Unir un pays
désuni, être un chef d’Etat, n’est pas donné à tout le monde.
Il faut du
charisme et de la détermination, particulièrement sur le continent africain.
Rares sont ceux qui ne s’oublient ou ne se perdent pas, tout comme chaque être
humain qui se retrouve face à son destin et ses responsabilités, il faut garder
le cap, sans oublier d’où l’on vient.
Mais c’est ce qu’a fait Nelson Mandela, qui a,
contre toutes attentes, réussi à unir l’un des pays les plus multiculturels du
continent.
Cela n’est
donc pas impossible. Mais c’est une tâche extrêmement ardue dans un pays
transitionnaire comme le Burkina Faso.
Après les événements du 31 octobre qui
nous ont tous marqués par leur calme et leur impact, tout se balance.
Je me
souviens encore des cris de la foule lorsque nous nous dirigions vers le
Parlement : « Blaise dehors ! Blaise dégage ! Libérez
Kossyam ! Libérez Kossyam ! Libérez Kossyam ! »
Une ferveur
partagée par tous, se diffusant à travers la ville, le pays, le peuple, hommes et femmes unis malgré les différences ethniques et religieuses. Un peuple prêt à tout, même la
mort, pour chasser le pouvoir en place depuis trop longtemps.
Mais ce n’était
que le début d’une longue aventure pour le Burkina Faso, pays des Hommes
Intègres.
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Photo: L.Godeau (31/10/14) |
Il faut
admettre qu’on a été de surprises en surprises, et le plus époustouflant, c’est
que cela s’est fait contre toutes les allégations et les déclarations de par le
monde : « ce n’est pas parce que Blaise est parti que ça va changer »,
« les burkinabè ne sont pas prêts pour la transition, cela ne va pas
marcher », « les militaires vont finir au pouvoir », etc.
Il est vrai
que cette année 2015 a été éprouvante pour le Pays et ses habitants, tant sur
le plan économique, de l’emploi, que sur le plan politique.
La situation « instable »
n’attire bien sûr pas les investissements étrangers, et personne n’ayant
confiance en l’avenir, tout a stagné, aucune nouveauté, aucune prise de risque…
De quoi compliquer les choses au jour le jour quand il faut chercher l’argent
pour vivre ou survivre...
Au niveau
politique, nous avons eu droit à un rebondissement par mois, ce qui n’a permis
à personne de dormir sur ses deux oreilles ou de circuler en paix :
- - Le
RSP empêche le Conseil des Ministres du 4 février 2015 ;
- - Marches
du 4 au 7 février contre la vie chère ;
- - Grève
des 17 et 18 février pour la baisse des prix du carburant ;
- - 7
avril : tensions entre les partisans du régime de transition qui
soutiennent la modification du code électoral visant l’exclusion des membres du
gouvernement déchu de Blaise Compaoré de compétir aux élections présidentielles
et législatives du 11 octobre 2015, et les membres de l’ex parti majoritaire,
le CDP, qui rejettent toute forme d’exclusion qu’ils jugent
anticonstitutionnelle ;
- - 8
au 15 avril : appels à manifester et grève générale au Burkina : plus
d’essence, plus de Brakina, plus d’eau, plus d’électricité pendant plusieurs
semaines, c’est presque insoutenable ;
- - 25
avril : marches de soutien au gouvernement de transition dans tout le pays ;
- - Du 29 juin au 2 juillet : tirs au camp de
Naba Koom opposant le RSP et Zida ;
- - Putsch
les 16 et 17 septembre : Gilbert DIendéré,
le bras-droit de Blaise Compaoré
et chef du RSP, décide de prendre le pouvoir par la force à Kossyam, le
palais présidentiel. Il décide d'organiser un coup
d’État en prenant en otage le président de la transition Michel Kafando, son
premier ministre Isac Zida (N° 2 du RSP) et deux autres personnalités du pays.
Il annonce aussi la dissolution de toutes les institutions de la transition.
Résultat : 14
morts (minimum) et plus de 251 blessés…
Mais, malgré tout cela, aussi surprenant que cela puisse être
pour la communauté internationale et tous ceux qui ont pu suivre le cours des
événements, le Peuple burkinabè est plein de ressources et a su, une fois
encore, se relever sans trop d’égratignures.
On entend souvent des raccourcis sur l’Afrique et surtout ses
gouvernements, souvent chapeautés par les pays occidentaux « anciens »
colonisateurs.
Quand on regarde les informations et qu’on parle d’un
soulèvement en Afrique, ou d’un putsch, la réaction la plus répandue est « comme
d’habitude en Afrique », « de toutes façons ce ne sont que des
dictateurs qui asservissent la population », « il n’existe pas de
réelles élections en Afrique », etc. Et j’en passe et des meilleures !
Pourtant, l’Afrique change, certes pas aussi vite qu’on le voudrait, mais les élections du 29
novembre dernier en sont la preuve : à force de luttes, de manifestations,
de mobilisations, le Peuple peut avoir raison de ce type de gouvernants, ou de
putschistes.
Il suffit d’y croire et d’unir ses forces. Le pouvoir de chacun,
de chaque main, chaque voix, est ainsi mis en avant. Et on en a besoin en ces
temps troublés par les terrorismes en tous genres et l’individualisme ambiant.
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Photo: L.Godeau (31/10/14) |
Oui, l’Africain sait se construire et décider pour lui-même,
il suffit de lui laisser les moyens de le faire, et de ne pas l’étouffer sous
le poids des instances internationales, des IDE, des calculs FMIstes ou de la
Banque Mondiale, et du pillage de ses matières premières et de ses cerveaux,
obligés de s’expatrier pour trouver du travail à la hauteur de leurs diplômes.
Certes, certains s’élèveront pour me dire que le nouveau
président est un ancien du régime ayant gouverné durant 27 ans, mais là n’est
pas le problème ! Le Peuple a choisi, c’est ça qu’il faut retenir !
Et puis, pourquoi ne pas attendre de voir avant de faire des allégations sur
quelqu’un qui n’a jamais vraiment eu les moyens de se faire entendre, même sous
l’ancien gouvernement.
Il ne peut dorénavant plus se comporter comme avant, car
la population l’attend au tournant et le regarde !
Et puis, c’est bien
beau de critiquer les autres, quand on voit qui passe aux régionales en France et
monte dans les sondages pour les prochaines présidentielles ! Rien à voir
avec les idées du MPP burkinabè et de Roch Kaboré, le nouveau président !!
A l’Europe d’apprendre
maintenant de l’Afrique : regardez, il est possible, en descendant dans la
rue, en agissant, de faire changer les choses, même ce que l’on pensait
impossible ! Ne lâchons rien, mais pour cela, il faut un peu de courage,
de tripes, pour se mouiller et ne pas craindre les représailles.
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Photo: L.Godeau (31/10/14) |
Vive le Burkina, vive le Peuple intègre ayant tourné une page
de son Histoire, la Patrie ou la Mort nous vaincrons !
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