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Monday, November 17, 2014

Arrivée à Lomé !

Nous voilà enfin à Lomé !  

Nous avons pu nous reposer, et nous avons ensuite commencé les visites, tout d’abord familiales : les frères et sœurs de John, dans un autre quartier que le sien, mais aussi les lieux importants de la ville.
C’est étrange, il y a vraiment une nette différence entre Lomé et Ouagadougou.

La terre, ici, est grise et noire, et elle est beaucoup plus sableuse. Comme lorsque l’on s’approche de l’eau sur la plage. Et cela colle aux pieds. L’air est beaucoup plus frai et chargé d’humidité. On ne sent pas cette sécheresse dans la gorge comme au Burkina central.

Pour nous rendre en ville, nous avons traversé le campus universitaire. C’est immense ! Les bâtiments se dressent au milieu d’une verdure débordante et contrastent par leur degré reculé d’entretien avec les arbres qui s’élèvent au-dessus des toits.
C’est comme si l’on se promenait à travers champs et que de temps en temps un immeuble bordé de bancs sur lesquels discutent des étudiants apparaissaient. C’est calme et très sauvage et cela fait du bien après le vacarme et la poussière ouagalais.

Nous traversons le centre-ville, passons devant le carrefour de la colombe de la Paix, et nous rendons à Atikoumé pour finir chez sa grande sœur à Ggbonsimé, un quartier populaire doux et calme. Sa grande sœur est un petit bout de femme plein d’énergie. Elle est souriante et entreprenante. Quel dynamisme ! Ca fait plaisir à voir. Elle tient un petit maquis-resto en face de chez elle. Nous sortons une table et des chaises en plastique pour siroter une bière togolaise (la Pils), similaire à la Brakina burkinabè. Il fait bon vivre dans ces moments. Sa fille, âgée de maximum 2 ans nous grimpe sur les genoux et nous montre ses plus beaux sourires.
Ata, le meilleur ami de John, nous rejoint peu de temps après pour partager une autre Pils ensembles.

Nous allons ensuite nous balader dans le quartier avant de rejoindre le quartier pour finir la soirée tranquillement autour d’un bon repas à la maison.
Le soleil tombe et fait rougeoyer la rue qui se transforme en rêve. Du haut de son immeuble, nous sirotons une bière en regardant le monde se coucher. Il est temps d’aller au lit.

Debout ! Me voilà partie pour rencontrer le directeur du Centre Culturel Mytronunya dans le quartier franciscain vers la route nationale numéro 2. John emprunte la moto d’un pote et me dépose devant un portail coloré. A l’intérieur, une large cour, une scène et même un hangar pour s’abriter. C’est le jour des paniers de l’AMAP locale. Des habitants, blancs ou noirs, viennent acheter leurs fruits et légumes en ribambelle. ……….. est un homme simple, marié à une togolaise, qui tente depuis de nombreuses années de développer la culture au travers des activités que le centre propose.
Il est très intéressant, même si je tombe mal et qu’il a beaucoup de choses à faire aujourd’hui. Je suis venue par rapport à mon projet bibliothèque (Koorongo.com), car il a monté une petite bibliothèque dans sa structure. Il me donne de nombreux conseils pratiques qui me seront indispensables pour l’organisation lorsque la bibliothèque ouvrira ses portes (retour des livres, inscription des jeunes, suivi, organisation des livres dans la bibliothèque, etc.). Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité ! ;-) j’ai bien avancé dans ma tête grâce à tous ses conseils.
Après cela, inquiet de me voir reprendre la moto-taxi pour des raisons de sécurité, il décide de me déposer pour que je prenne un « vrai » taxi (une voiture quoi !) pour rejoindre John chez sa sœur.
Bon, il ne faut pas trop se faire languir, non plus ! Le jour suivant, à la plage !!! Difficile de motiver John qui préfèrerait dormir ou somnoler jusqu’à midi à la maison.
C’est magnifique ! Parce que je n’ai pas vu la mer depuis longtemps, certes, mais aussi parce que le spectacle qui s’offre à nos yeux est vraiment beau. Une longue bande de plage qui perd notre regard au loin, au creux d’un virage où l’on aperçoit le port de marchandises. De l’autre côté, impossible de distinguer le bout.

Face à nous, le ciel tombe en se mélangeant au bleu de la mer, et, si l’on plisse un peu les yeux, on aperçoit la silhouette sombre, fantomatique, des navires transportant des centaines de containers en provenance ou en partance d’un autre bout du monde.
En s’approchant du bord, une avancée sur la mer en bois s’effrite, près d’une barque qui sèche sa coque au soleil. « Qu’est-ce que c’est ? » je demande à John. « Les restes de la colonisation… ». « C’est ici que nos ancêtres étaient alignés pour embarquer sur des bateaux en direction de l’Amérique ou de l’Europe. On les conserve pour ne pas oublier leurs souffrances. »

C’est impressionnant, la hauteur, surtout la hauteur. En me hissant sur une des planches qui tient encore le coup, j’ai le vertige. Les vagues qui s’écrasent sous nos pieds, le vacarme que cela fait résonner aux oreilles, l’air qui s’engouffre entre les planches abîmées et qui passent par en bas pour nous rappeler les leçons du lycée sur la gravité. Un vieux est assis au bout de l’embarcadère. Il regarde au loin, la ligne d’horizon. Il n’a pas peur, je me dis, perchée à seulement un mètre du bord. John me propose d’avancer, mais je refuse son offre poliment (hihihihi !).

Après avoir trempé nos pieds dans l’eau au pied de ce morceau d’histoire lourd de souvenirs et pris quelques photos, nous retournons à nos pénates avant d’aller boire un verre en soirée.

Le lendemain, nous avons rendez-vous avec une autre de ses sœurs qui habite dans un autre quartier. C’est le soir, nous partons chacun derrière une moto-taxi… Et voilà que le conducteur, pris d’un élan de confiance en soi, décide de doubler la moto de John, et de foncer dans une direction qui n’a pas l’air d’être la bonne.
Je prends soin de lui expliquer que mis à part le quartier et même le six mètre duquel nous venons, je ne connais pas la ville, donc qu’il ferait mieux de suivre. « Je sais de quel endroit il voulait parler ! Ne t’inquiète pas ! ». Arrivés à « l’endroit », bien sûr, personne ! On attend encore et encore. Je lui répète qu’il aurait dû le suivre, et il commence à perdre patience.
Sans téléphone (pour éviter le vol, j’ai remis mon sac à John), je n’ai qu’une seule solution : remonter sur la moto jusqu’à notre point de départ, pour retrouver l’autre conducteur de moto, pour qu’il m’emmène vers chez John, et dans le cas contraire, que je puisse rentrer à la maison pour l’attendre.

De toutes manières, je ne peux pas payer … C’est dans mon sac ! Nous voilà repartis en sens inverse, avec le conducteur qui continue à pester.
Ouf ! L’autre conducteur est là ! Et attention la branlée verbale qu’il met à son collègue ! Je ne comprends rien, mais la gestuelle est assez explicite ! Il me fait asseoir derrière lui et fonce à l’endroit où il a déposé John.
Lorsque nous atteignons le point de rendez-vous, le visage de John et de sa sœur, tous deux au bord du goudron, se détend. Il souffle un grand coup à ma descente, et discute en mina (la langue locale) avec le chauffeur pour comprendre.

Une fois les esprits calmés, nous payons le gars pour ses deux aller-retours et nous pouvons enfin profiter de la soirée en compagnie de sa famille. Il m’avouera plus tard qu’il commençait à paniquer et qu’il s’imaginait toutes les situations et sa responsabilité. A partir de ce soir-là, il se méfiera de tout le monde et vérifiera tous les conducteurs avant de démarrer.

Avant de repartir vers Ouaga, je profite une dernière fois de la plage, nous marchons le long du rivage sur plusieurs kilomètres et je tente de respirer le plus d’air marin possible pour en profiter plusieurs mois à mon retour.

Le soir, nous allons chez Ata, qui a été là pour moi tout le long de mon séjour, dès que John ne pouvait être présent. Ils ont vraiment été super ! Sa chambre est sur le toit de la maison familiale (en fait, c’est en construction, bientôt ce sera une maison à étage).
La seule lumière est une lumière bleu, qui rend tout irréel. Assis là, nous grignotons des biscuits que sa mère a confectionnés et qu’elle vend dans leur boutique devant la maison en causant de ce voyage et de la beauté de ces rencontres. Après cela, nous allons dans un petit resto du quartier, dans lequel nous partageons une bière et un plat de spaghettis (ils sont meilleurs ici !!).
C’est l’heure des au-revoir pour Ata. Un moment triste mais heureux : nos chemins se sont croisés !

C’est ensuite la lonnnnngue attente pour mon bus TCV (oui, j’ai changé de compagnie après avoir fait scandale à la Rakieta de Lomé pour avoir le remboursement de la moitié de nos tickets… Qu’on a fini par obtenir !).

Nous avons fait tous les maquis possibles, du maquis pour les blancs et sa musique reggae, au maquis moins cher pour finir la nuit sans s’endormir. Enfin, je monte dans le bus à 4h du matin. Au revoir Lomé, au revoir John ! On se reverra, c’est sûr ! Merci pour cet intermède paisible avant de reprendre le travail et retrouver ma maison … et les soucis qui vont avec ! Je suis fatiguée, mais reposée dans la tête. Exactement ce que je voulais ! Encore un moment triste, mais plein d’espoirs pour l’avenir, sûrs de se recroiser !

Le trajet retour s’est fait sans encombre. Tellement, que nous n’avons même pas eu 5 minutes pour manger durant tout le trajet, afin de passer la frontière avant sa fermeture (pari réussi !). Le passage à la frontière fut un peu compliqué (étant la seule ressortissante d’aucun des deux pays, il me fallait un tampon de plus que les autres, ce qui m’a valu de traverser en vitesse la frontière dans le sens inverse pour obtenir le tampon me permettant de passer le contrôle burkinabé). On a failli ne pas m’attendre, tout le bus stationné pour moi toute seule du côté burkinabé et les douaniers attendant mon retour. Heureusement que les employés me trouvaient sympa, sinon je finissais à pieds ! :D

Nous sommes arrivés à la gare à 23h30,
Juste le temps de rentrer me coucher et de me reposer convenablement avant de reprendre le travail sur les chapeaux de roue. Mais ce fut nécessaire !

Encore merci à vous, togolais, et à très bientôt !



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