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Crèche de Noël |
Le weekend de Pâque a été pour moi le moyen de m’enfoncer
encore un peu plus dans la culture, les coutumes du pays. Tout d’abord, le
samedi était la célébration du mariage d’une des soeurs de Marius, mon chef. Il
y a tellement de frères et soeurs, d’oncles, neveux et nièces, que souvent on
se perd dans les relations familiales africaines. C’est simplement que ce n’est
pas conçu de la même manière. Si tu es affilié par la mère, alors tu es oncle,
neveu, nièce, suivant le degré de parenté. Si c’est par le père, ce sera grand
frère, petite soeur (c’est une société paternaliste) ... Même si parfois cela
peut être ta cousine ou ton cousin, tu peux être frère ou soeur. Un mélimélo
qui laisse pantois, puis on finit par s’habituer.
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Les vieux se rencontrent |
Le jour de cette rencontre, nous sommes allés dans la
famille de Marius, pour y attendre le retour des vieux et du marié aux côtés de
la future femme. Nous avons mangé tous ensemble, les vieux et les proches, puis
les vieux se sont concertés et ont accepté. C’était la folie ! Des plats
de crudités, de pommes de terre frites, du poulet, porc, poisson, ... à n’en
plus finir ! Et les femmes qui s’activent sous le regard des hommes qui
restent assis à « causer » comme ils disent ici. Il faut s’habituer à
cette vision de la société qui est loin encore de nos valeurs féministes. Mais
on y viendra, certaines femmes commencent sérieusement à prendre leur
indépendance, à refuser le mariage forcé ou l’excision (surtout en ville).
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Sortie triomphale de la mariée |
Quelle pièce de théâtre ! Une ribambelle de femmes
toutes plus colorées les unes que les autres bloque le passage de la porte et
ordonne aux autres de prendre la femme sur leur dos, de danser, de chanter, de
quitter les chaussures, de sauter ... Et c’est au milieu des rires et des cris que tout cela se passe ! Un bouchon qui n’en fini pas, et des invités qui donnent des idées pour en rajouter. Pendant ce temps là, la mariée ne bronche pas, et le marié l’attend à l’extérieur.
quitter les chaussures, de sauter ... Et c’est au milieu des rires et des cris que tout cela se passe ! Un bouchon qui n’en fini pas, et des invités qui donnent des idées pour en rajouter. Pendant ce temps là, la mariée ne bronche pas, et le marié l’attend à l’extérieur.
Après 30 minutes d’émoi, les amis du marié et sa famille, la
mariée sur le dos, chantant à tue tête des chansons imposées par les autres et
tournant sur eux-même (idée d’un invité) sortent et rejoignent la voiture qui
les attend. Tout le monde se rue dehors et le spectacle continue : les
femmes se mettent devant la voiture qui crisse des pneus et lève la poussière
de la route non goudronnée. Après avoir réussi à les éviter, les mariés s’enfuient
à tombeaux ouverts en klaxonnant.
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Image: Joseph, fils d'Hervé |
Le soir, le boutiquier, Hervé, chez lequel j’achète toujours
mes unités, mes sachets de lessive, mon pain et les gâteux du matin, m’a invité
à manger le tô avec sa femme, ses deux enfants (Joseph et Adolphe) et son
meilleur ami. Comme leurs revenus sont extrêmement bas, je sais à quel point j’ai
été bien accueillie et bien servie. Et tout çà dans la simplicité et les rires
à la burkinabè. Un très bon moment, assis au coin de sa boutique dans le noir
autour d’une petite table en bois, assis sur des bancs et chaises en plastique
avec une « chinoiserie » comme ils disent ici (objets asiatiques qui
ne tiennent pas mais courent toutes les rues ici) pour nous éclairer.
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Jour de Pâques à Kamzaka |
et qui rappelle pourquoi je suis ici.
La semaine est passée très vite, du fait du boulot important
que je dois fournir pour trouver des fonds et réorganiser l’association qui ne
va pas bien. Certains partenaires potentiels commencent à me répondre et les
dossiers commencent à s’accumuler sur mon bureau, c’est bon signe ! Mais c’est
vrai que c’est tendu et que le temps nous est compté ! Si nous n’avons pas
de solution, en juin, 26 enfants sur 30 seront placés en famille, et les deux
éducatrices perdront leur travail...
Certaines tensions, du fait de la gestion un peu « laxiste »
de mes chefs ont éclaté lors des diverses réunions que j’ai mis en place pour
en discuter. Mais les éducatrices qui ne travaillaient plus correctement, ne
venaient plus à l’heure, partaient en avance ... commencent à se remettre
au boulot doucement, et à respecter un peu plus l’autorité représentée par mes
chefs et qu’ils avaient perdue depuis longtemps.
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Course à l'hippodrome |
Des centaines de chevaux, et
une course à couper le souffle : les jockeys ont entre 8 et 12 ans et
montent des chevaux au triple galop sans barrière, sans casque ... Les gens
font des paris et leur courent après pour les insulter s’ils ne vont pas assez
vite. La poussière qui se lève à chacun de leur passage, et la foule qui s’éparpille
au milieu des chevaux. Et entre chaque tour, une pause bière à l’ombre d’un
kiosque aux chaises en plastique bleu.
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Pas que des chevaux! |
fait des démonstrations de voltige aux invités. Une fois de plus, il nous fallait avoir le cœur bien accroché, ils se lançaient à pleine vitesse au milieu de la foule déchaînée et des enfants qui chahutaient. L’un d’entre eux, âgé de 5 ans tout au plus, dans sa course, a été percuté... Heureusement, il s’en est sorti avec quelques égratignures et des larmes, mais ce fût impressionnant.
Après avoir mangé et bu un peu aux frais de la famille pour
laquelle les cavaliers avaient fait les démonstrations, nous sommes rentrés.
Toutes ces expériences me font grandir et me poussent à prendre
conscience que tout n’est pas acquis et qu’il faut prendre la vie comme elle
vient, au jour le jour, sans en demander trop. Ici, l’espoir est le moto de la
population. Un proverbe dit même que si tu perds l’espoir, tu deviens fou. Et
ici, les fous sont ceux qui arpentent le bord des routes sans but, nus, se
parlant à eux-mêmes. « Ils ont perdu l’espoir » te disent tes amis si
tu en croises « Ils ont perdu le chemin ».
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Issa le Guerrier |
Le quotidien ici nous confrontent à toutes les réalités du
monde : de l’extrême richesse à l’extrême pauvreté, de la gentillesse sans
fin à la méchanceté, de la paix à la violence, de la vie à la mort, de l’espoir
au désespoir, de l’amour à la haine, du savoir à l’innocence, de la corruption
à l’honnêteté ...
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Image: Bon voyage! |
C’est une société de débrouilles, un mélange entre
solidarité et intérêts. Entre amitié et argent.
Bilfou !!!
Quand tu disais qu'ils ne parlent jamais de leurs problèmes et les choses qui leur rendent triste, j'ai l'impression qu'ils en ont besoin pour se protéger. C'est triste quand-même la vie dans endroit où la vie et si dure... :-(
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