1000 excuses, mais le temps court à une allure folle ces
temps-ci !
Un dimanche de funérailles dans le village
de Rasta
Au Burkina et dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest,
les funérailles se font deux fois par an seulement. Imaginez ma tête, après que
3 personnes m’aient invitée à des funérailles la même semaine... Tout le monde
est mort en même temps ??
Absolument pas ! Durant le mois de novembre et celui d’avril
(en fin de mois), toutes les funérailles, qu’elles soient animistes,
chrétiennes ou musulmanes, sont regroupées essentiellement sur deux weekends.
Dans ce cadre, j’ai ainsi pu assister à des funérailles dans un village pas
loin de chez moi. Les masques sacrés sortent pour l’occasion, et tous les
villageois et les connaissances se réunissent sous l’arbre du village afin de les
voir danser au son des balafons, djembés et tamtams des griots du village (ce
sont les seuls initiés ayant le droit de jouer cette musique lors des grandes
occasions).
Les chants sont en langue sacrée, et nul autre que les
initiés ne peut comprendre ce qu’il se dit.
L’ambiance était surréaliste. Un attroupement d’environ 200
personnes en cercle, dans un nuage de poussière soulevée par les danses, qui
crie et se laisse bercer par les chants et les danses. Les enfants grimpent à l’arbre
et on les voit agglutinés sur les branches, les yeux rivés sur le spectacle. Il
est absolument interdit de prendre des photos des masques, qui sont sacrés et
se doivent de rester uniques. En faisant la photo des enfants dans l’arbre, mon
amie et moi, seules blanches, nous sommes retrouvées encerclés par une horde d’hommes
nous criant « no photo ! », pensant que nous avions osé prendre
des clichés. Heureusement, nous avons usé de nos charmes et surtout de nos
talents en mooré, la langue locale, pour les amadouer et leur faire comprendre
que nous n’avions rien pris, car nous connaissions les traditions. Ouf !
Ce fût une expérience intense (en poussière aussi ! :-)),
qui nous a permis de nous imprégner de traditions qui pour nous restent
seulement imaginaires et écrites dans les livres.
Les couleurs des masques sont le rouge, le sang de l’Homme,
le blanc, couleur de la vie, et le noir, couleur de la mort. Chaque masque a sa
signification. L’homme représenté avec un pic sur le front représente le devin,
celui qui peut voir l’avenir. Les oiseaux sont le lien entre la vie et la mort
et volent de l’un à l’autre. Les initiés portant ces masques imposant portent
aussi une tunique faite de raffia, ou de feuilles de kapokier, de palmier, aux
couleurs de leur rôle (rouge, noir, ou blanc). Dans une tornade de poussière,
ils sautent en avant, en arrière, font des saltos, des acrobaties plus
impressionnantes les unes que les autres et sont applaudis par les villageois.
Au coucher du soleil, la cérémonie des masques prend fin et
c’est le repas qui commence. Ici, la mort d’un vieux, comme c’était le cas pour
nous, est fêtée et non pleurée, car on di que la mort est inévitable et qu’il
faut donc fêter le fait d’avoir eu une longue vie.
Montés sur nos motos (oui oui, je m’y suis mise ! il le
faut !), nous sommes ensuite rentrés pour nous remettre de nos émotions
autour d’une Brakina bien fraîche.
La semaine qui a suivi, mes efforts de recherche de
partenaires ont porté un peu leurs fruits. Nous avons pu nous rendre, mon chef,
ma collègue et moi, dans un centre d’enseignement de l’agriculture à Kokologho,
à une cinquantaine de km au sud de Ouagadougou, sur la route de Boromo et Bobo.
Sous un soleil de plomb, ce fut le moyen pour moi d’être
confrontée à la réalité du pays (dont l’économie est principalement basée sur l’agriculture),
au manque d’eau, et aux difficultés rencontrées ces dernières années face au
manque de pluies. Lorsqu’on se penche au dessus des puits, le niveau est
tellement bas, qu’on l’aperçoit à peine, et les paysans doivent chaque fois
ajouter de la longueur au fil reliant le bidon qu’ils font descendre pour
récupérer l’eau destinée à l’arrosage. Mais malgré tout, comme ils disent ici « çà
va aller ! Cette année ca ira mieux ! »... Et la vie continue !
Le début du mois de mai, c’est aussi « Jazz à Ouaga »,
la plus grande rencontre de Jazz d’Afrique de l’Ouest, réunissant des artistes
du monde entier sur les scènes ouagalaises. Boubacar Traoré, chanteur burkinabè
ayant bercé mon enfance et mon adolescence, était de la partie, mais
malheureusement ... plus de billets pour accéder à son concert.
Une scène géante et gratuite est installée pour l’occasion
sur la place des Nations, au centre de Ouaga, et de nombreux artistes y donnent
des concerts jusqu’à tard dans la nuit. De quoi rattraper la frustration de ne
pas voir Boubacar. C’est fou le nombre de personnes agglutinées sur cette
immense place, pour écouter, danser et chanter sur la musique ! Ici, tout
le monde a le rythme dans la peau et sait au moins chanter quelques morceaux ou
jouer d’un instrument. De quoi nous remettre à notre place, nous qui ne savons
pas vraiment utiliser notre popotin sur la piste ! :-) Les enfants du
centre m’initient aux pas du Coupé-décalé et du Zougoulou, styles de musique
très répandus (venant de la Côte d’Ivoire et du Ghana), et mes amis rasta au
reggae. J’espère rentrer un peu plus souple ! :-)
Comme je le disais plus haut, la saison des pluies se fait
attendre cette année, et les températures ne cessent d’augmenter, au point que
même les ouagalais commencent à s’en plaindre et à trouver le temps long. Elle
devait arriver fin avril, et à vrai dire, nous n’en avons eu qu’une, qui n’a
fait qu’humidifier les sols et rendre impraticable la route me menant au centre
... L’inquiétude grandit et les gens ont peur pour les récoltes.
Pour pallier à cette chaleur et à la transpiration qui nous
trempe tout le corps du matin au soir, nous avons décidé, avec Corinne, mon
amie belge, d’aller plus souvent à la piscine, même si çà fait cher ... Il
arrive un moment où la sueur gagne le moral !
Sur la P50 de Corinne (Chinelle pour les intimes), nous
voilà parties pour la zone du bois et ses piscines ... Petitproblème : la
courroie de démarrage nous a laissé tomber en cours de route, et nous voilà
toutes les deux assises à 39 degrés sous un arbre à attendre qu’un mécano (très
sympa d’ailleurs), nous sorte de la galère ...
Ici, c’est très courant, tout le
monde tombe en panne une à deux fois par semaine, et pour cela, des mécanos
sont installés tout le long des routes. Pour les reconnaître, il faut regarder
si une ou deux chambres à air ne seraient pas pendues à ses côtés sur un arbre
ou un clou dans un mur et que deux ou trois clefs à molette et tournevis ne
sont pas sur le sol à ses pieds. Dans ce cas, vous êtes à la bonne adresse !
Bref, après 1h sous notre arbre, nous avons pu gouter (un
peu moins que prévu !), aux joies de la piscine à 1500 FCFA (pas cher du
tout !). Ici, très peu de gens savent nager, ce n’est réservé qu’à une
certaine catégorie de personnes, et beaucoup redoutent l’eau. Ceux qui s’y
aventurent nagent comme ils le peuvent, et tentent d’apprendre quelques
mouvements. Comme dit mon ami Salif : « je nage comme un africain :
en faisant des vagues et du bruit mais sans avancer ! ». Pour cela,
lorsque certaines embarcations douteuses quittent les côtes africaines, l’ambiance
à bord reste tendue, et lorsqu’un malheur arrive, peu de gens y survivent ...
Européens, savez-vous que nager est un luxe ? Il ne faut pas l’oublier !
Pour finir, et ainsi vous raconter Bobo et Banfora au sud du
pays dans le prochain post, petite nouvelle qui chamboule mes plans. Mon
propriétaire, qui a été réélu (comme c’est bizarre, il est du CDP, le parti de
Blaise Compaoré au pouvoir !) à la mairie il y a de cela deux semaines, a
décidé de faire refaire sa cour ... Dans laquelle je loge ! Des entrées d’argent
postélectorales ? Et nous qui nous plaignons de Guéant ! Bref, il me
mets à la porte de ma maison du jour au lendemain, à la veille de l’arrivée de
Didac pour me visiter... Après des négociations tendues, il me laisse jusqu’au
30 mai, et non au 10, comme il le voulait, en me prévenant le 1er
...
Les recherches commencent donc, et un nouveau déménagement s’annonce . Un p’tit
coup d’adrénaline qui me rappelle où je suis, et comment se déroule la
politique en Afrique : le même parti au pouvoir a voté une loi n’autorisant
aucun propriétaire à mettre un locataire à la porte sans un préavis de 3 mois
... Je vous laisse donc calculer !
Sur ce, je vous dis à très bientôt cette fois, pour un
nouveau post post-vacances !
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