le temps : toutes mes affaires ne sont pas non plus ramassées, car j’ai passé 3 jours à visiter et travailler, sans avoir le temps de tout finir. Je remplis des sacs plastiques de ce qu’il reste, je fais un tas à l’entrée, et on ait la chaîne dans la tempête et le vent. Au moins, il y a encore l’électricité !

Je ne voulais pas rendre tout son loyer (30 000 FCFA) à mon propriétaire qui m’avait mis dans un beau pétrin ! 
Terrasse, porte d'entrée, fils électriques ...
Comme d’habitude, il fait le prince, assis sur des chaises sur sa terrasse protégée du vent et boit tranquillement un thé en nous regardant nous activer. Je m’approche et avec un large sourire, je lui tends 20 000 FCFA. Il me regarde, et je lui réponds : le reste, je l’ai donné aux démarcheurs et au nouveau propriétaire. Il ne peut qu’accepter, face à tous ses amis politiciens du coin, qui regardent la scène. « D’accord, ya pas de problème ! » me répond-il... 
Ici, quand tu es en « conflit » avec quelqu’un, s’il n’est pas d’accord mais ne veut ou ne peut rien dire, « ya pas de problème / yellekabé (traduction en mooré) » traduit son état d’esprit. C’est le cœur léger, mais un peu mélancolique, que je lui rends ses clefs, en vidant en même temps le frigo des restes qui m’appartiennent, dans le stress du départ, les autres patientant déjà à l’extérieur.

Ma nouvelle pièce à vivre, avant.
Voila ! la porte se referme, et c’est une nouvelle qui s’ouvre ! 
On repart rapidement vers ma nouvelle demeure en croisant les doigts pour que le ménage ait été fait, et que les bidons Total, les vélos, outils de menuiserie, échelles, planches ... aient disparu, pour que je puisse dormir avec un toit sur la tête. Ouf ! C’est bon ! seul problème, il n’y a pas de serrure et d’électricité, au moins jusqu’au lendemain ! je dors donc sur mes objets de valeur (ordi, portables , argent, sac à main, etc.) dans une chaleur étouffante sans ventilateur, mais je ne dors pas dehors !!!
Le lendemain, après une très courte et mauvaise nuit, c’est l’épisode électricité et serrure... Encore une aventure ! J’ai dû rester toute la journée à la maison, sans même pouvoir aller faire des courses, pour surveiller mes affaires et l’attendre ... Il doit revenir demain... Nouvelle nuit sans serrure, mais au moins cette fois, il y a une porte !

Ma nouvelle pièce à vivre, après.
L’électricité, quant à elle, est rétablie, et je suis branchée sur le compteur du « vieux » (on appelle comme ça les anciens ici), par une installation ... à couper le souffle ! Un petit fil traverse l’arbre devant ma porte, enroulé ensuite autour d’une branche, un vieux clou le fait tenir sur le mur, et il virevolte ensuite, pendu à ce qui se trouve sur son passage, jusqu’à la maison du vieux, plus loin dans la cour.

Nous sommes une 15aine de personnes à partager la cour qui fait environ 20 m2 : la famille de l’Imam (ses deux femmes et sa mère, trèssssss âgée), leurs enfants (trois garçons et une fille)et petits enfants (4 enfants, allant de 3 ans à 12 ans). L’un d’eux est couturier et son atelier est dans notre cour. Puis nous sommes trois locataires éparpillés autour : un célibataire un peu coincé, une femme seule de 35 ans environs célibataire au caractère bien trempé, et moi . eheheh !

Nos compagnons quotidiens
C’est toujours animé, avec les poules et leurs petits, les moutons (et leurs bébés qui viennent de naître), les enfants qui crient pour le bain et jouent bruyamment, le couturier qui joue du balafon à ses heures perdues et les femmes qui discutent vivement des histoires du quartier et des prix des condiments de base et du gaz qui ont augmenté. Sur la droite, le robinet et la grosse barrique servant à recueillir le précieux liquide pour toute la cour : nos douches, la lessive, la vaisselle, les bouilloires (qui servent à aller aux toilettes, sortes de bouilloires en plastique coloré), et toutes les autres activités de chacun. Il suffit d’y prendre l’eau à l’aide d’un récipient en plastique et de remplir son seau. 
Au milieu, le linge, pagnes de toutes les couleurs, habits pour bébés et chemises pour les hommes, est étendu sur toute la longueur de la cour, à hauteur d’homme, obligeant celui qui veut passer à se baisser et passer la main à travers pour se frayer un chemin. Je me sens bien dans cette ambiance, où la solitude ne peut jamais nous gagner, mais où chacun vaque à ses occupations. 

Le camion de Kamzaka au démarrage
Mes amis, qui se trouvent pour beaucoup dans le quartier, viennent me rendre visite régulièrement, et les soirées sur ma petite terrasse ou dans ma pièce à vivre, sont toujours animées !

Voilà pour le moment, il me reste tant à raconter encore, mais je suis vraiment très occupée ces derniers temps, et je continuerai donc au prochain épisode, ce weekend j’espère, sur mon quotidien, ma moto fraîchement acquise, mes soirées inoubliables, et des anecdotes plutôt surprenantes !


A très vite !

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