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Tuesday, December 3, 2013

Retour en Terres Ouagalaises, Professeur de rien

Après deux mois intenses de retour en Europe, voilà que je repose les pieds en terres burkinabè le 7 octobre 2013 pour de nouvelles aventures. Et oui, quand ca nous prend, impossible de se décoller le moustique qui nous pique en venant ici !
Bref, cette fois, l’expérience est très différente ! Me voilà donc professeur d’anglais et de français dans un petit lycée de Gounghin, pour des élèves de 6ème et 5ème (oui, ici on appelle lycée tout le cursus de la sixième à la terminale).
En parallèle, je suis stagiaire au sein de l’association ACMUR (Association Clown Marionnettes dans nos Rues), en tant qu’administratrice de projet pour le Festival Rendez Vous Chez Nous 2014. Ces deux expériences m’apportent énormément, et je compte bien vous en faire partager quelques moments, entre interculturalité, échanges, fous rires, incompréhensions, prises de consciences, remises en questions et humanité.

Pour commencer, la rentrée au lycée T. Ilboudo de Gounghin. Une chance inouïe, j’habite au siège de l’association, qui, par le plus pur des hasards se trouve à ... 500 mètres du lycée ! Je peux donc me rendre d’un endroit à l’autre sans problèmes de transport, en toute tranquillité. Le rêve !

Premier jour, la Nassara (blanche) débarque. Les regards interrogateurs des élèves et des professeurs... On a pas l’habitude de ça par ici ! Et en plus, elle rentre dans les bureaux de l’administration ! Bizarre, bizarre !
Je me retrouve donc avec la directrice des études qui me donne mon emploi du temps et m’explique que les cours commencent pour moi ... Demain ! :D
Pas de souci ! Et les livres ? Et les programmes ? Et mes collègues ? Bon, on va tenter de se débrouiller comme on peut. Elle me tend un livre de français et me dit gentiment : c’est déjà pas mal pour commencer, non ? ... Mmmm, oui, allez hop ! Mieux vaut ça que rien ! 
Les secrétaires rient, elles voient que je suis un peu perdue et ça déclenche des crises de rires. Bon, je vais rentrer préparer tout ca ! Je n’ai absolument aucune idée de ce qui m’attend, du nombre d’élèves, de l’organisation administrative, etc. Juste le livre et ma bonne volonté ! Je repars sous le regard des élèves, qui tentent de savoir la raison de ma présence...
Hop ! Au réveil, branle bas de combat, à l’attaque de ma classe et de cette rentrée pas comme les autres pour moi ! Je passe par le bureau des secrétaires qui se trouve à l’entrée de l’établissement, et je me renseigne : Y-a-t-il une liste de mes élèves ? Oui, oui, vous ne l’avez toujours pas ? Ben ... Non ... Elle me la tend, et je commence à compter 1, 2, 3, 4, 5 ... 40 pour les 6èmes, puis 1, 2, 3, 4, 5 ... 49 pour les 5èmes ... Ah, d’accord, oui, bon, ca fait du monde ! :D Moi qui vient de ma petite France qui ne dépasse pas les 30/32 par classe et on s’en plaint !

Les têtes se tournent vers moi dès mon entrée dans la cour et me suivent jusqu’à mon entrée en classe... Puis ce sont mes élèves qui se tournent et tombent des nues... ( ???) C’est elle ? C’est une nassara ! A yaa nassara ! ahahahah !
"Levez-vous ! Bonjour, je suis votre nouvelle professeur de français ! Nous allons faire les présentations !"
Les rires fusent, ils sont impatients de savoir à qui ils ont à faire, et moi aussi !

Je commence déjà à repérer les cas qui risquent de me poser problème. Ils crient du fond de la classe « Madame ! Je veux venir en France avec vous ! » « Madame ! Le Burkina est meilleur au foot !! »... Eheheheh ! 

Je sors la liste de mon sac et commence à appeler les noms en tentant de ne pas les écorcher, ce qui est difficile, puisque très peu ressemblent aux noms français. C’est rires sur rire... Surtout qu’entre les Ouedraogo Fadilatou, Ouedraogo Fatoumata, Ouedraogo Fatilatou, Ouedraogo Rabiatou, Ouedraogo Faouziatou, Ouedraogo Latifatou et j’en passe, je vais avoir du mal à faire la différence ! Ahahah !
Après cela, les présentations de chacun. On prend une feuille et on écrit son nom, prénom, âge, et ce qu’on souhaite faire plus tard. Ils sont interloqués : « On comprend pas Madame ! » « C’est simple, une feuille, et vous écrivez tout ça ! » « C’est bizarre ... ». Bon, finalement ça marche ! Après ça, j’accepte certaines questions sur la ville d’où je viens, et je tente une France dessinée au tableau... Mouais... Ca ira ! On replace quelques villes tant bien que mal, même si pour beaucoup Paris se trouve à Marseille et après avoir effacé toutes les zones d’ombre me concernant, nous pouvons commencer les leçons !


La suite au prochain épisode, entre fous rires et prises de tête ! ;)

Saturday, November 23, 2013

Abidjan, petite visite de la ville

Vue de la maison de Clem
Ce qui frappe lorsqu’on arrive dans cette capitale, c’est son contraste avec les capitales du reste de la sous-région. Ouagadougou et ses 4 routes goudronnées n’est pas prête de rivaliser avec Abidjan, ses écrans publicitaires à la new yorkaise, ses ponts, routes et ses voitures en pagaille. 
Je vais tenter, par mes mots, de vous expliquer mon ressenti, et de vous faire visiter les modestes recoins que nous avons pu arpenter. 

Tout d’abord, le quartier où Clémentine, mon hôte, habite : Marcory Remblais (dis-moi si je me trompe poulette !). 
Un quartier populaire au sud-est de la ville, logé sur une île qui se rejoint par un pont. C’est aussi la particularité de la ville, on ne sait plus si on est sur une île, sur le continent, si on est à gauche ou à droite de la lagune, même si on connaît à peu près les quartiers après quelques jours. A l’est de ce quartier se trouve Koumassi, quartier lui aussi populaire en bord de mer.
Une voisine qui cuisine

Lorsqu’on arrive « au quartier », on découvre des immeubles de 4 à 6 étages, reliés par des ruelles qui s’enfoncent dans le ventre de la zone. Comme à chaque fois, il ne faut pas se perdre, parce que les noms de rue ce n’est pas le dada de tout le monde ici non plus, même si cela est moins marqué qu’à Ouagadougou. Les vendeuses d’atiéké sont alignées, les unes à côté des autres et hèlent les passants (surtout lorsqu’ils sont tubabs), en tentant de crier plus fort que les klaxons répétitifs des taxis. Après avoir salué le boutiquier du bas de l’immeuble, on escalade les marches du bâtiment, salués par les trois poules qui couvent devant la porte d’entrée. A chaque étage, c’est comme un petit quartier. Tout le monde se connaît, se salue, échange, même si tout est séparé par des grilles. C’est comme les boutiques, ici on y rentre pas, comme à Ouaga. Je l’ai appris à mon insu, en essayant d’ouvrir la grille d’un commerçant qui s’est mis à hurler en me demandant pourquoi j’essayais de fracturer sa porte. Ca, c’est à cause de la guerre et des affrontements, pour ne pas se faire tout cambrioler.

                Le quartier est vivant, il y a de nombreux maquis, et de quoi manger tous les 2 mètres environ : poulet, poisson, atiéké, foufou, et j’en passe ! Un défilé de plats qu’on aimerait goûter à chaque fois, bercés des odeurs qui s’en échappe à notre passage, prenant même le dessus sur les odeurs d’échappements de la rue. Lorsqu’on marche un peu, on arrive au Marché de Marcory, un immense bâtiment, comme un stade de foot (c’est ce que j’ai cru au premier coup d’oeil !), sous lequel des centaines de commerçants, organisés par secteurs, partage l’espace en serrant leurs étalages les uns aux autres pour gagner de la place. Lorsqu’on entre, on trouve d’abord les vendeurs de chinoiseries (tous les gadgets inutiles importés par les asiatiques, très présents sur le continent), puis les vêtements et les chaussures ainsi que les accessoires de beauté. Ensuite, on s’enfonce encore un peu plus, happés par l’obscurité, pour arriver aux vendeurs de tissus, de souvenirs artisanaux, etc. Plus loin, ce sont les légumes, les condiments comme on appelle ca ici : épices, herbes, piments, tout ce qu’on ajoute dans les préparations de base pour y mettre du goût. 
Ca sent bon et mauvais en même temps, suivant que l’on se trouve face au poisson séché ou aux salades et concombres. Après cela, boucherie et poissonnerie. Le lieu où l’on a pas trop envie de s’attarder, à la vue des millions de mouches et à l’odeur âcre qui s’insinue dans nos narines. 
Enfin, les savons, les produits ménagers et tous les ustensiles de cuisine et pour la maison. Ca pend dans tous les sens, et certains entassent les objets, comme une montagne qui est sur le point de s’écrouler, mais qui tiendra encore 1000 ans avant de penser le faire.
Vendeuse de tissus au Marché Treichville
Arrivés de l’autre côté, à nouveau à la lumière, retour aux tissus colorés que je ne peux m’empêcher de fouiller avec Clémentine, emportant 4 pagnes pour me faire coudre des vêtements. On s’y fait prendre à chaque fois !

Lorsqu’on passe le Pont du Général De Gaulle, on se retrouve en Europe. Même les pharmacies ressemblent à celle que nous avons dans nos villes et villages français, avec la croix verte qui clignote. Ah oui, ici, contrairement à Ouaga, il n’y a pas de coupures de courant. Seulement certaines coupures d’eau qui se gèrent en stockant dans des seaux pour pouvoir se laver et faire la cuisine quand le robinet ne fonctionne pas. Bref, les pharmacies, c’est vraiment fou ! A Ouaga, tu as plus l’impression de te trouver dans un dépôt pharmaceutique, avec quelques étagères et des cartons sur le sol, alors que là, j’ai l’impression d’être à Valence, chez moi en France, et de rentrer dans la pharmacie qui fait l'angle de chez ma mère ! Et ils ne sont jamais en rupture de stock, t’obligeant, à Ouaga, à te faire 6 pharmacies pour trouver ton produit.
Petite pause midi au marché

La circulation est très dense, il n’y a pas autant de motos qu’au Burkina, et cela pose de gros problèmes de trafic, les feux n’étant pas plus respectés que dans le pays voisin ! EN compagnie de Clément, nous avons pu remonter les boulevards et flâner dans les alentours de l’Institut Français d’Abidjan où j’avais rendez vous avec France Volontaire et quelqu’un de l’IF pour tenter de me dégoter un nouvel emploi ou un stage. Il y a des trottoirs, des boutiques plus ou moins luxueuses, et même des gens pressés, ce qu’on ne trouve pas au Burkina ou dans le quartier Marcory. On sent qu’on a changé d’ambiance !

Vue depuis Blockhauss sur les
quartiers riches
Un des nombreux soirs de fiesta en compagnie de Clémentine mais aussi de Justine, une autre compatriote de Master, nous sommes allés dans le quartier où la fête bat le plus son plein. Eh oui ! Si on va à Abidjan, on doit y faire la fête, c’est la capitale du coupé décalé, et un centre important de reggae men renommés ! Le quartier s’appelle Blockhauss (prononcé : blokoss) et se trouve exactement en face de l’île où se trouve Marcory, en bord de lagune. Après être sortis du goudron, nous nous enfonçons dans le noir dans un quartier populaire, pour déboucher sur une ruelle ultra animée. Là, nous entrons dans un des bars, un bar reggae, où nous nous amusons comme des fous juqu’à tard dans la nuit. Un autre soir, c’est le bar d’à côté, ambiance coupé décalé, qui a fait l’objet du choix, avec sa multitude d’étudiants bourrés, les uns déguisés en filles, les autres en garçons, et qui nous ont attrapés, tous autant que nous étions, pour nous faire virevolter au son des musiques à la mode (Arafat et ses compatriotes). Bref, d’excellents moments à ne pas rater dans la capitale !

Un autre quartier pour sortir, Cocody, mais là, c’est nettement plus bourgeois, et nous y sommes nettement moins à notre aise... Même si nous y avons aussi dansé jusqu’à pas d’heure !
Le foufou
Treichville, un autre quartier à ne pas manquer, surtout son marché, une vraie caverne d’Ali Baba ! C’est le quartier où travaille Clémentine, et j’y suis allée flâner et me perdre plusieurs fois pour y découvrir une zone populaire où les gens vivent tranquillement, au gré du vent, nettement plus présent qu’à Ouaga. Ben oui ! On est en bord d’océan ! :D Ici, c’est un quartier de pêcheurs, et on y trouve d’excellents poissons ! Comme je ne suis pas très pêche, j’opterais plutôt pour un bon poulet !
Cette expérience ivoirienne m’a apporté encore énormément. J’ai appris, vu, senti, ressenti, encore de nouvelles sensations, rencontré encore de nouvelles personnes, toutes plus sympathiques les unes que les autres, et certains de ces moments resteront gravés dans ma mémoire.

Merci à toi, Clémentine, de m’y avoir accueillie, de m’avoir servi de guide et de maman durant tout le séjour, et de m’avoir enseigné comment ouvrir une noix de coco en deux leçons au beau milieu de ton salon, avec toute la grâce d’une femme Cro-Magnon. Merci aussi à Bamba, grand handballeur national et son cadeau aux couleurs ivoiriennes que je m’amuse à porter dans les rues de Ouaga.
J’espère vous avoir offert un petit voyage (sur)réaliste en terres ivoiriennes à votre goût, au travers de mes modestes yeux de toubab.


Et maintenant, Tchou Tchou !!! C’est le retour en train pour 36h dans l’autre sens, avec pour voisin un militaire ivoirien au grand cœur, et une troupe de femmes de caractère qui ont animé le wagon du départ à l’arrivée !






Friday, November 22, 2013

Grand Bassam, paradis entre histoire et présent

Départ tôt ce matin pour Grand-Bassam, en taxi-brousse surnommés ici « woro-woro », depuis Abidjan. 
ancienne maison coloniale
transformée en maquis
Les gars, pressés de remplir leurs camionnettes, hèlent tous les passants dans la rue et négocient serré pour obtenir un pourcentage. 

Une fois que tout le monde est bourré dedans, on claque la porte, deux coups sur la portière, et c’est le départ dans un nuage noir d’échappements.
Super ! Après avoir négocié notre montée au carrefour « Grand Bassam », c’est à dire celui où tous les woro-woro pour cette destination sont stationnés, en attendant de se remplir le ventre et de filer sur la voie, nous voilà montés ! En plus, chanceux ! Au fond, près de la fenêtre pour respirer un peu, avec le paysage qui défile devant nos yeux.

Toutes les 10 minutes environs, un flot monte et un flot descend, comme une musique, un refrain bien huilé qu’eux seuls peuvent comprendre. Pour nous, c’est comme une chanson en langue étrangère que tu entends, qui te plaît, mais dont les paroles t’échappent. Pour finir, tu connais les rythmes et quelques intonations, mais ca te suffit pour la fredonner. Il suffit simplement de le transposer et vous capterez sûrement ce que nous avons vécu et vivons ici.
Entre passé et présent
Après un défilé de palmiers, des bouts de vue sur l’océan, et un goudron tout droit longeant un immense terrain militaire, nous voilà à Grand-Bassam.

Cette ville est étrange. Entre paradis et fantômes, elle sent bon l’océan imprégné d’une odeur âcre de murs en ruines, mangés par les plantes grimpantes, tristes vestiges de la colonisation.
Nous voilà donc partis à pieds, à l’aide d’un guide touristique inutile, ou plutôt si, il nous aide à nous perdre dans le dédale de rues de la ville, avant de comprendre ... que la carte est à l’envers ! :D

Perdus au pied d’un phare abandonné, où des enfants jouent à pousser des pneus de bicyclette, ou, pour les plus studieux, étudient à l’ombre de la tour, nous continuons le voyage dans le passé.
Escargots à l'ivoirienne!
Au détour d’une rue, nous rencontrons des habitants, tous enfermés dans le doux souvenir des temps heureux, précédant les deux crises consécutives de 2006 et 2011. « Ici y’avait plein de toubabs ! (les blancs) On en voyait tous les jours ! Mais ils ont fuit, ils ont peur, ils croient qu’on se bat encore ici. Pourtant tu vois comme c’est tranquille, non ? Il faut aller leur dire ! Nous on aime les blancs ! ». Il rit, bien sûr, on sait ce qu’il veut sous-entendre : c’est de l’argent qui rentre. Et il a raison !
Si les gens savaient ce qu’ils ratent à ne pas aller y faire un tour !

A force de demander notre route à tout le monde et de se perdre (ou pas !), nous apprenons qu’il faut passer le pont pour aller dans le quartier « français » où se trouvent tous les vestiges et les lieux touristiques. Nous montons donc dans un taxi orange, chauffeur rasta et musique reggae à fond, qui, parlant sans s’arrêter, nous raconte un peu la ville. Comme la faim nous guette, il nous dépose devant le restaurant qu’il dit être le meilleur pour les fruits de mer, et repart dans un crissement de pneus.

L’endroit est calme. Situé sur la lagune, la terrasse est reposante. Personne. Seul un couple non marié est assis à une table voisine, et le serveur, qui ne comprend rien à ce qu’on lui demande, nous amène les plats petit à petit. Nous avons décidé de goûter : escargots de Côte d’Ivoire (énormes !!!! En brochette, de couleur noir, de la taille de deux doigts de mon grand-père côtes à côtes, ils trempent dans une excellente sauce tomate aux oignons), crevettes, poisson, presque impossible de finir, mais tellement bon !

Après un p’tit café, nous repartons à la conquête du quartier, intrigués par ces bâtisses de l’ère coloniale, dont la couleur des murs s’efface. On distingue légèrement le contour des portes, le bleu des volets, le rosé des murs. Le temps les effacent doucement, prenant ses aises et laissant au visiteur la possibilité d’entrevoir encore ce passé peu glorieux.
L'ancien théâtre

En nous faufilant dans ces rues, nous tombons face à ce qui ressemble à un ancien théâtre. En face, une petite baraque, devant laquelle un rasta fait sa lessive. A notre passage, il lève les yeux, et, étonné de nous voir, il s’approche:
« Ca va les amis ? Besoin d’un guide ? ». 
Nous sommes méfiants. En règle générale, ils te guident pour finalement te demander de l’argent que tu n’as pas... 
« Non, non, ca va, non merci ! »
« Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas d’argent, juste raconter ma ville ! ». 
Dans ce cas ... 
« C’est quoi ce bâtiment ? »
« Un ancien théâtre, comme vous le disiez. Il y avait même un étage et c’était bourré ! Mais comme y’avait pas les moyens, on a pas retapé ! En face, ici, c’était un cinéma. Jusqu’à il n’y a pas très longtemps, on y projetait encore des films, mais c’est fini. Avec la guerre, tout ca, on l’a laissé à l’abandon. 
Et comme ya plus les touristes, sauf vous, ben ... On a pas voulu y mettre l’argent. Ils préfèrent le bouffer ! ».
Vestiges fantômes de Grand Bassam


Après avoir papoté encore quelques instants, sur le passé et surtout le futur (il ne perd pas l’espoir de revoir un jour les touristes affluer avant sa mort) nous le remercions et continuons notre route, le laissant avec son linge.

Arrivés à un croisement, ou des jeunes sont assis, sur leurs motos, discutant à l’ombre d’un vieux bâtiment, une vieille nous accoste en hurlant. 
« Tubabu !!! Hey !! Tubabu !!! Faut m’acheter mes caramel, là, c’est moi même je les fait !!! ». 
Les enfants s'esclaffent sur les photos
Arrivée sur nous, tous les regards sont tournés dans notre direction, et les sourires commencent à se dessiner sur le visage des gens. Elle commence, toujours en criant, à nous dire ce qu’elle pense de la colonisation et de la guerre, et surtout des jeunes qui traînent dans le coin et qui n’ont plus d’emploi. Je lui paye des caramels, en plus c’est vrai qu’ils sont bons. 
Un des jeunes s’approche alors, un peu timide et nous propose de nous accompagner pour visiter le coin. 

On se regarde avec Clément : Oui ou non ? Allez... Ok ! Nous voilà partis tous les trois, et c’est un conte qu’il nous raconte. Nous voyageons dans le temps, son père était domestique pour l’une de ces famille, et il raconte ses histoire, celles de son père et les siennes, avec son regard d’enfant. Nous passons de maison en maison, escaladons les ruines, passons des portes qui ne se voient pas, montons des escaliers prêts à tomber pour admirer des vues imprenables sur la ville, accompagnés par une troupe d'enfants qui s'amusent à imiter des pas de danse que j'improvise et qui hurlent de rire à la vue de leurs visages dans l'appareil photo de Clément.

fumoir à poissons
Nous finissons sur la plage, traversant le lieu où sont fumés les poissons. C’est noir de suie et les hommes et femmes qui y travaillent en sont aussi recouverts. L’odeur qui s’en échappe est un mélange entre le feu de randonnée, de celui de cheminée quand on l’allume et qu’une épaisse fumée blanche nous étouffe, et celle du poisson frais et grillé. Etrange mélange. Et nous, blancs comme neige, visibles à des kilomètres au milieu de ces couleurs sombres.

La plage ... A perte de vue. Les barques des pêcheurs retournées, ou attendant leur prochain départ quotidien à la recherche de poissons. Assis dedans, des enfants réparent les filets en chantant, ou courent pour jouer aux pirates. Le drapeau ivoirien flotte à l’avant, dans la lumière descendante de fin d’après-midi. Sur un coup de tête, nous décidons de nous enfoncer dans l’eau. Mais pas trop loin, c’est dangereux ! Brrr, la fraîcheur, ca fait du bien. 


Plage de Grand Bassam
Puis, nous retournons à notre visite : la statue en hommage à la sainte du coin, très important pour notre guide, puis les grands hôtels ... Ca fait peur ! Ce décalage ! Nous finissons par la prison, à côté de laquelle nous buvons une bière. Notre guide est malade, il ne peut rien manger ni boire depuis deux semaines. Lorsqu’il nous explique, c’est un ulcère. Et son médecin qui ne fait rien. Il a perdu 10 kg. 
Clément lui prescrit certains médicaments qu’il doit absolument prendre, et nous le laissons, après qu’il hèle un taxi pour nous, avec un peu d’argent pour le remercier et acheter ses médicaments.
Barques sur la plage, Grand Bassam
C’est le retour, nous arrivons à la gare des woro-woro, où nous prenons un lipton avec les employés, que nous aidons à remplir le van en les imitant. Grâce à cela, nous finissons accompagnateurs du chauffeur, assis sur la banquette avant. La classe !!!

Arrivés sur Abidjan, nous trouvons, sans nous perdre, le chemin de la maison. Là, Clémentine et Bamba nous attendent, inquiets de nous voir revenir si tard. Oups ! Nous avions oublié de les prévenir et nos portables ne fonctionnaient pas. Finalement, nous finissons autour d’un poulet sauté et de plusieurs Bocks qui nous permettent d’aller au lit en toute sérénité.



A DEMAIN !

Enfants sur la plage
jouant avec les photos

Friday, November 1, 2013

Abidjan, capitale d’Afrique de l’Ouest et Assinie Mafia, paradis perdu.

Le taxi
Des immeubles, du bitume, un accent moins prononcés, voilà ce qui différencie Abidjan de Ouagadougou au premier regard. Et le bruit, celui des klaxons des taxis qui pensent que les gens ne les remarquent pas et qui ont développé ce toc.

Nous sommes arrivés avec la nuit. Premiers contacts dans le taxi, où, sur le tableau de bord, il est inscrit « la vraie beauté d’une femme c’est le cœur », ou encore « qui parle de moi perd son temps ». De quoi nous mettre dans l’ambiance !

Et nous voilà partis pour 10 jours de folie abidjanaise, au pays du coupé décalé et des plus grands reggae men d’Afrique de l’Ouest.

Assinie Mafia, première étape. Petite ville portuaire et anciennement balnéaire, lieu culte du tournage des « Bronzés », le coin a été déserté par les touristes suite aux crises de 2006 et 2011. C’est aussi la ville d’Alpha Blondy, à laquelle il a donné une chanson (Assinie Mafia).

Départ dans le petit 4x4 d’un ami de Clémentine, à travers les champs, les cocotiers et la verdure luxuriante, jusqu’à cette lagune, où nous attendent des amis « chez maman ».
L’accueil est chaleureux, et c’est le cas de le dire : on nous sert un verre de Koutoukou, boisson locale de Côte d’Ivoire, une sorte de vin (trèèèèèèèèèèèès fort !!!) fait à partir de ronier, de palmier et de raphia. 

Le genre de boisson qui t’assoit parterre, mais qu’on te sert dès que le verre est vide ! Sous 35 degrés, je vois le visage de Clément rougir, et l’un de nos hôtes finit même par s’écrouler du banc sur lequel il est assis, créant une crise de fou rire général. Requinqués, nous voilà embarqués sur les barques, pour rejoindre l’autre côté de la lagune pour aller y déguster du poisson grillé accompagné de frites et d’alocos (à l’huile de palme !!! ;-) petit clin d’oeil à Clémentine qui se reconnaîtra !).
Badaboum! Les effets du Koutoukou
Avec leurs longues perches qu’ils enfoncent habilement dans l’eau, les piroguiers nous transportent en silence de l’autre côté de la berge. 

L’eau ne frémit qu’au contact des perches et de la proue de notre embarcation.

Au bout, une plage paradisiaque s’offre à nos yeux. Le Golfe de Guinée à perte de vue, du sable blanc, des cocotiers, et des barques aux couleurs bleues et vertes qui sèchent sur la berge sur lesquelles les enfants jouent aux pirates armés de morceaux de bois récoltés sur le sable. 
Au loin, des couples marchent et des pêcheurs jouent aux cartes, assis sur des cagettes.

Après un excellent repas à l’ombre des arbres, petite trempette pas trop loin, car les courants sont extrêmement dangereux à cette époque de l’année.

Maman
Puis, nous partons en balade à travers la forêt de palmiers, au milieu de laquelle la végétation nous offre des couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres. Calme, paix et tranquillité.

Ce qui choque, ce sont ces complexes hôteliers qui bordent la plage, piscines bleues turquoise ... Tous vides, en attente d’un retour des touristes qui se font rares ces temps ci. Une impression de bout du monde. La guerre n’est plus là, mais les séquelles peinent à disparaître.


Le Koutoukou
Après ça ? Retour au maquis pour finir en beauté autour d’un ... voire deux, voire trois, voire ... hips ... Koutoukou !

Cette nuit là, nous avons bien dormis, bercés par le son des vagues et les effluves de Koutoukou au gingembre qui tourneboulent dans notre estomac.

retour en barque


Wednesday, October 9, 2013

Le train Ouagadougou-Abidjan, 36h de découvertes et de rencontres

Départ de Ouaga, par la fenêtre
Difficile à décrire, les sensations de ce voyage à travers tout le Burkina et d’un bout à l’autre de la Côte d’Ivoire. 
Paysages depuis la porte du train
C’est tout d’abord des gens, beaucoup de gens. Ce sont les familles, qui ont préparé des victuailles pour toute la marmaille, les femmes cuisinant dans le train. Ce sont les films burkinabè dont l’humour ne s’approche en rien du notre, joués sur des plans statiques face à la caméra. C’est la voiture-bar, jouxtée à notre wagon, remplis d’hommes et de jeunes femmes qui remédient à leur soif par des tournées générales à répétitions. Ce sont nos voisins, qui font tous connaissances. C’est aussi la solidarité.
Puis il y a aussi les vendeurs/vendeuses à chaque arrêt en gare, proposant des produits du coin, fruits bizarres en tous genres, gâteaux, jus, sucreries (sodas), cigarettes, mais aussi toutes sortes d’objets « utiles », chinoiseries et autres.

Paysages depuis la porte du train
Les portes donnant sur l’extérieur ne sont jamais fermées. Un garde sur sa chaise en plastique ou sa caisse en bois les surveille, échangeant avec son collègue contrôleur. Nous avons pu y retrouver Abou, avec qui nous passons une partie du trajet assis entre 4 portes, cheveux au vent, perdus au milieu de nulle part, au son des broussailles abondante qui frottent la carrosserie et laissent des feuilles à nos pieds sur le passage. Les paysages sont à couper le souffle. Parfois un groupe d’enfants se met à courir à nos trousses, criant « bouteilles, bouteilles, bouteilles ... » sur des kilomètres, jusqu’à ce que quelqu’un décide enfin de lacer sa bouteille vide par la fenêtre. Ils s’en emparent et arrêtent enfin de courir. Les femmes, un panier rempli de nourriture prend le relais à la gare suivante.

Le trajet c’est aussi la frontière, à 2h du matin, après avoir partagé bouteille de rouge premier prix vendue au bar sur bouteille de vin rouge. Ce sont ces familles, assises sur des nattes au milieu des rails durant plusieurs heures, dans l’espoir d’obtenir le droit de passer. C’est aussi cette file indienne que nous suivons hors du train, après que l’on nous ait retiré nos passeports dans les wagons.
Ambiance au bar du train (3h00 du matin)
« On va où ? Ils vont nous les rendre ? » sont les questions qui traversent nos esprit embrumés par le mauvais vin.

Assis les uns sur les autres sous une paillote de moins d’un mètre de hauteur, recouverte de palmes, en pleine nuit, nous attendons nos tampons.
Un officier s’approche, tirant une chaise qui lui sert ensuite de bureau pour tremper son tampon dans l’encre et crier les noms inscrits sur les passeports. Ouf ! Etape passée après 1h30 d’attente !

Réflexion ...
On remonte dans le train, laissant sur les rails ces dizaines de personnes qui devront attendre le prochain train pour imaginer passer la frontière... C’est le cœur lourd que nous les regardons s’éloigner et se transformer en ombres à la lueur des rares lampes de la gare.

Entre pauses dodos au son des amplis mal réglées crachant les dialogues des séries à l’eau de rose burkinabè et fête à 25 dans un wagon-bar de la taille d’une Clio, nous finissons par atteindre, enfin, Abidjan !!! Avec seulement 2h de retard ! Yes ! Après avoir salué tous ces gens rencontrés au fil des pauses sur les quais, des repas et des bières partagés, nous prenons le taxi en compagnie de Abou, qui nous aide à rejoindre notre point de rendez-vous avec Clémentine, collègue du master de Chambéry qui effectue son stage ici. Elle prend ensuite la relève, et nous emmène jusque chez elle, dans un quartier populaire de la ville.

Nous échangeons autour de quelques bières avant d’aller nous affaler dans le lit pour récupérer. Les 10 jours sur place s’annoncent bien ! :)

Compagnon de voyage
(à suivre...)

Un départ pour la Côte d’Ivoire plein de rebondissements!

Après plusieurs mois d’absence et de mouvements internationaux, me voilà à nouveau face à l’écran pour vous faire partager un quotidien d’autre bout du monde. Non non, le palu n'a pas eu raison de moi!!

Après quelques épisodes difficiles pouvant bouleverser une vie, une petite escapade s’imposait en ce chaud mois de juin.

Notre train en gare d'Abidjan
Nous voilà donc partis, Clément, un autre expat' perdu au fin fond de l’Afrique et moi-même pour un voyage inoubliable en plein coeur de l’Afrique de l’Ouest.
Tout d’abord, remettons un peu d’ordre. Il nous a fallu passer par la case visas, qui n’est pas la moins ardue des étapes !

Première étape : trouver le « service passeport » comme ils l’appellent ici. « Le service quoi ? », « Connais pas ! », étaient les réponses que nous avons reçu le premier jour en parcourant les rues de Ouaga sur ma moto après avoir compris plus ou moins dans quelle partie (Gonghin) de la ville il se trouvait ... Durant ce trajet infernal et interminable que nous voulions terminer avant la fermeture des administrations burkinabè, l’épisode « photos d’identité » ... Une prise de bec haute en couleurs avec le Môsieur des photos, qui veut nous faire payer ... fois le prix réel !! Ras-le-bol d’être les « blancs de service ». Après être sortis rouges de fureur et ... sans photos de ce labo, nous enfourchons à nouveau notre bécane, et essayons d’autres possibilités. Enfin ! C’est fait !

Sous un soleil de plomb, nous trouvons enfin ce satané service. Mais rien n’est gagné pour autant ! Aurions-nous oublié les méandres administratives, traces de notre colonialisme occidentalisant à moitié fait ? Il faut tout d’abord passer par la secrétaire monocorde, comme un enregistreur rayé, qui répond à toute question par « attendez dehors ! ». « Mais Madame ... Suis-je au bon service ? » (... silence...) « attendez dehors ! ». Tout çà, pour que une demi heure plus tard, on nous apprenne que ... Ce n’est pas le bon service ! Gé-nial !
Allez hop ! C’est reparti ! Ah ... Les bureaux ont fermé ... « Fallait vous renseigner plus tôt ! »... Nous rentrons donc bredouilles ...

Deuxième étape : Retour le lundi (eh oui, c’était vendredi !), armés de courage et de volonté !
Et il en fallait ! Lorsque nous pénétrons dans la salle réservée aux visas, où des grilles séparent les bureaux de l’entrée aux murs bleus, l’homme en charge de nous recevoir ... A les blancs en horreur, surtout ... S’ils sont français ! C’est bien notre veine ! Nous faisons d’abord comme si nous ne l’avions pas remarqué, mais les choses s’enveniment vite : il m’envoie en vadrouille aux 4 coins de la ville pour des photos, pendant qu’il insulte Clément qui peine à garder son calme, utilisant des termes allant de « colonisateurs », à « c’est difficile d’obtenir un visa pour chez vous, donc je vais vous rendre difficile l’obtention du votre ». A mon retour : « c’est trop tard, nous avons fermé la caisse ! ». 
La moutarde nous monte au nez ! Il faut arrêter de nous faire tourner en bourrique ! On veut bien passer par certains préjugés, mais il arrive un moment où il faut arrêter ! Après avoir crié dans la salle que c’est du racisme (chose à laquelle on me répond « ahahaha ! ca n’existe pas les racistes noirs ! »), et par refuser de quitter les lieux sans avoir de garantie d’obtenir les visas avant notre départ (trois jours plus tard), le chef finit par arriver et me convaincre de repasser le lendemain, que tout serait arrangé.

Troisième étape : Le mardi ! Après le travail, nous courons au service pour pouvoir y déposer enfin notre demande. Le directeur, devant ses collègues, a décidé subitement de prendre la « défense » de son salarié. Il se met alors à nous aboyer dessus, à nous dire que nous ne l’aurons pas, que les blancs ne commandent pas, etc.

Au sortir de la salle, où le chargé des passeports ricane suite à la prise de position de son supérieur, nous voilà face à un dilemme : suivre le chemin de la « légalité », ou bien faire marcher notre réseau et passer par la « hérarchie supérieure »... A vomir ... Obligés de se corrompre, même dans une moindre mesure. Sur les conseils de Clément, je finis par appeler un ami, fils du Premier Ministre. Il me donne alors le nom du chef de service, et nous dit de prendre rendez-vous en usant du nom de sa mère, grande avocate du pays. Gulp ! Nous obéissons et finissons par obtenir ce rendez-vous. 
Pas question de descendre ces deux hurluberlus devant lui, on ne sait jamais qui serait passé devant. Nous inversons donc la technique, en expliquant que parfois certaines personnes ne sont pas faites pour s’entendre, mais que cela n’est pas grave, qu’il faut simplement éviter les conflits, blablabla.

Le lendemain après-midi ... Nos passeports sont là, le visa accepté. Notre "ami", vert de rage, nous fait attendre tout de même, mais cela nous est égal, nous savons que ça va !
Abou, la force tranquille
Quatrième étape : Nous fonçons droit sur la gare de trains pour obtenir un billet pour ... Le lendemain matin ! A savoir qu’ici, il faut s’y prendre au moins une à deux semaines à l’avance pour obtenir un billet dans ce train... Arrivés devant la gare : la voilà fermée ! Ce tordu de préposé aux passeports le savait, il a fait exprès ... La pluie, torrentielle, se met à tomber. 
C’est le pompon ! Je commence à me taper la tête contre mon guidon, pendant que Clément dit que tout est fini. 
Et là, Ô grande surprise, Abou, grand noir costaud, fait son apparition. Il travaille en tant que contrôleur pour la compagnie des trains. Avec un de ses amis présent aussi, ils nous garantissent un ticket pour demain. Il suffit de venir le matin vers 7 :00, le train démarrant vers 9 :00. Pas de problème, nous n’avons rien à perdre !
La moto refuse de démarrer... Abou, la force tranquille, comme je le surnomme maintenant, ce qui le fait rire de sa voix profonde et douce, s’approche de moi. « Doucement, ta moto est gâtée, il faut être doux, elle a besoin de calme. Regarde. » Il appuie sur la pédale de démarrage tranquillement, et accélère doucement, la faisant ronfler comme un bébé. « Voilà, faites attention, avec la pluie vous pourriez vous faire mal ». 
Un ange descendu du ciel (oui oui, on commence à y croire dans ces moments là! ;D) juste pour nous aider au moment où nos nerfs sont sur le point de lâcher.

Le lendemain matin, 6 :15, le téléphone de Clément retenti : vite vite ! Il faut venir à la gare, il ne reste que deux places !! Branle bas de combat, nous voilà sur le pied de guerre ! Impossible de tout mettre sur la moto, Clément emmène ses affaires pour l’Europe, car il a décidé de décoller depuis Abidjan. Je fonce en moto pendant qu’il se débrouille de négocier un taxi !

Clément et Karim, nos billets en main!
A la gare, c’est l’émoi ! Des centaines de personnes et des milliers de bagages, empilés dans tous les sens, dans un brouhaha incroyable. Je finis par retrouver Karim, qui m’aide à négocier une place de parking pour ma moto dans le parking des employés, car pas le choix. Puis, en dépassant des 10aines de personnes agglutinées les unes sur les autres sur des bancs, parterres ... Nous nous approchons du comptoir pour récupérer les tickets. La dame nous les avait bel et bien réservés, on ne s’est pas moqué de nous, et en plus, ce sont vraiment les derniers ! Ouf ! Une fois nos billets en mains, c’est le rêve ! Ouiiiiiiiiiiiiiii !! Nous avons réussi, après toutes ces épreuves !

Nous sommes très entourés pour prendre le train. Lorsque nous arrivons sur le quai, je demande à Karim « tu sais, hier, nous avons rencontré un super mec avec toi. La force tranquille. Ce serait tellement bien de le revoir, nous avons oublié de le remercier ! » «  Mais c’est Abou, il prend le même train que vous, il y est contrôleur, je vous le présente ! ». 
Paf ! Abou apparait, sortant du dernier wagon. Quelle coïncidence ! Nous promettons de nous retrouver dans le train.

C’est l’heure de grimper, nous nous hissons sur les marches plus hautes les unes que les autres et arrivons à nos sièges, en première classe, attention !

Pour ceux qui souhaiteraient effectuer le trajet, un grand conseil : prenez la première classe si vous voulez dormir et bénéficier d’un « vrai » siège. La classe ordinaire n’est pas horrible, mais ce sont des bancs en plastique, assis par 6, et un bruit constant et incroyable durant 36h de trajet ! Au moins, nous avions un minimum de calme (même si la super télé dernière génération encadenassée dans un placard en fer a le volume à fond : ça fait bien ici !), une clim marchant quand elle le veut, faisant passer les températures de 20 à 40 en quelques minutes et assez de sécurité pour dormir « tranquillement » !

Thursday, July 4, 2013

Lulu a le palu

Bonjour Bonjour!

Juste histoire de rassurer tout le monde sur mon état de santé et pour vous donner quelques petits détails, un mini-post pour un maxi-palu.

Tout d'abord, quelques petits chiffres et brèves explications:
-  225 millions de personnes malades dans le monde chaque année
- 70% des cas en Afrique Subsaharienne
- 780 000 décès environ par an
- Transmis par les moustiques femelles lorsqu'elles piquent à la tombée de la nuit
- Il n'existe pas de vaccin à l'heure actuelle contre le paludisme, seulement des préventions: répulsifs, moustiquaires, prise de comprimés préventifs (pour les expats surtout) ...

Ma chambre
Le weekend dernier, comme prévu, j'ai demandé mes jours de repos le samedi et le dimanche au lieu du dimanche lundi, pour aller à Nazinga, un parc naturel situé à 50 km au Nord de Pô en allant vers la frontière Ghanéenne (c'est à la frontière). Objet du prochain mini-post, c'est promis!

Bref, à mon retour le dimanche vers 15h, je suis allée à l’hippodrome, comme tous les dimanches, pour assister aux courses de mes amis. Tout allait plutôt bien, même si je me sentais fatiguée, comme après une semaine chargée comme celle que j'avais vécue.
Le soir, je décide tout de même de me coucher vers 20:30, car je me sens un peu patraque.

C'est cette nuit là, ... Je serais incapable de vous donner l'heure, je délirais déjà à moitié ... la fièvre a commencé son ascension. Pour s'ajouter à cela, une coupure de courant plutôt longue empéchait mon ventilo de tourner, et c'était donc sous une chaleur écrasante, que je me suis mise à transpirer-grelotter-transpirer ...
Après avoir réussi a extraire les plaquettes de paracétamol de leur boîte, impossible de les ouvrir: plus aucune force... Vers 6:00 du matin, un de mes amis et ma voisine que j'avais réussi à appeler en luttant avec mon portable, sont venus et mo glissé les comprimés dans la bouche. Après vérification au thermomètre, ma température avait enfin baissé pour atteindre (seulement!) 39,8°C .
Le parcours du combattant à Ouaga

Le palu est connu "pour faire des vagues", c'est-à-dire qu'on ne se sent pas trop mal le matin et qu'on est aux portes de la mort en fin de journée.
J'ai donc pu grimper sur ma moto, conduite par Salif, pour aller en direction du dispensaire dans lequel mon chef est laborantin. Le test de la goutte épaisse (on te pique le doigt et on dépose le sang sur une languette) a donné un résultat négatif, mais en prévention mon chef m'a tout de même donné des anti-palu, car ce test ne détecte pas tous les palus (ça, je ne l'ai su qu'après!).

Après être rentrée, toujours impossible d'avaler quoique ce soit, malgré les efforts à me mettre des cuillères de riz blanc dans la bouche. En milieu d'après-midi, après avoir pourtant pris les médicaments, la fièvre a décidé de continuer à monter ... Passé la barre des 40°C, je commencais sérieusement à ne plus en pouvoir. Mon ami Rasta a donc décidé de m'emmener à la clinique. J'ai donc appelé, dans cet état, Inter Mutuelle Assistance pour leur demander l'établissement conventionné: conseil à tous les voyageurs s'expatriant dans des pays à risque, ne faites pas comme moi: renseignez-vous DES VOTRE ARRIVEE auprès de l'IMA ou de votre assurance du nom des établissements, parce que cela devient vraiment compliqué avec 40 de fièvre...
Après m'être informée, direction la Clinique Notre-Dame de la Paix. Problème: ici, jamais d'adresse, pas de noms de rues, et impossible de les joindre au téléphone. Rasta a fait le tour de ses contacts pour qu'on lui indique finalement Gonghin (Sud-Ouest de la ville), puis de là, la Cathédrale Notre-Dame de Ouaga, (en centre-ville), puis enfin Tanghin (Nord-Est). Je vous mets la carte de mon trajet en moto (puis taxi à partir de la cathédrale, j'ai failli tomber de la moto tellement je ne tenais plus) avec plus de 40 de fièvre pour vous donner une idée. En tout: 17 km de trajet ...
Arrivée au guichet de la clinique, je n'ai pu qu'articuler "une consultation s'il vous plaît, je suis malade". On m'a donc allongée sur un lit, sur lequel je me suis endormie tout de suite en grelottant malgré les 35 degrés habituels du pays.

On m'a tout de suite mise sous perfusion de paracétamol, de quinine et autres antibiotiques, ma température ayant atteint 40,5 degrés.

Repas de roi
Deux nuits à la clinique, dont la première à vomir mes tripes et à aller aux toilettes toutes les 20 minutes, et la deuxième à lutter contre les effets de la quinine qui font bourdonner les oreilles au point qu'on se croirait sur une autoroute un premier jour de vacances... Tout cela, accrochées à la perfusion, pendue à une barre qui ne peut se déplacer qu'en la soulevant.
Malgré tout, j'ai été aux petits soins. Dans un pays comme le Burkina où les conditions de prise en charge sanitaire sont extrêmement mauvaises, j'ai même eu droit à deux repas dans la journée, et attention, pas comme chez nous made in Sodexo. De la VRAIE bouffe! Et des médecins et personnels très accueillants.

Ici, comme il n'y a pas de sonnette dans les chambres ni d'aide-soignant, un "accompagnant" comme on l'appelle, a accès à la chambre de nuit comme de jour, comme dans un moulin. Il veille sur le malade et alerte les infirmières si besoin est.
J'ai été vraiment bien entourée pendant ces 3 jours. Je ne me suis presque jamais sentie seule, et j'ai eu un accompagnant sans le demander les deux nuits, dormant dans un fauteuil à côté du lit à moitié confortable, et assistant à mes séances vomi et autres ...
Durant la journée, ma chambre n'a pas désempli et il y avait toujours minimum deux personnes, pour atteindre jusqu'à 8 personnes à certaines heures. Merci à vous tous, amis burkinabè ou européens!

J'ai fini par sortir le jeudi soir, après de nouvelles analyses, et j'ai pu ré-attaquer le travail en douceur le vendredi, en me reposant tout le weekend.

Maintenant, tout va mieux! Le médecin m'a dit seulement après coup que je n'étais pas passée loin, ce dont je le remercie, les nouvelles et le moral durant ces jours ayant été assez mis à lépreuve. J'ai terminé mon traitement par voie orale hier, et je continue à prendre mes antipaludiques régulièrement, comme je le faisais avant... Même si j'ai du mal à encore y croire ...

Voili voilou! J'espère avoir pu vous rassurer, et vous permettre de mieux comprendre une maladie pour nous plutôt peu connue.

Je me remets doucement avec quelques vomissements par ci par là et quelques vagues de fatigue qui m'apprennent à faire la sieste durant la journée.

A très bientôt!

Tuesday, July 2, 2013

Kamzaka, enfants de la rue de Ouagadougou au quotidien

Comme cela fait un moment, parlons boulot et quotidien!

Enfants du quartier (Marcoussi)
A Kamzaka, mon association d’accueil, les choses avancent de plus en plus. Comme je le dis plus haut dans un de mes articles, je suis arrivée en pleine crise, le centre ayant perdu un de ses plus gros partenaires financier. Ce partenaire est tout ce qu’un humanitaire sensé peut détester : un groupe de bons blancs, (anciens stewards et hôtesses de la plus grande compagnie aérienne française) décide de donner son argent en Afrique ... Mais attention ! A la blanche ! On ne vient qu’une fois par an au centre pour critiquer les locaux et les enfants, on ne s’intéresse surtout pas à la culture locale (çà les ennuie sûrement), et on ne s’écoute que soi-même. 
Parfait dans l’humanitaire, où l’interculturalité prend toute sa dimension ! 
Quand le centre demande certains moyens pour arriver à remplir les tâches de la convention, on lui demande de se débrouiller, tout en refusant les délais trop longs ... Pourtant, internet hors des cybers ici, ben, ca coûte un bras ! Et ils ne demandent qu’une clé internet pour tout le centre (10 000 FCFA soit 15 euros par mois) pour atteindre des objectifs monstres imposés par ce partenaire. Bref, comme nos amis les stewards n’aiment pas ça, ils décident de rompre la convention du jour au lendemain, fin février, après que tous les budgets de tous les autres partenaires potentiels soient clos puisque cela se fait en janvier ... Et la convention stipule que cela doit être fait avant la fin du mois de novembre qui précède... On s’en fout, c’est que des gosses des rues, on est déjà sympas de les aider !! Arghhhhhhhhhhhhhh !
Je suis donc arrivée au milieu de ce remue-ménage avec ma toute petite petite formation.

Voilà donc plusieurs mois que je suis plongée dans le dossier, et que mon poste de recherche de partenaires financiers et techniques prend toute sa dimension. Envoi de dossiers de demandes de subventions dans tous les coins, appels d’offres à gogo, rendez-vous dans tous les bureaux des grosses ONG, de l’ONU et de l’UE et dans les ministères.

Hyacinthe
Il m’a aussi fallu élaborer un budget par enfant pour faire des demandes au niveau des différents partenaires nous ayant confié des enfants. Chacun doit mettre la main à la patte à la hauteur de ses finances qui ne sont pas au top avec la crise de l’euro qui a un impact très important au niveau local, s’ajoutant à la crise malienne qui a cassé les finances du pays et de la population.

De bureau en bureau, de courbette en courbette, de sourire en sourire, les portes s’ouvrent, les solutions se dessinent : nous avons eu un don en nourriture impressionnant dans le cadre de la Semaine des Solidarités de la part de la Société Générale (oui oui la banque !...), notre dossier à l’Unicef est en bonne voie, les partenaires nous prêtent main forte en participant au cas par cas pour chaque enfant placé chez nous en fonction du budget que nous leur avons fourni ... Chacun donne un peu, même si tous les budgets sont serrés. Je vous assure, la solidarité existe encore !

Nous avons aussi pris la décision de remettre tous les enfants dans leurs familles durant la période des vacances pour soulager les finances du centre, mais aussi et surtout, puisque c’est le moto de la structure, pour leur permettre un renouement familial essentiel à leur reconstruction et à leur avenir, puisque notre but est la négociation familiale puis la réinsertion. Les jeunes sont ravis et se préparent déjà. Certains seront réinsérés définitivement et feront leur rentrée scolaire auprès des leurs, d’autres dont les cas sont beaucoup plus compliqués (nous n’avons pas retrouvé la famille, ou bien ils sont orphelins ou encore handicapés et nécessitent un accompagnement spécialisé) reviendront en septembre pour réattaquer l’année.
Les jeunes accueillis au centre ont tous une histoire à faire frissonner, et pourtant ils sont là, malgré tout, à lutter pour leur futur, à essayer de comprendre des mécanismes familiaux, psychologiques, sociaux, hors de la portée de quelqu’un de leur âge. Beaucoup de questions sur leur passé, mais plus particulièrement sur la cause. Pourquoi mes parents ont-ils fait ca ? Suis-je prêt à leur pardonner ? A revenir en famille ? Pourquoi dois-je me construire un avenir, si de toutes manières il n’y en avait déjà pas au départ ? Pourquoi étudier si de toute façon, on ne me laissera aucune chance puisque je ne suis rien dans la société ?

Parfois, certains décident de repartir dans la rue, sur un coup de tête, parce que quoiqu’on en dise, même s’ils paraissent bien plus que leur âge, ils restent des enfants, capables de prendre des décisions irrationnelles, à un moment donné. Depuis mon arrivée, 2 enfants sont partis sans revenir. L’un est à nouveau dans la rue, bien que surveillé de loin, l’autre a été récupéré et sera replacé dans sa famille par l’un de nos partenaires dans les semaines à venir. Les raisons ? Pour l’un, la finale de la Coupe d’Afrique en février, et le retour des Etalons (l’équipe du Burkina) à Ouaga : il voulait les voir et s’est à nouveau fait happer par son ancienne vie. Pour l’autre, le FESPACO (Festival du Film Africain dont Ouaga est la capitale et qui se déroule tous les deux ans ici, un peu comme Cannes pour vous faire une idée) : il voulait voir les acteurs de ses yeux et n’est pas revenu...

Malgré tout, beaucoup de réussites au tableau : les 6 enfants de CM2 inscrits au CEP (Certificat d’Etudes Primaires) qui permet de passer en 6ème (un examen aussi difficile voire plus que le BEPC de fin de 3ème) ont réussi l’examen avec brio et seront donc admis l’an prochain au collège. Et tous sauf un passent au niveau supérieur pour l’année qui vient. L’un des plus vieux (23 ans), quant à lui, termine sa formation en froid et climatisation dans quelques semaines et le don spontané de la part du village en Allemagne d’une de mes amies (merci Christiane et merci à ta soeur !) va nous permettre de financer son installation : il va travailler et habiter seul, l’indépendance !

Sortie à Bangr Weogo, le repas de rois
Parfois, les choses dérapent et la rue refait surface : deux des enfants ayant réussi leur examen de CEP ont été invités la semaine passée à un mariage dans le quartier par des camarades de classe. On leur a payé à manger, à boire, etc. Au moment de repartir au centre, ils sortent et trouvent la voiture de la mariée ouverte... Son sac à main sur la banquette. Sans réfléchir aux conséquences, les voilà partis avec le sac : ils y ont volé ses deux portables et 5000 F (ce qui est une somme très importante ici !), laissant le sac abandonné dans un 6 mètres (on appelle comme ca les rues ici). Mais une vieille femme les a vus et a averti les gens du mariage ... 50 personnes ou plus ont donc débarqué au centre, bâtons, barres de fer à la main, hurlant qu’ils vont brûler le centre, surexcités. L’éducateur présent, ne comprenant pas toute la situation et cherchant à protéger les enfants, s’est donc interposé entre les protestataires et les enfants, tentant de calmer les esprits et d’éviter la catastrophe : ici, si tu voles et qu’on te trouve, on te frappe jusqu’à te tuer, que tu sois mineur ou majeur... C’est lui qu’ils ont donc pris pour cible, le frappant au visage. Heureusement, un homme plus calme que les autres a réussi à calmer l’assemblée. Les enfants, qui avaient confié les portables à un troisième, se sont finalement résignés à les rendre, se rendant compte de la situation... un peu tard ! Les 5000F, quant à eux, avaient disparu et les éducateurs se sont cotisés pour les rendre, jurant que cela venait des enfants. Ouf ! Ils ont fini par repartir, et les choses ont pu être réglées au sein du centre sans dégâts. Afin de leur faire prendre conscience de la gravité de leur acte, les éducateurs ont décidé de demander à leurs familles respectives de payer 2500F chacune pour rembourser. La honte face à la famille qui doit subir leurs actes alors qu’ils savent pertinemment leur situation financière leur sert de leçon. A voir !
Bref, rien n’est facile, rien n’est gagné, mais l’espoir est toujours là et avec beaucoup de patience et de courage, les choses avancent et les comportements changent.

Adiara, éducatrice
Il y a deux semaines, malgré le manque de fonds, j’ai remué les troupes et créé un budget pour une sortie au parc Bangr Weogo (le plus grand parc de la ville, une forêt de brousse en ville !). Il a été accepté par un de nos partenaires, et nous avons pu y emmener les enfants pour un pique-nique géant sous les arbres, avec riz gras, boissons gazeuses (« sucreries » ici ^^) et poulet (un met extrêmement rare dans les assiettes burkinabè car extrêmement cher). On a chanté, joué de la musique, fait des jeux de groupe, et une belle ballade. Bref, de bons souvenirs et des enfants ravis ! Ca remonte le moral et donne la pêche pour avancer !
Niveau projets, nous avons de nombreux dossiers en cours, et je tente de m’activer rapidement pour avoir tout terminé avant la fin de mon stage ! Pour faire court : construction d’un dispensaire pour les enfants et les habitants du quartier avec laboratoire, dépôt pharmaceutique et salle de soins et construction d’un centre de formation de football et centre culturel parmi d’autres. Je bosse dur pour tout réussir, mais c’est vraiment difficile quand on est livré à soi-même pour élaborer un projet de A à Z. Visites, rendez-vous administratifs, recherches à la mairie et la bibliothèque ... C’est très formateur mais plutôt stressant parfois.
Au quotidien, tout se passe bien, et je m’organise plutôt comme je veux même s’il y a beaucoup de boulot ! Matin : 9 :30-12 :30 et après-midi : 13 :00-16/17 :00 avec repas de midi avec les enfants au réfectoire. Ils se sont vraiment habitués à moi et moi à eux, c’est comme une grande famille, avec les sessions jeux après-manger (dames et Uno) et la série « Daniela », série à l’eau de rose sud américaine autorisée par la Commission de contrôle du gouvernement du Burkina Faso.

Sinon, pour ce qui est du transport, depuis que j’ai la moto, les trajets se font vraiment plus faciles et le temps s’est raccourci ce qui me permet de faire plein de choses en plus sans penser à comment je vais trouver un taxi ou quelqu’un pour me ramener. Surtout n’ayez pas peur, je me débrouille très bien et j’ai appris le fonctionnement des vitesses et tutti quanti très rapidement ! Il faut s’habituer à chaque engin sur lequel on monte, mais dans l’ensemble je suis plutôt fière de moi. Parfois quelques petites frayeurs, mais aucun incident majeur à déclarer. Petite anecdote rigolote : j’ai failli me faire renverser par ... Une marmite !!
hier matin. Je roulais tranquillement sur le goudron en centre-ville et je m’apprêtais à doubler (par la droite, c’est comme ca ici !) un taxi-moto (moto à trois roues) qui circulait avec son immense tas de marmites habituel (on se demande toujours comment ca peut tenir ...), mais là, l’une d’entre elles à décidé de se lancer à l’aventure et a dévalé le tas pour rebondir avec fracas sur la route et traverser jusqu’au bord. J’ai à peine eu le temps de freiner et de faire un dérapage pour l’éviter, et elle m’a frôlé la jambe de justesse. Ouf ! Quelques mètres avant et c’était ma tête qui amortissait sa chute ! Plus de peur que de mal, et des moqueries de la part de mes amis qui m’assurent que cela ne peut arriver qu’à moi ... Merci les copains ! :D

Voili voilou pour aujourd’hui, à très très bientôt pour raconter mes aventures à Nazinga, et ... le paludisme qui m’a poussée aux portes de la mort... 
Nindiaré ! (à plus tard !)