Je ne pouvais pas ne pas dédicacer un post sur le logement
après toutes mes aventures !
Après ces vacances bien méritées, me voilà de retour dans la
capitale.
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Vitre avant du camion Kamzaka |
Manque de chance, le propriétaire de la maison dans laquelle
je vis a décidé subitement après les élections municipales qu’il a remportées
(il est du CDP, le parti de Blaise Compaoré), de construire dans la cour où je
suis installée, et donc de me mettre à la porte ... en moins d’une
semaine !
Il faut savoir que ce même parti politique en place au
gouvernement depuis le 4 août 1987, a voté il y a à peine quelques mois une loi
obligeant les propriétaires à déloger leurs locataires avec un préavis de 3
mois ... Je vous laisse donc faire le décompte et nous verrons que nous sommes
bien loin du compte !
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Le Nescafé de Ouaga au kiosque, l'incontournable |
Je suis plutôt contente de laisser ce propriétaire, capable
de me réveiller au milieu de la nuit par des coups de feu parce qu’il poursuit
un chat pour le tuer et le manger ensuite avec ses employés, ou de me parler en
me pointant le laser du viseur de son arme sur le corps sans s’en rendre
compte. Et je ne parle pas des prostituées de moins de 20 ans qui défilaient
tous les soirs alors que sa dernière femme habite juste derrière...
Malgré tout, çà me fait un petit pincement au cœur, car je
me suis habituée à ma maison, au voisinage, j’ai pris mes habitudes tout ca
tout ca, mais bon, c’est la vie !
Pour ce qui est de la recherche d’un logement et du
déménagement à la burkinabè, je vais tenter de vous imager du mieux possible
les situations rocambolesques que j’ai pu vivre jusqu’au bout.
Pour commencer mes recherches, je me suis adressée à mes
amis autour de moi, pour me faire expliquer comment ça marche ici. Il faut
savoir qu’à part dans le « quartier des blancs » à Ouaga 2000, et
dans la zone du bois, où les expatriés se concentrent, il n’existe pas d’agences
immobilières comme on en a chez nous.
Ici ce sont des « démarcheurs »
comme on les appelle, qui sillonnent un quartier de la ville déterminé, et
notent les numéros de téléphone peints sur les murs des maisons vides,
questionnent les habitants dans les cours, et écoute le bouche à oreille.
Ma nouvelle chambre |
Ils notent alors ça dans un petit carnet qu’ils gardent
précieusement dans la poche de leur chemise, et lorsque tu les contactes par le
bouche à oreille, ils le consultent et te listent les offres.
Voilà donc ma mission : trouver les deux démarcheurs
pour les zones de Kologh-Naaba et Cité An 3, et leur demander s’ils ont quelque
chose à me proposer ne dépassant pas 50 000 FCFA par mois dans leurs
quartiers.
Pour les trouver, il faut connaître quelqu’un qui les connait, donc
tourner pendant plusieurs heures sous le soleil, de kiosque en kiosque, de
maquis en maquis, de cours en cours, jusqu’à tomber sur son numéro de téléphone
ou le démarcheur lui même sirotant un Nescafé, une clope au bec, à l’ombre d’un
tout petit kiosque de quartier.
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La cuisine |
Puis, j’enfourche la moto derrière le démarcheur, et c’est
parti pour de loooooongues heures à errer de cour en cour, à demander les
propriétaires qui tardent chaque fois à venir, à chercher les clefs pour
visiter ... Tout cela, rémunéré à 2000 FCFA la visite, qu’il faut donc
multiplier et que le démarcheur se met dans la poche ... En plus des intérêts
qu’il prend ensuite sur l’accord entre le propriétaire et son locataire :
c’est donc international, mais simplement moins au noir chez nous !! :D
J’ai donc passé tout mon vendredi après-midi, mon samedi
jusqu’à très tard le soir et mon dimanche après-midi, alors que Didac reprenait
l’avion et que j’aurais aimé être avec lui, et tout mon lundi, dernier jour
pour trouver, car je dois rendre les clefs le soir-même... RIEN RIEN RIEN !!
Je commence sérieusement à me demander si je vais trouver ... 18 :00 :
ENFIN !! L’Imam du quartier de Widin (Kologh-Naaba), me loue sans loyer d’avance
et sans caution, un trois pièces dans sa cour familiale, pour seulement 35 000
FCFA, charges non-comprises.
La terrasse |
Seul hic : la maison sert de débarras, de garage à
vélos, et d’abris pour le bétail (il y a un troupeau de moutons qui vit avec
nous dans la cour), sans porte, sans clef, et sans électricité ... et il me
faut y dormir la nuit !
Branle bas de combat, la famille range, lave et
ordonne jusqu’à 22 :00 les lieux, pendant que je repars en direction de
mon ancienne maison et de Kamzaka, pour récupérer mes affaires et trouver un matelas
pour passer la nuit.
Il fait nuit noire quand j’obtiens le camion du centre, un
« France-au-revoir » comme ils disent ici, pour aller jusque là bas
et revenir. Pour vous décrire le camion : la vitre avant, comme dans la
majorité des véhicules ici, est fendue sur tout un côté avec l’impact d’on ne
sait quel objet.
La portière passager ne ferme pas à tous les coups, et parfois
il faut la tenir avec un fil qu’on accroche à un endroit qui permet d’empêcher
l’ouverture trop brutale en pleine circulation.
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Ma nouvelle salle de bain-WC (le trou à droite pour les besoins, le banc pour déposer ce dont tu as besoin pour te doucher) |
La porte coulissante à l’arrière
où les enfants peuvent s’asseoir sur les banquettes est elle aussi cassée, et
reste parfois ouverte tout le trajet. Et bien sûr, petite touche finale, il
faut pousser 1 fois sur deux pour que ca démarre ... Comme le jour de mon
arrivée dans le pays, devant l’aéroport à 2 :30 du matin ! :D
C’est en pleine tempête de sable que nous sommes arrivés au centre. Les
enfants, dans la poussière qui fouette le corps et remplit la bouche et Amidou,
le surveillant de nuit, nous ont aidé, Mexicain, le chauffeur et moi, à
transporter deux matelas (dont un sur le toit, qui est tombé au bout de
quelques mètres et s’est mis à voler dans tous les sens ! :D).
Puis, direction mon « ancien » chez-moi. Pas d’adieux
aux lieux, car pas le temps : toutes mes affaires ne sont pas non plus
ramassées, car j’ai passé 3 jours à visiter et travailler, sans avoir le
temps de tout finir. Je remplis des sacs plastiques de ce qu’il reste, je fais
un tas à l’entrée, et on ait la chaîne dans la tempête et le vent. Au moins, il
y a encore l’électricité !
Je ne voulais pas rendre tout son loyer (30 000 FCFA) à
mon propriétaire qui m’avait mis dans un beau pétrin !
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Terrasse, porte d'entrée, fils électriques ... |
Comme d’habitude,
il fait le prince, assis sur des chaises sur sa terrasse protégée du vent et
boit tranquillement un thé en nous regardant nous activer. Je m’approche et
avec un large sourire, je lui tends 20 000 FCFA. Il me regarde, et je lui
réponds : le reste, je l’ai donné aux démarcheurs et au nouveau
propriétaire. Il ne peut qu’accepter, face à tous ses amis politiciens du coin,
qui regardent la scène. « D’accord, ya pas de problème ! » me
répond-il...
Ici, quand tu es en « conflit » avec quelqu’un, s’il n’est
pas d’accord mais ne veut ou ne peut rien dire, « ya pas de problème /
yellekabé (traduction en mooré) » traduit son état d’esprit. C’est le cœur
léger, mais un peu mélancolique, que je lui rends ses clefs, en vidant en même
temps le frigo des restes qui m’appartiennent, dans le stress du départ, les
autres patientant déjà à l’extérieur.
Ma nouvelle pièce à vivre, avant. |
Voila ! la porte se referme, et c’est une nouvelle qui
s’ouvre !
On repart rapidement vers ma nouvelle demeure en croisant les
doigts pour que le ménage ait été fait, et que les bidons Total, les vélos,
outils de menuiserie, échelles, planches ... aient disparu, pour que je puisse
dormir avec un toit sur la tête. Ouf ! C’est bon ! seul problème, il
n’y a pas de serrure et d’électricité, au moins jusqu’au lendemain ! je dors
donc sur mes objets de valeur (ordi, portables , argent, sac à main, etc.) dans
une chaleur étouffante sans ventilateur, mais je ne dors pas dehors !!!
Le lendemain, après une très courte et mauvaise nuit, c’est l’épisode électricité et serrure... Encore une aventure ! J’ai dû rester
toute la journée à la maison, sans même pouvoir aller faire des courses, pour
surveiller mes affaires et l’attendre ... Il doit revenir demain... Nouvelle
nuit sans serrure, mais au moins cette fois, il y a une porte !
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Ma nouvelle pièce à vivre, après. |
L’électricité, quant à elle, est rétablie, et je suis
branchée sur le compteur du « vieux » (on appelle comme ça les
anciens ici), par une installation ... à couper le souffle ! Un petit fil
traverse l’arbre devant ma porte, enroulé ensuite autour d’une branche, un
vieux clou le fait tenir sur le mur, et il virevolte ensuite, pendu à ce qui se
trouve sur son passage, jusqu’à la maison du vieux, plus loin dans la cour.
Nous sommes une 15aine de personnes à partager la cour qui
fait environ 20 m2 : la famille de l’Imam (ses deux femmes et sa mère,
trèssssss âgée), leurs enfants (trois garçons et une fille)et petits enfants (4
enfants, allant de 3 ans à 12 ans). L’un d’eux est couturier et son atelier est
dans notre cour. Puis nous sommes trois locataires éparpillés autour : un
célibataire un peu coincé, une femme seule de 35 ans environs célibataire au
caractère bien trempé, et moi . eheheh !
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Nos compagnons quotidiens |
C’est toujours animé, avec les poules et leurs petits, les
moutons (et leurs bébés qui viennent de naître), les enfants qui crient pour le
bain et jouent bruyamment, le couturier qui joue du balafon à ses heures
perdues et les femmes qui discutent vivement des histoires du quartier et des
prix des condiments de base et du gaz qui ont augmenté. Sur la droite, le
robinet et la grosse barrique servant à recueillir le précieux liquide pour
toute la cour : nos douches, la lessive, la vaisselle, les bouilloires
(qui servent à aller aux toilettes, sortes de bouilloires en plastique coloré),
et toutes les autres activités de chacun. Il suffit d’y prendre l’eau à l’aide
d’un récipient en plastique et de remplir son seau.
Au milieu, le linge, pagnes
de toutes les couleurs, habits pour bébés et chemises pour les hommes, est
étendu sur toute la longueur de la cour, à hauteur d’homme, obligeant celui qui
veut passer à se baisser et passer la main à travers pour se frayer un chemin.
Je me sens bien dans cette ambiance, où la solitude ne peut jamais nous gagner,
mais où chacun vaque à ses occupations.
Le camion de Kamzaka au démarrage |
Mes amis, qui se trouvent pour beaucoup dans le quartier,
viennent me rendre visite régulièrement, et les soirées sur ma petite terrasse
ou dans ma pièce à vivre, sont toujours animées !
Voilà pour le moment, il me reste tant à raconter encore,
mais je suis vraiment très occupée ces derniers temps, et je continuerai donc
au prochain épisode, ce weekend j’espère, sur mon quotidien, ma moto
fraîchement acquise, mes soirées inoubliables, et des anecdotes plutôt
surprenantes !
A très vite !
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