Après deux mois intenses de retour en Europe, voilà que je
repose les pieds en terres burkinabè le 7 octobre 2013 pour de nouvelles
aventures. Et oui, quand ca nous prend, impossible de se décoller le moustique
qui nous pique en venant ici !
Bref, cette fois, l’expérience est très différente ! Me
voilà donc professeur d’anglais et de français dans un petit lycée de Gounghin,
pour des élèves de 6ème et 5ème (oui, ici on appelle
lycée tout le cursus de la sixième à la terminale).
En parallèle, je suis stagiaire au sein de l’association
ACMUR (Association Clown Marionnettes dans nos Rues), en tant
qu’administratrice de projet pour le Festival Rendez Vous Chez Nous 2014. Ces
deux expériences m’apportent énormément, et je compte bien vous en faire
partager quelques moments, entre interculturalité, échanges, fous rires,
incompréhensions, prises de consciences, remises en questions et humanité.
Pour commencer, la rentrée au lycée T. Ilboudo de Gounghin.
Une chance inouïe, j’habite au siège de l’association, qui, par le plus pur des
hasards se trouve à ... 500 mètres du lycée ! Je peux donc me rendre d’un
endroit à l’autre sans problèmes de transport, en toute tranquillité. Le
rêve !
Premier jour, la Nassara (blanche) débarque. Les regards
interrogateurs des élèves et des professeurs... On a pas l’habitude de ça par
ici ! Et en plus, elle rentre dans les bureaux de l’administration !
Bizarre, bizarre !
Je me retrouve donc avec la directrice des études qui me
donne mon emploi du temps et m’explique que les cours commencent pour moi ...
Demain ! :D
Pas de souci ! Et les livres ? Et les
programmes ? Et mes collègues ? Bon, on va tenter de se débrouiller
comme on peut. Elle me tend un livre de français et me dit gentiment :
c’est déjà pas mal pour commencer, non ? ... Mmmm, oui, allez hop !
Mieux vaut ça que rien !
Les secrétaires rient, elles voient que je suis
un peu perdue et ça déclenche des crises de rires. Bon, je vais rentrer
préparer tout ca ! Je n’ai absolument aucune idée de ce qui m’attend, du
nombre d’élèves, de l’organisation administrative, etc. Juste le livre et ma
bonne volonté ! Je repars sous le regard des élèves, qui tentent de savoir
la raison de ma présence...
Hop ! Au réveil, branle bas de combat, à l’attaque de
ma classe et de cette rentrée pas comme les autres pour moi ! Je passe par
le bureau des secrétaires qui se trouve à l’entrée de l’établissement, et je me
renseigne : Y-a-t-il une liste de mes élèves ? Oui, oui, vous ne
l’avez toujours pas ? Ben ... Non ... Elle me la tend, et je commence à
compter 1, 2, 3, 4, 5 ... 40 pour les 6èmes, puis 1, 2, 3, 4, 5 ... 49 pour les
5èmes ... Ah, d’accord, oui, bon, ca fait du monde ! :D Moi qui vient
de ma petite France qui ne dépasse pas les 30/32 par classe et on s’en
plaint !
Les têtes se tournent vers moi dès mon entrée dans la cour
et me suivent jusqu’à mon entrée en classe... Puis ce sont mes élèves qui se
tournent et tombent des nues... ( ???) C’est elle ? C’est une
nassara ! A yaa nassara ! ahahahah !
"Levez-vous ! Bonjour, je suis votre nouvelle professeur
de français ! Nous allons faire les présentations !"
Les rires fusent, ils sont impatients de savoir à qui ils
ont à faire, et moi aussi !
Je commence déjà à repérer les cas qui risquent de me poser
problème. Ils crient du fond de la classe « Madame ! Je veux venir en
France avec vous ! » « Madame ! Le Burkina est meilleur au
foot !! »... Eheheheh !
Je sors la liste de mon sac et commence
à appeler les noms en tentant de ne pas les écorcher, ce qui est difficile,
puisque très peu ressemblent aux noms français. C’est rires sur rire... Surtout
qu’entre les Ouedraogo Fadilatou, Ouedraogo Fatoumata, Ouedraogo Fatilatou,
Ouedraogo Rabiatou, Ouedraogo Faouziatou, Ouedraogo Latifatou et j’en passe, je
vais avoir du mal à faire la différence ! Ahahah !
Après cela, les présentations de chacun. On prend une
feuille et on écrit son nom, prénom, âge, et ce qu’on souhaite faire plus tard.
Ils sont interloqués : « On comprend pas Madame ! »
« C’est simple, une feuille, et vous écrivez tout ça ! »
« C’est bizarre ... ». Bon, finalement ça marche ! Après ça,
j’accepte certaines questions sur la ville d’où je viens, et je tente une
France dessinée au tableau... Mouais... Ca ira ! On replace quelques
villes tant bien que mal, même si pour beaucoup Paris se trouve à Marseille et après avoir effacé toutes les zones d’ombre me concernant, nous
pouvons commencer les leçons !
La suite au prochain épisode, entre fous rires et prises de
tête ! ;)
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