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Friday, March 29, 2013

A ma grand-mère, sa joie de vivre et son courage


Cela fait maintenant plus d’un mois que j’ai posé les pieds sur le sol burkinabè, et je continue à découvrir cette étonnante culture.                           (image: quartier de Kologh-Naba, bord du barrage)

La semaine dernière, après avoir passé la semaine sur le dossier pour les financements de l’Union européenne (jusqu’au dimanche tard dans la nuit), je suis allée faire ... Du cheval ! Ici, au Burkina, beaucoup de traditions continuent à se transmettre de générations en générations, et parmi elles la pratique du cheval, que cela soit dompter, voltiger, ou simplement monter. Durant la semaine, nous étions allés boire un verre au Jamaïca, un maquis très connu des rastas de Ouaga qui ne fait que du reggae, et j’ai commencé à discuter avec le DJ. Il m’a alors expliqué qu’il avait deux chevaux, Jamaïca et Africa, et qu’il faisait partie de la (très grande !) famille spécialiste des chevaux à Ouaga. Il m’a donc invitée à aller monter dans les ruelles bondées non-goudronnées du quartier de Kologh-Naba, au milieu des enfants qui jouent aux billes, au pneu (qu’ils transforment en cerceaux et qu’ils suivent en courant), à se bousculer, ou tout simplement qui lisent un livre poussiéreux pour réussir à l’école.
(Image: sur la route de chez moi au travail)
Lorsque je suis arrivée, j’ai d’abord passé deux heures à l’ombre sur une chaise fabriquée à la main en fer et caoutchouc, entourée de rastas écoutant du reggae sur leur portable, afin d’attendre que les températures baissent et que l’air soit plus respirable pour nous et les chevaux. Ensuite, j’ai d’abord monté un étalon noir très caractériel, avec lequel ils m’ont laissée seule pour faire le tour du quartier, en me criant « Yelekabé ! Ne t’inquiète pas, y'a pas de yélé, il connait le chemin ! ». Je n’étais pas trop téméraire au début, puis, après quelques galops non voulus, quelques enfants et jeunes filles effrayés (tout le monde n’a pas l’habitude de se retrouver au coin de la rue face aux narines d’un cheval), j’ai réussi à prendre le dessus et en profiter. A mon retour, j’ai pu partir en balade dans d’autres quartiers en compagnie de Salif, surnommé « Papa », car son grand-père était chef de clan, et qu’il a hérité du même prénom. Les personnes de son clan n’ont pas le droit de prononcer son nom (Salif) et se doivent donc de lui trouver un autre prénom, en général toujours le même pour toutes les ethnies : Papa. Une après-midi super sympa, avant de reprendre le boulot pour travailler à nouveau tard dans la nuit.

Ce weekend, nous avons dit au revoir aux belges qui ont « demandé la route » comme on dit au Burkina (soit « rentrés chez eux »). C’était très étrange, car je m’étais habituée à cette présence européenne à mes côtés, et que dorénavant, je reste la seule blanche à des kilomètres à la ronde. Mais Yélékabé, heureusement je suis maintenant bien entourée et je n’ai pas trop peur de la solitude.

Vendredi soir, nous avons dégusté un super repas au centre Kamzaka avec les enfants (brochettes de soja, riz gras à la viande de porc, « mougoudougous » faits par nos soins et « tchoco », sortes de boules très dures que les enfants cassent contre les murs puis décortiquent avec la bouche pendant des heures : pas bon !), suivi d’une séance de danse coupé-décalé et danses traditionnelles de la part des enfants qui ont le rythme dans la peau et sont meilleurs danseurs que bien des gens chez nous !                                                                          
                                                                                                                            (image: dernier repas chez les belges)
Après çà, pour profiter de cette dernière nuit burkinabè, je suis partie danser le reggae avec Nour, une des belges, dans le centre ville au Jamaïca, et nous avons terminé lorsque le soleil était déjà bien levé, pour rentrer à dos de motos à trois ... Dangereux mais pas le choix ! Et bien sûr ... Panne d’essence ! Ahahahah ! Ici, ils ont une technique assez impressionnante dans le cas où une moto tombe en panne : le chauffeur d’une autre moto qui fonctionne pousse l’arrière de la moto qui ne fonctionne pas avec un pied, pendant que le conducteur de la moto en panne guide l’engin, et çà jusqu’à la station la plus proche. Pendant ce temps,     nous avons continué à pieds en compagnie de Bassirou, un ami de Salif, en suivant le goudron et en chantant du reggae à tue-tête « Jamaïca, Jamaïca, Africa, Africaaaaa ... ! » face au lever du soleil. Une fois rentrées, au dodo ! Et pour ma part, réunion à 10:00 ! Aïe !

Après une sieste de quelques heures l’après midi du samedi allongée sur une natte sur la terrasse devant chez moi à l’ombre de l’arbre à écouter de la musique, je suis allée rejoindre l’homme chargé de véhiculer les bagages des belges de chez eux au goudron (pas loin d’un km de trous et bosses dans le noir). Nous sommes allés chez eux sur son taxi-moto à trois roues, assise sur le rebord de la remorque pour lui indiquer le chemin. (Mon fessier s’en souvient encore !). Après le chargement et la route chaotique, nous avons tout déposé sur le bord du goudron, négocié un taxi pour l’aéroport (2000/2000 fcfa), et enfourné les bagages dans le coffre ... Il y en avait tellement, que le chauffeur a fait tenir çà avec une corde, et qu’ils ont failli en perdre un en route, ahahahah !
Je suis montée derrière Rasta (Thomas), et nous nous sommes retrouvés (après une pause dolo pour rasta et moi), dans le bar devant l’aéroport pour se faire nos adieux. Pas facile, pas les mots, mais tous les gens qui avaient compté étaient là.
Pour éviter la déprime, même si ici personne n’est triste (ou en tout cas, c’est ce qu’ils disent) et personne ne veut exprimer ses sentiments, nous sommes allés danser un peu avec Rasta au son d’un live au Madiba, un autre bar très réputé pour son reggae.

Lundi et mardi, pour mes congés, je suis allée rejoindre Salif, Ami, une amie (eheheh !), Ali (son « petit pompier » comme elle l’appelle, soit « petit copain ») et Moussa, un grand rigolo !
Nous avons passé l’après-midi à boire du thé sur les bords du barrage n°2, dans les « bas-fonds », comme ils disent ici, à l’ombre des manguiers, entourés des chevaux qui paissent dans cette verdure si rare, et de toutes sortes d’animaux. Sur les barrages, les pêcheurs s’activent du matin au soir, les pieds dans l’eau jusqu’à la taille, un chapeau mossi vissé sur la tête, et trempent des paniers qu’ils tirent avec des cordes pour attraper les poissons qu’ils vendent ensuite grillés au bord des routes ... Attention à la cuisson, les barrages servent aussi de décharge et sont gorgés de cadavres humains et animaliers...
                                                                               (image: au bord du barrage n°2, Ami et Ali)
Après cette douce après-midi à somnoler, nous sommes sortis un peu le soir dans les rues de Ouaga à pieds, pour rentrer tôt le matin et dormir chez Ami. Sa maison est composée de deux pièces, elle partage sa cour (son « 6 mètres » comme on dit ici pour parler des regroupements de maisons autour d’une cour), avec 4 autres familles, sans électricité, deux canapés, une natte, un matelas et un réchaud pour cuisiner. Pour se doucher, j’ai pu gouter aux joies du Burkina : une tôle ondulée en guise de trois murs au fond de la cour, pas de toit, et c’est ici qu’on se lave et qu’on se « soulage » comme ils aiment dire ici. Il suffit de recouvrir le trou avec une brique pour ne pas avoir les odeurs pendant la douche, et de porter des « creps » (tongues). Un seau qu’on a tiré du puit, un filet en plastique coloré pour se frotter, un savon, et un gobelet en plastique pour se verser l’eau dessus... Mais ce fut une des meilleures douches de mon voyage : la transpiration de la nuit dans ces pièces surchauffées m’avait lessivée !
(image: près des chevaux et des forgerons, bord du barrage n°2)
Après un Nespresso au kiosque du coin en se racontant les anecdotes de la veille, j’ai sauté dans un taxi vert pour 300/300, direction Bissighin, mon quartier.
J’ai passé le reste de la semaine, jusqu’à aujourd’hui inclus, à travailler beaucoup pour le centre, réunion après réunion, dossier après dossier, pour régler les problèmes de communication et trouver de nouveaux partenaires qui nous permettraient de tenir jusqu’à janvier 2014, début du contrat de financement de 3 ans par l’UE... Mail après mail, lettre après lettre, je commence à récolter des réponses et à les introduire en Excel ...
Petit à petit, l’oiseau fait son nid !

Mardi, je suis allée, en compagnie de Catherine, qui vient faire la cuisine (pour découvrir des plats) et manger avec moi une fois par semaine, au Grand Marché. C’est le « souk » de Ouaga, pour ceux qui connaissent le Maghreb. Un plaisir des yeux, un brouhaha pour les oreilles, et un nez qui se remplit de mille et unes odeurs plus épicées et inconnues les unes que les autres. C’est une sorte de bâtiment, en plein centre, de plusieurs étages, dans lequel tu commences en bas, puis tu montes, tu montes, tu montes, et tu fais le tour d’un dédale de ruelles plus fines et bruyantes les unes que les autres. Mais c’est une telle animation, une telle euphorie, que j’aime m’y plonger.

          (image: étale d'épices au Grand Marché)
J’y ai acheté des pagnes (tissus) pour me faire faire une robe et des pantalons sur mesure par sa soeur. On y a aussi acheté tous les épices nécessaires à la cuisine : piment jaune en poudre, poudre de baobab (« toeira » en mooré), kolgo (boule faites de graines de néré) et potasse pour adoucir les plats et la peau. Dans tout ce chahut, au coin des boucheries, on y a mangé de la bouille de petit mil, avec du beurre fondu et du lait concentré (tout le monde en mange ici) dans un sachet, et j’ai bu du jus de tamarin à tomber parterre en flânant à travers les petites échoppes de tissus colorés et de perles pour les cheveux.                                                  


Mercredi : tressage sous le kiosque, dans la cour de Kamzaka, entourée des enfants et des femmes des alentours qui venaient chacun à leur tour, pour me donner leur avis ... et paracétamol pour dormir un peu : ca tireeeeeeeeeeeeeee !!! Mais le résultat est plutôt pas mal, et niveau « aérations du crâne », je respire !!!

Voilà pour cette chronique un peu plus longue que les autres, j’espère vous avoir fait vivre bilibilfou (un tout petit peu) cette aventure décoiffante !

A très bientôt, bon weekend de Pâques à tous, que je fêterai en bonne burkinabè !

4 comments:

  1. Dans un mois j'arrive :-)
    J'espère que tu vas commencer planifier bientôt ce qu'on va faire.
    Bisoux!!

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  3. Coucou Lucile !
    C'est super ton blog ! Ça l'air d'être une expérience très enrichissante ce que tu es en train de vivre. Profites-en bien et prepare bien l'arrivée de Didac. J'exige qu'il se fasse des tresses aussi ! :)
    Bisous !
    Xavi & Silvia

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    1. merci les amis!!!! c'est une super expérience, qui va certainement me changer (en mieux! eheheh) Bises à vous deux, je vous envoie des rayons de soleil!!! (Je tresserai Didac dans son sommeil!!! ahaha)
      Fins aviat!
      Lucile

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