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Thursday, July 4, 2013

Lulu a le palu

Bonjour Bonjour!

Juste histoire de rassurer tout le monde sur mon état de santé et pour vous donner quelques petits détails, un mini-post pour un maxi-palu.

Tout d'abord, quelques petits chiffres et brèves explications:
-  225 millions de personnes malades dans le monde chaque année
- 70% des cas en Afrique Subsaharienne
- 780 000 décès environ par an
- Transmis par les moustiques femelles lorsqu'elles piquent à la tombée de la nuit
- Il n'existe pas de vaccin à l'heure actuelle contre le paludisme, seulement des préventions: répulsifs, moustiquaires, prise de comprimés préventifs (pour les expats surtout) ...

Ma chambre
Le weekend dernier, comme prévu, j'ai demandé mes jours de repos le samedi et le dimanche au lieu du dimanche lundi, pour aller à Nazinga, un parc naturel situé à 50 km au Nord de Pô en allant vers la frontière Ghanéenne (c'est à la frontière). Objet du prochain mini-post, c'est promis!

Bref, à mon retour le dimanche vers 15h, je suis allée à l’hippodrome, comme tous les dimanches, pour assister aux courses de mes amis. Tout allait plutôt bien, même si je me sentais fatiguée, comme après une semaine chargée comme celle que j'avais vécue.
Le soir, je décide tout de même de me coucher vers 20:30, car je me sens un peu patraque.

C'est cette nuit là, ... Je serais incapable de vous donner l'heure, je délirais déjà à moitié ... la fièvre a commencé son ascension. Pour s'ajouter à cela, une coupure de courant plutôt longue empéchait mon ventilo de tourner, et c'était donc sous une chaleur écrasante, que je me suis mise à transpirer-grelotter-transpirer ...
Après avoir réussi a extraire les plaquettes de paracétamol de leur boîte, impossible de les ouvrir: plus aucune force... Vers 6:00 du matin, un de mes amis et ma voisine que j'avais réussi à appeler en luttant avec mon portable, sont venus et mo glissé les comprimés dans la bouche. Après vérification au thermomètre, ma température avait enfin baissé pour atteindre (seulement!) 39,8°C .
Le parcours du combattant à Ouaga

Le palu est connu "pour faire des vagues", c'est-à-dire qu'on ne se sent pas trop mal le matin et qu'on est aux portes de la mort en fin de journée.
J'ai donc pu grimper sur ma moto, conduite par Salif, pour aller en direction du dispensaire dans lequel mon chef est laborantin. Le test de la goutte épaisse (on te pique le doigt et on dépose le sang sur une languette) a donné un résultat négatif, mais en prévention mon chef m'a tout de même donné des anti-palu, car ce test ne détecte pas tous les palus (ça, je ne l'ai su qu'après!).

Après être rentrée, toujours impossible d'avaler quoique ce soit, malgré les efforts à me mettre des cuillères de riz blanc dans la bouche. En milieu d'après-midi, après avoir pourtant pris les médicaments, la fièvre a décidé de continuer à monter ... Passé la barre des 40°C, je commencais sérieusement à ne plus en pouvoir. Mon ami Rasta a donc décidé de m'emmener à la clinique. J'ai donc appelé, dans cet état, Inter Mutuelle Assistance pour leur demander l'établissement conventionné: conseil à tous les voyageurs s'expatriant dans des pays à risque, ne faites pas comme moi: renseignez-vous DES VOTRE ARRIVEE auprès de l'IMA ou de votre assurance du nom des établissements, parce que cela devient vraiment compliqué avec 40 de fièvre...
Après m'être informée, direction la Clinique Notre-Dame de la Paix. Problème: ici, jamais d'adresse, pas de noms de rues, et impossible de les joindre au téléphone. Rasta a fait le tour de ses contacts pour qu'on lui indique finalement Gonghin (Sud-Ouest de la ville), puis de là, la Cathédrale Notre-Dame de Ouaga, (en centre-ville), puis enfin Tanghin (Nord-Est). Je vous mets la carte de mon trajet en moto (puis taxi à partir de la cathédrale, j'ai failli tomber de la moto tellement je ne tenais plus) avec plus de 40 de fièvre pour vous donner une idée. En tout: 17 km de trajet ...
Arrivée au guichet de la clinique, je n'ai pu qu'articuler "une consultation s'il vous plaît, je suis malade". On m'a donc allongée sur un lit, sur lequel je me suis endormie tout de suite en grelottant malgré les 35 degrés habituels du pays.

On m'a tout de suite mise sous perfusion de paracétamol, de quinine et autres antibiotiques, ma température ayant atteint 40,5 degrés.

Repas de roi
Deux nuits à la clinique, dont la première à vomir mes tripes et à aller aux toilettes toutes les 20 minutes, et la deuxième à lutter contre les effets de la quinine qui font bourdonner les oreilles au point qu'on se croirait sur une autoroute un premier jour de vacances... Tout cela, accrochées à la perfusion, pendue à une barre qui ne peut se déplacer qu'en la soulevant.
Malgré tout, j'ai été aux petits soins. Dans un pays comme le Burkina où les conditions de prise en charge sanitaire sont extrêmement mauvaises, j'ai même eu droit à deux repas dans la journée, et attention, pas comme chez nous made in Sodexo. De la VRAIE bouffe! Et des médecins et personnels très accueillants.

Ici, comme il n'y a pas de sonnette dans les chambres ni d'aide-soignant, un "accompagnant" comme on l'appelle, a accès à la chambre de nuit comme de jour, comme dans un moulin. Il veille sur le malade et alerte les infirmières si besoin est.
J'ai été vraiment bien entourée pendant ces 3 jours. Je ne me suis presque jamais sentie seule, et j'ai eu un accompagnant sans le demander les deux nuits, dormant dans un fauteuil à côté du lit à moitié confortable, et assistant à mes séances vomi et autres ...
Durant la journée, ma chambre n'a pas désempli et il y avait toujours minimum deux personnes, pour atteindre jusqu'à 8 personnes à certaines heures. Merci à vous tous, amis burkinabè ou européens!

J'ai fini par sortir le jeudi soir, après de nouvelles analyses, et j'ai pu ré-attaquer le travail en douceur le vendredi, en me reposant tout le weekend.

Maintenant, tout va mieux! Le médecin m'a dit seulement après coup que je n'étais pas passée loin, ce dont je le remercie, les nouvelles et le moral durant ces jours ayant été assez mis à lépreuve. J'ai terminé mon traitement par voie orale hier, et je continue à prendre mes antipaludiques régulièrement, comme je le faisais avant... Même si j'ai du mal à encore y croire ...

Voili voilou! J'espère avoir pu vous rassurer, et vous permettre de mieux comprendre une maladie pour nous plutôt peu connue.

Je me remets doucement avec quelques vomissements par ci par là et quelques vagues de fatigue qui m'apprennent à faire la sieste durant la journée.

A très bientôt!

4 comments:

  1. Tu es sure que ça va?
    Tu as quand-même une drôle de tête sur la dernière photo.
    J'espère que celle-là c'est la dernière que tu nous fais.
    Gros Bisoux!!

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  2. Coucou poulette !
    Bravo pour ton super palu.
    Désolée de pas avoir laissé de commentaire avant.
    J'ai pensé à toi hier et j'ai trouvé ton saree.
    Remets toi bien.

    Gros bisous de l'Inde !

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    Replies
    1. Merci ptite poulette! désolée du retard de ma réponse!
      Merci pour ton email du jour, ca fait trop plaisirrrrr!! Je te réponds dès que possible!

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  3. Bonjour Lucile! Je découvre ton blog avec plaisir. J'ai 34 ans et je vis en Alsace. Mon chéri est de Bobo-Dioulasso et j'y suis déjà allée pour un séjour de 10 jours fin 2014. J'ai eu l'occasion d'apprécier toutes les couleurs du pays, ai été présentée de maison en maison avec toutes les surprises qui vont avec comme tu l'as si bien expliqué sur ce blog, je ne comprenais pas ce qu'on me disait et on me disait de dire ami ;), et suis devenue aphone pendant la période de l'harmattan, mais pas de palu car j'avais le traitement antipaludéen. Mon chéri aimerait retourner vivre au Burkina dans quelques années, du coup je me pose plein de questions sur la façon dont pourrait se passer une vie au pays. Comment vas-tu? Prends-tu un traitement préventif à certains moments de l'année? Te sens-tu bien prémunie? La prochaine fois que j'irai je pense que j'emmènerai aussi de l'huile essentielle d'origan compact, très efficace parait-il contre le palu! L'huile essentielle se conserve des années et pourrait être utile pour prévenir la maladie, et aider à la guérir. Au plaisir de te suivre! :)

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