Cela fait maintenant plus d’un mois que j’ai posé les pieds
sur le sol burkinabè, et je continue à découvrir cette étonnante culture. (image: quartier de Kologh-Naba, bord du barrage)
La semaine dernière, après avoir passé la semaine sur le dossier pour les financements de l’Union européenne (jusqu’au dimanche tard dans la nuit), je suis allée faire ... Du cheval ! Ici, au Burkina, beaucoup de traditions continuent à se transmettre de générations en générations, et parmi elles la pratique du cheval, que cela soit dompter, voltiger, ou simplement monter. Durant la semaine, nous étions allés boire un verre au Jamaïca, un maquis très connu des rastas de Ouaga qui ne fait que du reggae, et j’ai commencé à discuter avec le DJ. Il m’a alors expliqué qu’il avait deux chevaux, Jamaïca et Africa, et qu’il faisait partie de la (très grande !) famille spécialiste des chevaux à Ouaga. Il m’a donc invitée à aller monter dans les ruelles bondées non-goudronnées du quartier de Kologh-Naba, au milieu des enfants qui jouent aux billes, au pneu (qu’ils transforment en cerceaux et qu’ils suivent en courant), à se bousculer, ou tout simplement qui lisent un livre poussiéreux pour réussir à l’école.

Ce weekend, nous avons dit au revoir aux belges qui ont « demandé la route » comme on dit au Burkina (soit « rentrés chez eux »). C’était très étrange, car je m’étais habituée à cette présence européenne à mes côtés, et que dorénavant, je reste la seule blanche à des kilomètres à la ronde. Mais Yélékabé, heureusement je suis maintenant bien entourée et je n’ai pas trop peur de la solitude.
Vendredi soir, nous avons dégusté un super repas au centre
Kamzaka avec les enfants (brochettes de soja, riz gras à la viande de porc, « mougoudougous »
faits par nos soins et « tchoco », sortes de boules très dures que
les enfants cassent contre les murs puis décortiquent avec la bouche pendant
des heures : pas bon !), suivi d’une séance de danse coupé-décalé et
danses traditionnelles de la part des enfants qui ont le rythme dans la peau et
sont meilleurs danseurs que bien des gens chez nous !
(image: dernier repas chez les belges)
(image: dernier repas chez les belges)

Après une sieste de quelques heures l’après midi du samedi
allongée sur une natte sur la terrasse devant chez moi à l’ombre de l’arbre à
écouter de la musique, je suis allée rejoindre l’homme chargé de véhiculer les bagages
des belges de chez eux au goudron (pas loin d’un km de trous et bosses dans le
noir). Nous sommes allés chez eux sur son taxi-moto à trois roues, assise sur
le rebord de la remorque pour lui indiquer le chemin. (Mon fessier s’en
souvient encore !). Après le chargement et la route chaotique, nous avons
tout déposé sur le bord du goudron, négocié un taxi pour l’aéroport (2000/2000
fcfa), et enfourné les bagages dans le coffre ... Il y en avait tellement, que
le chauffeur a fait tenir çà avec une corde, et qu’ils ont failli en perdre un
en route, ahahahah !
Je suis montée derrière Rasta (Thomas), et nous nous sommes
retrouvés (après une pause dolo pour rasta et moi), dans le bar devant l’aéroport
pour se faire nos adieux. Pas facile, pas les mots, mais tous les gens qui
avaient compté étaient là.
Pour éviter la déprime, même si ici personne n’est triste (ou
en tout cas, c’est ce qu’ils disent) et personne ne veut exprimer ses
sentiments, nous sommes allés danser un peu avec Rasta au son d’un live au
Madiba, un autre bar très réputé pour son reggae.
Lundi et mardi, pour mes congés, je suis allée rejoindre
Salif, Ami, une amie (eheheh !), Ali (son « petit pompier »
comme elle l’appelle, soit « petit copain ») et Moussa, un grand
rigolo !
Nous avons passé l’après-midi à boire du thé sur les bords
du barrage n°2, dans les « bas-fonds », comme ils disent ici, à l’ombre
des manguiers, entourés des chevaux qui paissent dans cette verdure si rare, et
de toutes sortes d’animaux. Sur les barrages, les pêcheurs s’activent du matin
au soir, les pieds dans l’eau jusqu’à la taille, un chapeau mossi vissé sur la
tête, et trempent des paniers qu’ils tirent avec des cordes pour attraper les
poissons qu’ils vendent ensuite grillés au bord des routes ... Attention à la
cuisson, les barrages servent aussi de décharge et sont gorgés de cadavres
humains et animaliers...
(image: au bord du barrage n°2, Ami et Ali)

(image: près des chevaux et des forgerons, bord du barrage n°2)

J’ai passé le reste de la semaine, jusqu’à aujourd’hui
inclus, à travailler beaucoup pour le centre, réunion après réunion, dossier
après dossier, pour régler les problèmes de communication et trouver de
nouveaux partenaires qui nous permettraient de tenir jusqu’à janvier 2014,
début du contrat de financement de 3 ans par l’UE... Mail après mail, lettre
après lettre, je commence à récolter des réponses et à les introduire en Excel
...
Petit à petit, l’oiseau fait son nid !
Mardi, je suis allée, en compagnie de Catherine, qui vient
faire la cuisine (pour découvrir des plats) et manger avec moi une fois par
semaine, au Grand Marché. C’est le « souk » de Ouaga, pour ceux qui
connaissent le Maghreb. Un plaisir des yeux, un brouhaha pour les oreilles, et
un nez qui se remplit de mille et unes odeurs plus épicées et inconnues les unes
que les autres. C’est une sorte de bâtiment, en plein centre, de plusieurs
étages, dans lequel tu commences en bas, puis tu montes, tu montes, tu montes,
et tu fais le tour d’un dédale de ruelles plus fines et bruyantes les unes que
les autres. Mais c’est une telle animation, une telle euphorie, que j’aime m’y
plonger.
(image: étale d'épices au Grand Marché)


Mercredi : tressage sous le kiosque, dans la cour de Kamzaka, entourée des enfants et des femmes des alentours qui venaient chacun à leur tour, pour me donner leur avis ... et paracétamol pour dormir un peu : ca tireeeeeeeeeeeeeee !!! Mais le résultat est plutôt pas mal, et niveau « aérations du crâne », je respire !!!
Voilà pour cette chronique un peu plus longue que les
autres, j’espère vous avoir fait vivre bilibilfou (un tout petit peu) cette
aventure décoiffante !
A très bientôt, bon weekend de Pâques à tous, que je
fêterai en bonne burkinabè !