Vue de la maison de Clem |
Ce qui frappe lorsqu’on arrive dans cette capitale, c’est
son contraste avec les capitales du reste de la sous-région. Ouagadougou et ses
4 routes goudronnées n’est pas prête de rivaliser avec Abidjan, ses écrans
publicitaires à la new yorkaise, ses ponts, routes et ses voitures en pagaille.
Je vais tenter, par mes mots, de vous expliquer mon ressenti, et de vous faire
visiter les modestes recoins que nous avons pu arpenter.
Tout d’abord, le
quartier où Clémentine, mon hôte, habite : Marcory Remblais (dis-moi si je
me trompe poulette !).
Un quartier populaire au sud-est de la ville, logé
sur une île qui se rejoint par un pont. C’est aussi la particularité de la
ville, on ne sait plus si on est sur une île, sur le continent, si on est à
gauche ou à droite de la lagune, même si on connaît à peu près les quartiers
après quelques jours. A l’est de ce quartier se trouve Koumassi, quartier lui
aussi populaire en bord de mer.
Une voisine qui cuisine |
Lorsqu’on arrive « au quartier », on découvre des
immeubles de 4 à 6 étages, reliés par des ruelles qui s’enfoncent dans le
ventre de la zone. Comme à chaque fois, il ne faut pas se perdre, parce que les
noms de rue ce n’est pas le dada de tout le monde ici non plus, même si cela
est moins marqué qu’à Ouagadougou. Les vendeuses d’atiéké sont alignées, les
unes à côté des autres et hèlent les passants (surtout lorsqu’ils sont tubabs),
en tentant de crier plus fort que les klaxons répétitifs des taxis. Après avoir
salué le boutiquier du bas de l’immeuble, on escalade les marches du bâtiment,
salués par les trois poules qui couvent devant la porte d’entrée. A chaque
étage, c’est comme un petit quartier. Tout le monde se connaît, se salue,
échange, même si tout est séparé par des grilles. C’est comme les boutiques,
ici on y rentre pas, comme à Ouaga. Je l’ai appris à mon insu, en essayant d’ouvrir
la grille d’un commerçant qui s’est mis à hurler en me demandant pourquoi j’essayais
de fracturer sa porte. Ca, c’est à cause de la guerre et des affrontements,
pour ne pas se faire tout cambrioler.
Le
quartier est vivant, il y a de nombreux maquis, et de quoi manger tous les 2
mètres environ : poulet, poisson, atiéké, foufou, et j’en passe ! Un
défilé de plats qu’on aimerait goûter à chaque fois, bercés des odeurs qui s’en
échappe à notre passage, prenant même le dessus sur les odeurs d’échappements
de la rue. Lorsqu’on marche un peu, on arrive au Marché de Marcory, un
immense bâtiment, comme un stade de foot (c’est ce que j’ai cru au premier coup
d’oeil !), sous lequel des centaines de commerçants, organisés par
secteurs, partage l’espace en serrant leurs étalages les uns aux autres pour
gagner de la place. Lorsqu’on entre, on trouve d’abord les vendeurs de
chinoiseries (tous les gadgets inutiles importés par les asiatiques, très
présents sur le continent), puis les vêtements et les chaussures ainsi que les
accessoires de beauté. Ensuite, on s’enfonce encore un peu plus, happés par l’obscurité,
pour arriver aux vendeurs de tissus, de souvenirs artisanaux, etc. Plus loin,
ce sont les légumes, les condiments comme on appelle ca ici : épices,
herbes, piments, tout ce qu’on ajoute dans les préparations de base pour y
mettre du goût.
Ca sent bon et mauvais en même temps, suivant que l’on se
trouve face au poisson séché ou aux salades et concombres. Après cela,
boucherie et poissonnerie. Le lieu où l’on a pas trop envie de s’attarder, à la
vue des millions de mouches et à l’odeur âcre qui s’insinue dans nos narines.
Enfin, les savons, les produits ménagers et tous les ustensiles de cuisine et
pour la maison. Ca pend dans tous les sens, et certains entassent les
objets, comme une montagne qui est sur le point de s’écrouler, mais qui tiendra
encore 1000 ans avant de penser le faire.
![]() |
Vendeuse de tissus au Marché Treichville |
Arrivés de l’autre côté, à nouveau à la lumière, retour aux
tissus colorés que je ne peux m’empêcher de fouiller avec Clémentine, emportant
4 pagnes pour me faire coudre des vêtements. On s’y fait prendre à chaque fois !
Lorsqu’on passe le Pont du Général De Gaulle, on se retrouve
en Europe. Même les pharmacies ressemblent à celle que nous avons dans nos
villes et villages français, avec la croix verte qui clignote. Ah oui, ici,
contrairement à Ouaga, il n’y a pas de coupures de courant. Seulement certaines
coupures d’eau qui se gèrent en stockant dans des seaux pour pouvoir se laver
et faire la cuisine quand le robinet ne fonctionne pas. Bref, les pharmacies, c’est
vraiment fou ! A Ouaga, tu as plus l’impression de te trouver dans un
dépôt pharmaceutique, avec quelques étagères et des cartons sur le sol, alors
que là, j’ai l’impression d’être à Valence, chez moi en France, et de rentrer
dans la pharmacie qui fait l'angle de chez ma mère ! Et ils ne sont jamais
en rupture de stock, t’obligeant, à Ouaga, à te faire 6 pharmacies pour trouver
ton produit.
![]() |
Petite pause midi au marché |
La circulation est très dense, il n’y a pas autant de motos
qu’au Burkina, et cela pose de gros problèmes de trafic, les feux n’étant pas
plus respectés que dans le pays voisin ! EN compagnie de Clément, nous
avons pu remonter les boulevards et flâner dans les alentours de l’Institut
Français d’Abidjan où j’avais rendez vous avec France Volontaire et quelqu’un
de l’IF pour tenter de me dégoter un nouvel emploi ou un stage. Il y a des
trottoirs, des boutiques plus ou moins luxueuses, et même des gens pressés, ce
qu’on ne trouve pas au Burkina ou dans le quartier Marcory. On sent qu’on a
changé d’ambiance !
![]() |
Vue depuis Blockhauss sur les quartiers riches |
Un des nombreux soirs de fiesta en compagnie de Clémentine
mais aussi de Justine, une autre compatriote de Master, nous sommes allés dans
le quartier où la fête bat le plus son plein. Eh oui ! Si on va à Abidjan,
on doit y faire la fête, c’est la capitale du coupé décalé, et un centre
important de reggae men renommés ! Le quartier s’appelle Blockhauss
(prononcé : blokoss) et se trouve exactement en face de l’île où se trouve
Marcory, en bord de lagune. Après être sortis du goudron, nous nous enfonçons
dans le noir dans un quartier populaire, pour déboucher sur une ruelle ultra
animée. Là, nous entrons dans un des bars, un bar reggae, où nous nous amusons
comme des fous juqu’à tard dans la nuit. Un autre soir, c’est le bar d’à côté,
ambiance coupé décalé, qui a fait l’objet du choix, avec sa multitude d’étudiants
bourrés, les uns déguisés en filles, les autres en garçons, et qui nous ont
attrapés, tous autant que nous étions, pour nous faire virevolter au son des
musiques à la mode (Arafat et ses compatriotes). Bref, d’excellents moments à
ne pas rater dans la capitale !
Un autre quartier pour sortir, Cocody, mais là, c’est
nettement plus bourgeois, et nous y sommes nettement moins à notre aise... Même
si nous y avons aussi dansé jusqu’à pas d’heure !
![]() |
Le foufou |
Treichville, un autre quartier à ne pas manquer, surtout son
marché, une vraie caverne d’Ali Baba ! C’est le quartier où travaille
Clémentine, et j’y suis allée flâner et me perdre plusieurs fois pour y
découvrir une zone populaire où les gens vivent tranquillement, au gré du vent,
nettement plus présent qu’à Ouaga. Ben oui ! On est en bord d’océan ! :D
Ici, c’est un quartier de pêcheurs, et on y trouve d’excellents poissons !
Comme je ne suis pas très pêche, j’opterais plutôt pour un bon poulet !
Cette expérience ivoirienne m’a apporté encore énormément. J’ai
appris, vu, senti, ressenti, encore de nouvelles sensations, rencontré encore
de nouvelles personnes, toutes plus sympathiques les unes que les autres, et
certains de ces moments resteront gravés dans ma mémoire.