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Wednesday, May 15, 2013

Route vers le Sud, et la fraîcheur du Pays des Djoula

Le 30 avril, Didac est arrivé à Ouagadougou ... à 30 degrés de plus que ce qu’il fait à Hambourg ! :-) L’adaptation n’est pas facile ! Après les deux premières nuits, son dos et sa capacité à supporter la chaleur commencent à prendre le pli.

Paysage de route, vendeur de viande
Comme je me doutais que cela serait difficile, et parce que moi aussi je voudrais fuir un moment les températures, la pollution et la poussière de Ouaga, j’ai donc décidé de nous organiser un p’tit voyage à Bobo Dioulasso, deuxième ville et capitale économique du pays, et à Banfora, au sud du pays. C’est une zone qui garde un climat plus doux, comme celui de la Côte d’Ivoire, car non loin de la frontière (50 km environ).

Départ lundi dernier pour 7 jours de périple, et ce n’était pas gagné d’avance ! Après avoir demandé à Catherine et une autre connaissance, j’avais deux pieds à terre, un sur Bobo et l’autre à Banfora ... Manque de chance, le dimanche soir tout est tombé à l’eau (c’est normal ici, rien n’est vraiment sûr jusqu’à ce que cela se passe !)... 

Je commence à croire aux génies africains, car au moment où nous n’avions plus de plan et que nous longions la place des Nations, Idrissa, un ami qui vend des bronzes et des antiquités, nous klaxonne sur sa moto et nous propose de nous ramener en échange d’un plein d’essence car il n’en a plus. Pas de problème, nous voilà à trois sur sa moto en direction de chez moi. Sur le trajet, je lui raconte la galère, et il me répond qu’il est de Bobo, et que sa maison est vide pour le moment. Il n’a qu’à nous donner les clés de chez lui, et on peut y aller. Il va contacter son petit frère qui est sur place, qui nous arrangera tout, et qui en plus ... est guide touristique ! Yes !!!!

Les clefs en poche, nous voilà donc partis en autocar (Rakieta, une des compagnies les plus sûres, avec la clim en prime !), pour 5h de route vers le sud. 
Les paysages verdissent au fil des kilomètres pour devenir franchement différents de ce que je côtoie depuis le début de mon stage à Ouaga. De l’herbe verte, des arbres fleuris, des manguiers qui croulent sous le poids des fruits, une toute autre ambiance. 
Au loin, des femmes courbées ramassent les mauvaises herbes, tandis que d’autres arrosent les champs de feuilles et de céréales de toutes sortes à l’aide d’un arrosoir géant qu’elles portent à bout de bras. Une fois l’au de l’arrosoir vide, elles se dirigent lentement, sous le soleil, vers un puit creusé dans le sol et dont le contour est délimité par un pneu de tracteur. Agenouillées au bord du gouffre, elles hissent à la sueur de leur front une barrique faite d’un bidon d’essence jaune, vert ou rouge coupé en deux, pour remplir, petit à petit leur arrosoir et renouveler leurs gestes encore et encore. Assise dans le bus, sous le climatiseur, mes yeux se perdent au loin et la chair de poule recouvre ma peau... Comment puis-je me permettre de m’attarder sur des futilités de mon quotidien sans prêter plus attention à ce qui m’entoure ?
Rizière, enfants gardant les boeufs

Bien sûr, il ne faut comparer que le comparable, mais l’esprit prend parfois le dessus sur la moralité et me traverse durant quelques instants.

Kiosque (cafétéria) de bord de route

Le bus est une expérience intense dans le pays. Même si nous avons choisi une compagnie « de confiance », le trajet (d’environ 5h) n’est pas de tout repos !
Tout d’abord, au regard de l’état des routes : entre Kokologho et Boromo, en direction du Sud, une « double voie » se limitant à une seule voie, ponctuée de nids de poule de la taille d’un fessier d’hippopotame obligent les véhicules en tout genres à éviter les creux et les bosses du mieux possible. Tout cela crée un chaos accentué du bruit des klaxons pour prévenir d’un dépassement en 3ème fil par le bus d’un semi-remorque lui même en plein dépassement d’une moto à trois roues... Et en face, un vélo tente d’éviter cela en roulant sur la terre rouge bordant le goudron, levant ainsi un nuage de poussière.

Arrivée en gare de Boromo, seul arrêt entre Ouaga et Bobo. Lorsqu’un bus entre dans la gare routière, c’est l’émoi. Des dizaines de femmes aux pagnes colorés accourent de tous côtés, des plats et récipients de toutes les tailles vissés sur la tête. Il suffit alors de passer la tête ou la main par la fenêtre du car pour accéder à des aliments et boissons en tous genres : bananes, sandwichs à l’avocat et à la tomate, brochettes de volaille ou de porc aux épices, viande de soja, biscuits au sésame, bissap, zom-koom, œufs durs, pommes, mangues, jus de fruits de toutes espèces, sachets d’eau, arachides caramélisées, pains de toutes tailles ... Une vague de couleurs, d’odeurs, mais surtout de cris, à celle qui donnera le prix le plus imbattable et qui vendra le plus de produits en moins de 10 minutes de pause. Un autre bus arrive en gare, et tout le monde court à nouveau vers de nouveaux clients, oubliant parfois de finir ce qu’elles ont commencé. Des tabourets, aménagés pour l’occasion par les vendeuses de sandwichs aux œufs et aux épices, sont soulevés en un rien de temps, et une dizaine de récipients traversent ainsi la gare de part en part pour se retrouver face à une nouvelle porte de bus, tout cela sans casse !



Après 5h dans le bus bondé à tenter de ranger nos genoux comme on peut, nous voilà enfin en gare de Bobo. Et Salif, le petit frère d’Idrissa, est déjà là à nous attendre. En deux temps trois mouvements, après récupération du sac en soute, au milieu des motos, cartons de bouffe ou de vaisselle, sacs de riz, de mil ou d’autres céréales inconnues, et de bien d’autres étranges marchandises, nous voilà hors de la gare. Une horde de vendeurs ambulants attaque encore : cartes de crédit pour le téléphone, ceintures, tee-shirts, cigarettes, bonbons ... Ouf ! Quelques petites galipettes et nous voilà en négociations avec le taxi vert « France au revoir » qui nous emmène chez notre ami pour 300/300 (ici, on répète toujours les prix : 100/100, 200/200 ..., peut être le moyen d’être sûr que tout le monde s’est bien compris ?).

Arrivés à la maison, dans une cour d’environ 20 m2 partagées par une dizaine de familles, à l’ombre des deux arbres centenaires entre lesquels pendent les centaines de vêtements fraîchement lessivés dans la rivière, nous sautons sur les fauteuils dans le petit appartement de notre hôte. 1ère étape réussie ! Les voisins nous regardent d'un oeil inquisiteur ... Qui sont ces étrangers ? Il va nous falloir les apprivoiser et leur prouver que nous ne sommes pas là pour perturber leur quotidien. La voisine d’en face, que nous saluons,

A lire attentivement!
esquisse un sourire et nous dit quelques mots en Djoula, la langue de l’ethnie allant du nord de la Côte d’Ivoire, au Sud du Burkina. Après plusieurs sourire et signes de tête, elle fait mine de nous accepter et laisse ses enfants venir nous regarder de plus près.

Ce n’est pas fini ! Nous voilà repartis, en compagnie de notre guide, le petit Salif, pour une visite de la ville pour l’après-midi : la mosquée puis la vieille ville.


Suite au prochain épisode !


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