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Baignade |

Après notre retour et une bonne nuit de sommeil bien mérité
... (Nos fesses se souviennent de Banfora !), nous partons pour une
nouvelle journée découverte à moto, avec Salif, le petit frère d’Idrissa.
Nous
commençons par Dafra, lieu animiste en pleine forêt. Avant de partir, il ne
faut pas oublier d’acheter un jeune poulet sur la route, pour l’offrir en
sacrifice afin d’accéder au lieu de culte.
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Dafra |
Nous nous arrêtons donc au bord du goudron en sortant de
Bobo, et le poulet continue le trajet pendu par les pattes au guidon de Salif,
la tête en bas. Ici, il est tout à fait normal de voir des motos d’où pendent
un vingtaine de poules qui poussent des gloussements à chaque arrêt.

Après un (trop) court temps sur le goudron, nous commençons
à nous enfoncer en brousse par une piste de terre rouge serpentant entre des
arbres. Nous y croisons des femmes, un panier sur la tête, qui récoltent des
pierres, ainsi que des baies qu’elles iront vendre au marché. D’autres vont
couper du bois, ou cultiver, marchant sur des kilomètres sans âme qui vive.
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Dafra, mare aux poissons sacrés |
Après avoir passé un pont en pierres abandonné, sur lequel deux
enfants sortis de nulle part nous ont poursuivis pour nous serrer la main,
descendu des pierres comme sur un terrain de moto-cross, escaladé des racines
en croisant les doigts pour ne pas percer un pneu, nous sommes arrivés sous l’arbre
à partir duquel il faut marcher à pieds.
Les paysages sont à couper le souffle, de la verdure à perte
de vue, des falaises impressionnantes tombant dans une forêt luxuriante, et des
points de vue dignes du Roi Lion !
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Arbre sacré de Koumi |
Au loin, la masse sombre des arbres centenaires entourant le
lieu de culte se rapprochent doucement. Nous croisons des groupes de pèlerins avec
leur poulet au bras, ou remontant vers la civilisation après leur offrande.
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Koumi, village en terre cuite |
Nous finissons par descendre des rochers sous une voûte de
verdure, pour arriver enfin au pied d’une cascade, sur un très large rocher
plat jonché de sang séché ou frais, de plumes de toutes les couleurs, de boyaux
envahis par les mouches, et de peaux de bêtes (agneaux, chèvres), dont l’intérieur
est exposé à la vue du visiteur. Une odeur âcre s’échappe des feux allumés par
les féticheurs qui brûlent les plumes des poulets avant de leur ouvrir le
ventre pour en récupérer les entrailles que nous devons ensuite servir en
offrandes aux poissons sacrés sur une plateforme juste en dessous. Puis ils
font griller le reste et l’engloutissent.
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Koumi |
Le vieux se lève, s’approche de Salif, et lui prend le
poulet des mains. Il nous somme ensuite de le suivre jusqu’au rocher des
sacrifices, sur lequel il égorge le poulet puis le laisse se débattre jusqu’à
la mort. Didac doit tourner les yeux pour ne pas vomir. La position du poulet
lorsqu’il a fini de se battre avec la mort est très importante. S’il fini sur
le ventre, alors c’est une personne intègre et honnête qui a fait le sacrifice,
et le voeu sera exaucé. Cependant, si le poulet finit sur le dos, une part
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Guinguette, pont suspendu |
sombre habite la personne, et le voeu coûtera à nouveau un poulet, afin qu’il
finisse par se coucher sur le ventre.

Une fois nos boyaux en main, nous nous approchons des rives
de la mare aux poissons sacrés après avoir descendu quelques rochers en pente
rude. Les poisson-chats sont énormes, et atteignent parfois 1 mètre de long.
Nous remontons ensuite à travers ce paysage de contes et repartons
vers le centre pour nous restaurer, même s’il nous aura fallu le trajet pour
nous remettre.
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La Guinguette |
Après cette pause méritée, nous visitons Koumi, village en terre rouge, typique de la région, et qui garde ses traditions telles qu’elles. Le village est spécialisé dans la poterie (les « canaris » comme on les appelle ici, sortes d’immenses jarres qui servent à conserver les aliments, et dans la préparation du Dolo). Les forgerons fabriquent quant à eux des outils pour l’agriculture et des ustensile pour la cuisine.
Pour finir, nous nous
sommes dirigés vers la forêt de la Guinguette.

C’est aussi un lieu sacré de culte, mais aussi et surtout une
réserve protégée, où les animaux repeuplent doucement les arbres et le cours d’eau.
Nous avons marché, accompagnés de notre guide garde-forestier, sous des lianes,
des arbres dont la cime ne nous apparaissait même pas, entre des fougères plus
hautes que nous ...
Une nature luxuriante nous permettant de nous
revigorer un peu, au son des oiseaux et animaux sauvages qui peuplent les lieux.
Le soir, pour l’anniversaire de la mort de Bob Marley, qui est
très largement fêtée dans le pays, des concerts de reggae sont organisés dans
toutes les villes du pays. Nous sommes donc allés assister au concert live de
Samska le Jah au Théâtre de la ville en plein air. Un moment de transe
inoubliable...
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Pêcheurs de Bala |
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Bala |
Des centaines de personnes sont agglutinés sur les gradins, assis
en haut des panneaux publicitaires à plus de 8 mètres du sol, les pieds au
vent. Tout le monde saute dans tous les sens au rythme des chansons et des différents artistes qui sont venus en première partie de l’artiste. Lors de son entrée en
scène, c’est la liesse dans le public, tout le monde crie son nom, des gens
grimpent sur la scène pour être filmés ou photographiés à ses côtés, et c’est l’émoi
pendant toute la durée du show.
La chair de poule hérisse nos poils.
Un grand
moment de reggae politique, rythmé par des propos violents à l’égard des
dirigeants en place dans le pays et tous les pays voisins, ainsi que contre « l’empire
colonialiste français et européen » qui vient piller les richesses de l’Afrique
en instaurant des dictatures. Il faut se faire petits et applaudir !
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Pêcheur de Bala
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Le lendemain, nous partons pour Bala et sa mare aux
hippopotames. C’est un site classé et protégé, parc classé forêt biosphère par
l’Unesco depuis 1987. La chasse et l’élevage y sont interdits, et la pêche y
est très réglementée.
Les pêcheurs, qui nous font visiter le lac à bord de leur
pirogue de pêche, et le garde-forestier, nous ont réservé un accueil plus que
chaleureux, et nous avons beaucoup ri !
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Mare aux hippos, Bala |
Le lac est magnifique, entouré de verdure et de forêt en
tunnels dignes de paysages équatoriaux d’Amérique du Sud. De nombreuses espèces
d’oiseaux y ont élu domicile, plus majestueux les uns que les autres. Et à
quelques mètres de nous, les hippopotames nous réservent de belles surprises,
se faisant laver par des oiseaux posés sur leurs têtes, et profitant d’un
après-midi en famille.
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Bala |
Une belle promenade !
Puis, direction Koro, un village troglodyte perché sur une
colline. Ce village est peuplé d’agriculteurs, de commerçants et de forgerons ,
qui ont décidé d’élire domicile sur ce promontoire au XIXème siècle, afin de se
protéger de l’invasion et de la colonisation des musulmans de Traoré.
Le puit alimentant le village en eau est en bas de la
colline, et les femmes doivent faire le trajet à travers les rochers, un seau
sur la tête, matin et soir pour se ravitailler. Une escalade impressionnante.
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Koro |
Il existe deux types de fétiches, comme à Bobo, par maison
(sur le toit, ou bien incrusté dans l’entrée de la maison), et collectifs. Et
ces fétiches se distinguent par ceux dits de vœux (un nouveau travail, des enfants,
des jumeaux, de l’argent ...) et ceux de protection (de la famille, contre les
maladies, la faim...). Lorsque les vœux se réalisent ou que la famille se sent
protégée, on offre un poulet qu’on égorge sur le fétiche avant d’étendre le
sang sur le sol en guise de remerciements.
Nous rentrons fatigués mais la tête bien remplie sur Bobo.
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Fétiches dans le village de Koro |
Le lendemain, nous achetons des mangues (très recherchées
sur Ouaga qui n’en produit pas), qui s’appellent «
mangues-ananas »
pour leur goût intense proche de l’ananas et leur taille impressionnante de la
taille d’un ballon de foot.

Une distribution sera faite lors de notre retour, pour régaler les papilles de nos amis ouagalais.
Le carton (acheté pour 100 FCFA à un vieux spécialisé dans la vente de cartons réutilisés : recyclage !) est chargé dans les soutes du bus, aux côtés des motos, sacs de riz, de mil, et de toutes sortes de victuailles ou matériaux en tous genres, et hop ! c’est parti ! A coups de klaxons toutes les 15 secondes sur tout le trajet bien sûr !
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Koro, village perché |
Un gros dodo, et je réattaque le boulot le jour suivant !

Très belles photos Lucile et très beau récit. Mais dis moi, tes photos, ne les aurais tu pas volé sur le site Kirikou.com?
ReplyDeleteBisous de Hambourg ou les seuls animaux c'est nous, travailleurs contemplant Outlook pendant des heurs comme si il s'agissait d'un Rembrandt ;)
Tschüss et continue de kiffer la vive :)
Ahahahah! comment tu as deviné Ayo? Tu as l'esprit clair et limpide!
ReplyDeleteBon courage à toi, travailleur immigré, à un poste de sous-fifre devant se plier aux ordres d'un chef egocentrique!
a plus!