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Wednesday, October 9, 2013

Un départ pour la Côte d’Ivoire plein de rebondissements!

Après plusieurs mois d’absence et de mouvements internationaux, me voilà à nouveau face à l’écran pour vous faire partager un quotidien d’autre bout du monde. Non non, le palu n'a pas eu raison de moi!!

Après quelques épisodes difficiles pouvant bouleverser une vie, une petite escapade s’imposait en ce chaud mois de juin.

Notre train en gare d'Abidjan
Nous voilà donc partis, Clément, un autre expat' perdu au fin fond de l’Afrique et moi-même pour un voyage inoubliable en plein coeur de l’Afrique de l’Ouest.
Tout d’abord, remettons un peu d’ordre. Il nous a fallu passer par la case visas, qui n’est pas la moins ardue des étapes !

Première étape : trouver le « service passeport » comme ils l’appellent ici. « Le service quoi ? », « Connais pas ! », étaient les réponses que nous avons reçu le premier jour en parcourant les rues de Ouaga sur ma moto après avoir compris plus ou moins dans quelle partie (Gonghin) de la ville il se trouvait ... Durant ce trajet infernal et interminable que nous voulions terminer avant la fermeture des administrations burkinabè, l’épisode « photos d’identité » ... Une prise de bec haute en couleurs avec le Môsieur des photos, qui veut nous faire payer ... fois le prix réel !! Ras-le-bol d’être les « blancs de service ». Après être sortis rouges de fureur et ... sans photos de ce labo, nous enfourchons à nouveau notre bécane, et essayons d’autres possibilités. Enfin ! C’est fait !

Sous un soleil de plomb, nous trouvons enfin ce satané service. Mais rien n’est gagné pour autant ! Aurions-nous oublié les méandres administratives, traces de notre colonialisme occidentalisant à moitié fait ? Il faut tout d’abord passer par la secrétaire monocorde, comme un enregistreur rayé, qui répond à toute question par « attendez dehors ! ». « Mais Madame ... Suis-je au bon service ? » (... silence...) « attendez dehors ! ». Tout çà, pour que une demi heure plus tard, on nous apprenne que ... Ce n’est pas le bon service ! Gé-nial !
Allez hop ! C’est reparti ! Ah ... Les bureaux ont fermé ... « Fallait vous renseigner plus tôt ! »... Nous rentrons donc bredouilles ...

Deuxième étape : Retour le lundi (eh oui, c’était vendredi !), armés de courage et de volonté !
Et il en fallait ! Lorsque nous pénétrons dans la salle réservée aux visas, où des grilles séparent les bureaux de l’entrée aux murs bleus, l’homme en charge de nous recevoir ... A les blancs en horreur, surtout ... S’ils sont français ! C’est bien notre veine ! Nous faisons d’abord comme si nous ne l’avions pas remarqué, mais les choses s’enveniment vite : il m’envoie en vadrouille aux 4 coins de la ville pour des photos, pendant qu’il insulte Clément qui peine à garder son calme, utilisant des termes allant de « colonisateurs », à « c’est difficile d’obtenir un visa pour chez vous, donc je vais vous rendre difficile l’obtention du votre ». A mon retour : « c’est trop tard, nous avons fermé la caisse ! ». 
La moutarde nous monte au nez ! Il faut arrêter de nous faire tourner en bourrique ! On veut bien passer par certains préjugés, mais il arrive un moment où il faut arrêter ! Après avoir crié dans la salle que c’est du racisme (chose à laquelle on me répond « ahahaha ! ca n’existe pas les racistes noirs ! »), et par refuser de quitter les lieux sans avoir de garantie d’obtenir les visas avant notre départ (trois jours plus tard), le chef finit par arriver et me convaincre de repasser le lendemain, que tout serait arrangé.

Troisième étape : Le mardi ! Après le travail, nous courons au service pour pouvoir y déposer enfin notre demande. Le directeur, devant ses collègues, a décidé subitement de prendre la « défense » de son salarié. Il se met alors à nous aboyer dessus, à nous dire que nous ne l’aurons pas, que les blancs ne commandent pas, etc.

Au sortir de la salle, où le chargé des passeports ricane suite à la prise de position de son supérieur, nous voilà face à un dilemme : suivre le chemin de la « légalité », ou bien faire marcher notre réseau et passer par la « hérarchie supérieure »... A vomir ... Obligés de se corrompre, même dans une moindre mesure. Sur les conseils de Clément, je finis par appeler un ami, fils du Premier Ministre. Il me donne alors le nom du chef de service, et nous dit de prendre rendez-vous en usant du nom de sa mère, grande avocate du pays. Gulp ! Nous obéissons et finissons par obtenir ce rendez-vous. 
Pas question de descendre ces deux hurluberlus devant lui, on ne sait jamais qui serait passé devant. Nous inversons donc la technique, en expliquant que parfois certaines personnes ne sont pas faites pour s’entendre, mais que cela n’est pas grave, qu’il faut simplement éviter les conflits, blablabla.

Le lendemain après-midi ... Nos passeports sont là, le visa accepté. Notre "ami", vert de rage, nous fait attendre tout de même, mais cela nous est égal, nous savons que ça va !
Abou, la force tranquille
Quatrième étape : Nous fonçons droit sur la gare de trains pour obtenir un billet pour ... Le lendemain matin ! A savoir qu’ici, il faut s’y prendre au moins une à deux semaines à l’avance pour obtenir un billet dans ce train... Arrivés devant la gare : la voilà fermée ! Ce tordu de préposé aux passeports le savait, il a fait exprès ... La pluie, torrentielle, se met à tomber. 
C’est le pompon ! Je commence à me taper la tête contre mon guidon, pendant que Clément dit que tout est fini. 
Et là, Ô grande surprise, Abou, grand noir costaud, fait son apparition. Il travaille en tant que contrôleur pour la compagnie des trains. Avec un de ses amis présent aussi, ils nous garantissent un ticket pour demain. Il suffit de venir le matin vers 7 :00, le train démarrant vers 9 :00. Pas de problème, nous n’avons rien à perdre !
La moto refuse de démarrer... Abou, la force tranquille, comme je le surnomme maintenant, ce qui le fait rire de sa voix profonde et douce, s’approche de moi. « Doucement, ta moto est gâtée, il faut être doux, elle a besoin de calme. Regarde. » Il appuie sur la pédale de démarrage tranquillement, et accélère doucement, la faisant ronfler comme un bébé. « Voilà, faites attention, avec la pluie vous pourriez vous faire mal ». 
Un ange descendu du ciel (oui oui, on commence à y croire dans ces moments là! ;D) juste pour nous aider au moment où nos nerfs sont sur le point de lâcher.

Le lendemain matin, 6 :15, le téléphone de Clément retenti : vite vite ! Il faut venir à la gare, il ne reste que deux places !! Branle bas de combat, nous voilà sur le pied de guerre ! Impossible de tout mettre sur la moto, Clément emmène ses affaires pour l’Europe, car il a décidé de décoller depuis Abidjan. Je fonce en moto pendant qu’il se débrouille de négocier un taxi !

Clément et Karim, nos billets en main!
A la gare, c’est l’émoi ! Des centaines de personnes et des milliers de bagages, empilés dans tous les sens, dans un brouhaha incroyable. Je finis par retrouver Karim, qui m’aide à négocier une place de parking pour ma moto dans le parking des employés, car pas le choix. Puis, en dépassant des 10aines de personnes agglutinées les unes sur les autres sur des bancs, parterres ... Nous nous approchons du comptoir pour récupérer les tickets. La dame nous les avait bel et bien réservés, on ne s’est pas moqué de nous, et en plus, ce sont vraiment les derniers ! Ouf ! Une fois nos billets en mains, c’est le rêve ! Ouiiiiiiiiiiiiiii !! Nous avons réussi, après toutes ces épreuves !

Nous sommes très entourés pour prendre le train. Lorsque nous arrivons sur le quai, je demande à Karim « tu sais, hier, nous avons rencontré un super mec avec toi. La force tranquille. Ce serait tellement bien de le revoir, nous avons oublié de le remercier ! » «  Mais c’est Abou, il prend le même train que vous, il y est contrôleur, je vous le présente ! ». 
Paf ! Abou apparait, sortant du dernier wagon. Quelle coïncidence ! Nous promettons de nous retrouver dans le train.

C’est l’heure de grimper, nous nous hissons sur les marches plus hautes les unes que les autres et arrivons à nos sièges, en première classe, attention !

Pour ceux qui souhaiteraient effectuer le trajet, un grand conseil : prenez la première classe si vous voulez dormir et bénéficier d’un « vrai » siège. La classe ordinaire n’est pas horrible, mais ce sont des bancs en plastique, assis par 6, et un bruit constant et incroyable durant 36h de trajet ! Au moins, nous avions un minimum de calme (même si la super télé dernière génération encadenassée dans un placard en fer a le volume à fond : ça fait bien ici !), une clim marchant quand elle le veut, faisant passer les températures de 20 à 40 en quelques minutes et assez de sécurité pour dormir « tranquillement » !

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