Ça fait plusieurs jours maintenant, mais le temps passe si
vite ...
Mardi, nous sommes donc allés visiter le Musée de Manega,
qui raconte toute l’histoire du Burkina depuis le XII ème siècle. Voyage en moto tricycle, sur 50km. De quoi se souvenir du voyage! Une épopée dont mon fessier se souvient, mais quelle rigolade!
Le doyen du
musée, petit-fils du fondateur, nous raconte avec son fort accent Mossi
l’histoire de Ouedraogo, l’étalon de la princesse Yennenga, fondatrice du
royaume Mossi au XIIIème siècle.
Le musée poussiéreux recèle des merveilles de l’histoire du
pays, que l’on se régale à découvrir des lèvres de cet homme, fier de son
passé et de ses origines.
D’un bâtiment à l’autre, d’un habitat traditionnel à
l’autre, il partage avec nous ses talents de conteur. Deux salles m’ont
extrêmement impressionnée : la salle des morts, et celle des masques et
pierres tombales.
Lorsque l’on pénètre dans la salle des masques et pierres
tombales, il est interdit de prononcer un mot, au risque de subir un malheur.
Dans celle des morts, il est obligatoire de se décoiffer et d’entrer à reculons,
les pieds en dernier. Si cela se fait comme cela, c’est qu’un mort sort les
pieds en premier et la tête en dernier, et qu’un vivant se doit donc de faire
l’inverse.
Dans la culture, le noir représente la mort et le blanc la
vie. Pour cela, lors des cérémonies funéraires, le chef porte un habit aux deux
couleurs, et deux masques représentent l’un la vie (blanc) et l’autre la mort
(noir), qu’il faut chasser.
Un homme qui meurt est enroulé dans un tissage de cotonnade,
mais ses pieds doivent rester découverts et visibles, car il est dit que
lorsqu’on meurt, les yeux tombent dans nos pieds, et l’on doit respecter le
mort en ne lui cachant pas la vue. On le dépose à terre hors de sa case, et
l’on tue deux poules : l’une que l’on étrangle (représentation de la mort
naturelle) et l’autre à qui l’on coupe la gorge. Si les poules tombent sur le
ventre, c’est que la personne est morte empoisonnée, et la seconde poule
indique le coupable.
Les fils de chefs de village n’ont pas le droit de manger de
poulet pour cette raison durant toute la vie de leur père. Ce n’est qu’à sa
mort qu’ils pourront le faire. Le guide, fils de chef, l’a expérimenté et a
même vomi la première fois qu’il en a mangé !
Dans leur tombe, les hommes sont couchés sur le côté droit,
et les femmes sur le côté gauche. Ils doivent toujours regarder vers l’ouest,
le coucher du soleil. Il en est de même pour la construction des cases des
différentes femmes d’un homme : toujours construites à gauche de celle de
l’homme, et la dernière femme fait la cuisine pour tout le monde et a le droit
de dormir dans la case de l’homme.
Les tambours sont très importants. Il en existe deux
types :
- Les courts, qui servent à communiquer entre villages.
Sur le retour, nous nous sommes arrêtés en bord de route
dans un village pour y boire le Dolo (boisson fermentée, appelée aussi bière de
Mil) dans une calebasse, pour que la moto à trois roues puisse se reposer et
refroidir un peu, sous ces 45 degrés.
Le soir, les belges m’ont invité à manger des patates douces
a la sauce aux épices préparées par la cuisinière Catherine, qui est un amour.
Ces deux derniers jours, j’ai pu commencer à travailler et
les choses commencent sur les chapeaux de roues ! Je suis en charge de
remplacer un des partenaires essentiel à la survie du centre, qui a laissé
tomber l’asso sans aucun préavis, faute grave, et sans donner de raison. Ils
finançaient essentiellement la nourriture et deux salaires d’éducateurs ... Les
salaires ne sont donc pas versés, et les enfants mangent sur l’argent de mon
chef. Nous ne nous laisserons pas faire ! C’est une grosse responsabilité
qui pèse sur mes épaules et que je n’ai jamais vraiment eu l’occasion d’expérimenter.
J’appréhende mes résultats, car si je n’ai trouvé personne d’ici à juillet, le
centre devra réduire considérablement ses effectifs : il peut accueillir
jusqu’à 60 pensionnaires, il y en a actuellement 35 et cela devrait baisser à
... 6 ! Et bien sûr, le personnel subira le même sort, alors qu’il est lui
aussi extrêmement pauvre. Je travaille donc comme une acharnée (mes collègues
me disent que ma tête risque d’exploser), et je ferai tout pour régler cette
situation au plus vite.
Pour terminer sur une note festive, aujourd’hui c ‘était
la journée de la Femme, et cette fête est très importante au Burkina : c’est
jour férié pour les femmes, et toutes portent le même pagne (le même tissu)
toute la journée. C’était magnifique de les voir toutes comme çà, chacune ayant
décidé d’un modèle différent à son goût.
Nous en avions donc toutes un, et nous nous sommes
retrouvées dans les règles traditionnelles entre femmes : nous sommes
allées dans la cour de Catherine, la cuisinière des belges, où nous avons
retrouvé 7 autres femmes. Nous avons préparé un pique-nique : pommes de
terre frites, 1 poisson grillé (capitaine) par personne et crudités (tomates
salade et concombre). Après avoir tout emballé, nous avons enfourché les motos
et nous sommes allées en file indienne jusqu’à tanguin, au bord des plantations
de feuilles (c’est le nom qu’ils donnent à une plante servant à faire la « sauce
feuilles »), à l’ombre des manguiers dont les fruits commencent à mûrir.
Là, nous avons bu des bières en mangeant toute l’après-midi, et nous avons même
eu la chance de nous promener dans les plantation en bordure du fleuve, de
tirer l’eau des trous creusés dans la terre et d’arroser (tout çà dans nos
tenues du 8 mai !) sous les rires des femmes qui y travaillaient.
Après cette délicieuse après-midi, tradition oblige, nous
sommes allées danser à dos de motos dans un autre quartier de la ville, bondé
de femmes portant les mêmes couleurs. Magique. Une ambiance comme on en trouve
peu chez nous !
Après nous être déhanchées sur la piste, retour à la maison
la tête (et les oreilles !) remplie de musiques africaines qui donnent le
besoin de bouger en rythme.
C’est donc sur cette note musicale que je vous laisse et
vous dis à très vite !
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