Départ
tôt ce matin pour Grand-Bassam, en taxi-brousse surnommés ici
« woro-woro », depuis Abidjan.
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ancienne maison coloniale transformée en maquis |
Une fois que tout le monde est bourré dedans, on claque la porte, deux coups sur la portière, et c’est le départ dans un nuage noir d’échappements.
Super ! Après avoir négocié notre montée au carrefour
« Grand Bassam », c’est à dire celui où tous les woro-woro pour cette
destination sont stationnés, en attendant de se remplir le ventre et de filer
sur la voie, nous voilà montés ! En plus, chanceux ! Au fond, près de
la fenêtre pour respirer un peu, avec le paysage qui défile devant nos yeux.
Toutes les 10 minutes environs, un flot monte et un flot descend, comme une musique, un refrain bien huilé qu’eux seuls peuvent comprendre. Pour nous, c’est comme une chanson en langue étrangère que tu entends, qui te plaît, mais dont les paroles t’échappent. Pour finir, tu connais les rythmes et quelques intonations, mais ca te suffit pour la fredonner. Il suffit simplement de le transposer et vous capterez sûrement ce que nous avons vécu et vivons ici.
Toutes les 10 minutes environs, un flot monte et un flot descend, comme une musique, un refrain bien huilé qu’eux seuls peuvent comprendre. Pour nous, c’est comme une chanson en langue étrangère que tu entends, qui te plaît, mais dont les paroles t’échappent. Pour finir, tu connais les rythmes et quelques intonations, mais ca te suffit pour la fredonner. Il suffit simplement de le transposer et vous capterez sûrement ce que nous avons vécu et vivons ici.
Entre passé et présent |
Cette
ville est étrange. Entre paradis et fantômes, elle sent bon l’océan imprégné
d’une odeur âcre de murs en ruines, mangés par les plantes grimpantes, tristes
vestiges de la colonisation.
Nous
voilà donc partis à pieds, à l’aide d’un guide touristique inutile, ou plutôt
si, il nous aide à nous perdre dans le dédale de rues de la ville, avant de
comprendre ... que la carte est à l’envers ! :D
Perdus au pied d’un phare abandonné, où des enfants jouent à
pousser des pneus de bicyclette, ou, pour les plus studieux, étudient à l’ombre
de la tour, nous continuons le voyage dans le passé.
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Escargots à l'ivoirienne! |
Si les gens savaient ce qu’ils ratent à ne pas aller y faire
un tour !
A force de demander notre route à tout le monde et de se
perdre (ou pas !), nous apprenons qu’il faut passer le pont pour aller
dans le quartier « français » où se trouvent tous les vestiges et les
lieux touristiques. Nous montons donc dans un taxi orange, chauffeur rasta et
musique reggae à fond, qui, parlant sans s’arrêter, nous raconte un peu la
ville. Comme la faim nous guette, il nous dépose devant le restaurant qu’il dit
être le meilleur pour les fruits de mer, et repart dans un crissement de pneus.
L’endroit est calme. Situé sur la lagune, la terrasse est
reposante. Personne. Seul un couple non marié est assis à une table voisine, et
le serveur, qui ne comprend rien à ce qu’on lui demande, nous amène les plats
petit à petit. Nous avons décidé de goûter : escargots de Côte d’Ivoire (énormes !!!!
En brochette, de couleur noir, de la taille de deux doigts de mon grand-père
côtes à côtes, ils trempent dans une excellente sauce tomate aux oignons),
crevettes, poisson, presque impossible de finir, mais tellement bon !
Après un p’tit café, nous repartons à la conquête du
quartier, intrigués par ces bâtisses de l’ère coloniale, dont la couleur des
murs s’efface. On distingue légèrement le contour des portes, le bleu des
volets, le rosé des murs. Le temps les effacent doucement, prenant ses aises et
laissant au visiteur la possibilité d’entrevoir encore ce passé peu glorieux.
En nous faufilant dans ces rues, nous tombons face à ce qui
ressemble à un ancien théâtre. En face, une petite baraque, devant laquelle un
rasta fait sa lessive. A notre passage, il lève les yeux, et, étonné de nous
voir, il s’approche:
« Ca va les amis ? Besoin d’un guide ? ».
Nous sommes méfiants. En règle générale, ils te guident pour finalement te
demander de l’argent que tu n’as pas...
« Non, non, ca va, non merci ! »
« Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas d’argent, juste raconter ma ville ! ».
Dans ce cas ...
« C’est quoi ce bâtiment ? »
« Un ancien
théâtre, comme vous le disiez. Il y avait même un étage et c’était bourré !
Mais comme y’avait pas les moyens, on a pas retapé ! En face, ici, c’était
un cinéma. Jusqu’à il n’y a pas très longtemps, on y projetait encore des
films, mais c’est fini. Avec la guerre, tout ca, on l’a laissé à l’abandon.
Et
comme ya plus les touristes, sauf vous, ben ... On a pas voulu y mettre l’argent.
Ils préfèrent le bouffer ! ».
Après avoir papoté encore quelques instants, sur le passé et surtout le futur (il ne perd pas l’espoir de revoir un jour les touristes affluer avant sa mort) nous le remercions et continuons notre route, le laissant avec son linge.
Arrivés à un croisement, ou des jeunes sont assis, sur leurs
motos, discutant à l’ombre d’un vieux bâtiment, une vieille nous accoste en
hurlant.
« Tubabu !!! Hey !! Tubabu !!! Faut m’acheter mes
caramel, là, c’est moi même je les fait !!! ».
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Les enfants s'esclaffent sur les photos |
Un des jeunes s’approche alors, un peu timide
et nous propose de nous accompagner pour visiter le coin.
On se regarde avec
Clément : Oui ou non ? Allez... Ok ! Nous voilà partis tous les
trois, et c’est un conte qu’il nous raconte. Nous voyageons dans le temps, son
père était domestique pour l’une de ces famille, et il raconte ses histoire,
celles de son père et les siennes, avec son regard d’enfant. Nous passons de maison en maison, escaladons les ruines, passons des portes qui ne se voient pas, montons des escaliers prêts à tomber pour admirer des vues imprenables sur la ville, accompagnés par une troupe d'enfants qui s'amusent à imiter des pas de danse que j'improvise et qui hurlent de rire à la vue de leurs visages dans l'appareil photo de Clément.
fumoir à poissons |
La plage ... A perte de vue. Les barques des pêcheurs
retournées, ou attendant leur prochain départ quotidien à la recherche de
poissons. Assis dedans, des enfants réparent les filets en chantant, ou courent
pour jouer aux pirates. Le drapeau ivoirien flotte à l’avant, dans la lumière
descendante de fin d’après-midi. Sur un coup de tête, nous décidons de nous
enfoncer dans l’eau. Mais pas trop loin, c’est dangereux ! Brrr, la
fraîcheur, ca fait du bien.
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Clément lui
prescrit certains médicaments qu’il doit absolument prendre, et nous le
laissons, après qu’il hèle un taxi pour nous, avec un peu d’argent pour le
remercier et acheter ses médicaments.
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Barques sur la plage, Grand Bassam |
Arrivés sur Abidjan, nous trouvons, sans nous perdre, le
chemin de la maison. Là, Clémentine et Bamba nous attendent, inquiets de nous
voir revenir si tard. Oups ! Nous avions oublié de les prévenir et nos
portables ne fonctionnaient pas. Finalement, nous finissons autour d’un poulet
sauté et de plusieurs Bocks qui nous permettent d’aller au lit en toute sérénité.
A DEMAIN !
Toujours pleins de souvenirs ces petits récits !! C'est toujours un plaisir de te lire !!!!
ReplyDeleteGrave!!!! Quels moments inoubliables!!! Merci pour tes compliments!
DeleteC'était bien les Djiula qui appellent toubabou aux blancs, n'est pas?
ReplyDeleteoui cest eux, c'est pour ca qu'ils le disent à abidjan. Cest la manière la plus communue de nous qualifier en Afrique de l'Ouest
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