Motos deux roues ou trois roues, vélos de toutes tailles et
de tous types, charrettes tirées par des ânes, bus où s’entassent les gens à l’arrière
et sur le toit accompagnés de leurs vélos, motos et de toutes sortes de
marchandises, camions remorquant des tas de choses (métaux, or, pétrôle,
chèvres, cochons, terre, Brakina la bière locale...) et encore des hommes,
perchés sur les tas ou pendus là où la place le leur permet afin de faire une
sieste le temps du trajet.
C’est un monde parallèle au notre, où les valeurs qu’ils
partagent sont à l’opposé de ce que nous concevons chez nous, dans nos maisons
climatisées avec un accès à l’électricité, une douche et des toilettes sur
lesquelles on peut s’asseoir et lire le journal (non, Papa ! Voyons, je ne
fais pas référence à toi ! :-D). C’est la débrouille au quotidien, la
solidarité et le partage. Lorsque tu rencontres une difficulté, tu ne peux pas
la qualifier de difficulté. Il y a toujours une solution, et si vraiment c’est
« trop compliqué », comme ils le disent ici, c’est certainement l’un
ou l’autre des dieux qui l’a décidé comme çà. Parfois, c’est très
déconcertant. Un accident, un mort, c’est comme si rien ne les affectait, comme
si leur sourire ne pouvait jamais s’éteindre. Pourtant, il est humain d’être
triste, mais ici, face à la misère et aux difficultés du quotidien, c’est comme
si s’attrister était perdre son temps et ennuyer les autres. Il ne faut pas partager
sa douleur trop souvent, même si les autres peuvent la ressentir et se
rapprocher de toi pour te soutenir sans te dire.
Le mari de Gladys, la responsable des éducateurs, a eu un
accident dimanche, un « fou » comme ils disent ici pour parler d’un
attardé mental, a traversé le goudron sans regarder, et son mari lui est rentré
dedans. Le fou s’en est sorti sans rien, mais le mari de Gladys a perdu 4 dents
dans l’accident et a de nombreuses blessures au visage. Tout le monde ici est
allé lui rendre visite, mais personne n’a parlé de ses blessures. Si je m’étais
basé sur ce qu’on disait, il allait parfaitement bien, bien qu’il soit obligé
de rester à la maison, qu’il ne puisse plus manger correctement et qu’il ne
sache pas s’il aura les moyens de se repayer des dents. Cette vision des choses
me permet aussi de me remettre en question. Certains problèmes ne méritent pas
que l’on y soit attentif, et il vaut mieux vivre que de s’arrêter et d’y prêter
plus d’attention qu’il ne se doit.

Rasta est quelqu’un de généreux et ouvert, mais parfois sa naïveté prend le dessus, et comme il pense que tout le monde est comme lui, il
se fait bananer régulièrement. Il en avait parlé à Malou, qui lui avait dit que
je pouvais lui venir en aide pour ses comptes et l’organisation de son maquis,
car il perd énormément et malgré son optimisme à toute épreuve çà le rend un
peu triste. J’ai donc utilisé mes deux jours de congé, lundi et mardi, pour l’aider.
On est allés à l’ombre sous le hangar à côté de son maquis, avec deux cahiers
qu’il avait acheté pour l’occasion, une table et deux chaises en plastique sur
la terre qu’ils venaient de retourner, et on y a passé 4h. On a d’abord écrit
ce qu’il dépensait pour acheter les condiments, les légumes, le riz, les pâtes,
les boissons ..., puis combien il les vend. Puis, je lui ai expliqué les
calculs qu’il devait faire pour savoir s’il faisait des bénéfices ou pas. J’ai
ensuite fait un tableau, sur lequel ses employés doivent faire des traits pour
compter plus ou moins le nombre de plats et de soupes qu’ils vendent par jour,
pour savoir si c’est de là que viennent ses problèmes de recettes. Il était
très studieux et très content, cela lui a permis de reprendre confiance, et de
prendre en main la partie gestion de sa boutique qu’il avait fini par
abandonner.
C’est vraiment incroyable, ici les gens ont un nombre de données
incroyable dans la tête, tous les prix des aliments, combien de sacs de riz il
reste ... Une mine d’informations ! Comme rien n’est écrit, c’es un peu
plus compliqué pour nous, occidentaux, qui avons l’impression que sans l’écrit
nous serons perdus ! :-D
J’ai le même « problème » au boulot : mes
chefs ont tout en tête, mais ne sont là que très rarement, ce qui m’oblige à
leur soutirer toutes les infos stockées dans leur cerveau chaque fois qu’ils
pointent le bout de leur nez, sous peine de ne pas pouvoir avancer ! eheheheh !
C’est donc sur ce point studieux que je vous laisse, les
enfants m’attendent pour faire un Uno avant de manger le repas de midi ! :-)
Bisoux et Bilfou!
C'est génial tout ce que tu racontes :-D
ReplyDeleteEn tout cas, ma phrase préféré est celle-ci:
"Lorsque tu rencontres une difficulté, tu ne peux pas la qualifier de difficulté. Il y a toujours une solution..."
Combien des fois les gars ils ont essayé de donner des solutions à leurs copines ou épouses mais selon elles il n'y avait pas de solution...
Je suis très heureux que ma copine ait finalement appris cette leçon.
Ne le prend pas au premier degré. Je t'aime mon amour ;-)
Un billet humain, sensible et généreux. A l'image de l'auteure et de l'expérience qu'elle vit... J'attends impatiemment le prochain post. Je pense très fort à toi, prends biens soin de toi, je t'embrasse fort ma poule !
ReplyDeleteMerci à vous pour tous ces commentaires et ces compliments! Je suis vraiment heureuse de pouvoi partager ces moments avec vous! Bises chaudes du Burkina!
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