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Saturday, November 23, 2013

Abidjan, petite visite de la ville

Vue de la maison de Clem
Ce qui frappe lorsqu’on arrive dans cette capitale, c’est son contraste avec les capitales du reste de la sous-région. Ouagadougou et ses 4 routes goudronnées n’est pas prête de rivaliser avec Abidjan, ses écrans publicitaires à la new yorkaise, ses ponts, routes et ses voitures en pagaille. 
Je vais tenter, par mes mots, de vous expliquer mon ressenti, et de vous faire visiter les modestes recoins que nous avons pu arpenter. 

Tout d’abord, le quartier où Clémentine, mon hôte, habite : Marcory Remblais (dis-moi si je me trompe poulette !). 
Un quartier populaire au sud-est de la ville, logé sur une île qui se rejoint par un pont. C’est aussi la particularité de la ville, on ne sait plus si on est sur une île, sur le continent, si on est à gauche ou à droite de la lagune, même si on connaît à peu près les quartiers après quelques jours. A l’est de ce quartier se trouve Koumassi, quartier lui aussi populaire en bord de mer.
Une voisine qui cuisine

Lorsqu’on arrive « au quartier », on découvre des immeubles de 4 à 6 étages, reliés par des ruelles qui s’enfoncent dans le ventre de la zone. Comme à chaque fois, il ne faut pas se perdre, parce que les noms de rue ce n’est pas le dada de tout le monde ici non plus, même si cela est moins marqué qu’à Ouagadougou. Les vendeuses d’atiéké sont alignées, les unes à côté des autres et hèlent les passants (surtout lorsqu’ils sont tubabs), en tentant de crier plus fort que les klaxons répétitifs des taxis. Après avoir salué le boutiquier du bas de l’immeuble, on escalade les marches du bâtiment, salués par les trois poules qui couvent devant la porte d’entrée. A chaque étage, c’est comme un petit quartier. Tout le monde se connaît, se salue, échange, même si tout est séparé par des grilles. C’est comme les boutiques, ici on y rentre pas, comme à Ouaga. Je l’ai appris à mon insu, en essayant d’ouvrir la grille d’un commerçant qui s’est mis à hurler en me demandant pourquoi j’essayais de fracturer sa porte. Ca, c’est à cause de la guerre et des affrontements, pour ne pas se faire tout cambrioler.

                Le quartier est vivant, il y a de nombreux maquis, et de quoi manger tous les 2 mètres environ : poulet, poisson, atiéké, foufou, et j’en passe ! Un défilé de plats qu’on aimerait goûter à chaque fois, bercés des odeurs qui s’en échappe à notre passage, prenant même le dessus sur les odeurs d’échappements de la rue. Lorsqu’on marche un peu, on arrive au Marché de Marcory, un immense bâtiment, comme un stade de foot (c’est ce que j’ai cru au premier coup d’oeil !), sous lequel des centaines de commerçants, organisés par secteurs, partage l’espace en serrant leurs étalages les uns aux autres pour gagner de la place. Lorsqu’on entre, on trouve d’abord les vendeurs de chinoiseries (tous les gadgets inutiles importés par les asiatiques, très présents sur le continent), puis les vêtements et les chaussures ainsi que les accessoires de beauté. Ensuite, on s’enfonce encore un peu plus, happés par l’obscurité, pour arriver aux vendeurs de tissus, de souvenirs artisanaux, etc. Plus loin, ce sont les légumes, les condiments comme on appelle ca ici : épices, herbes, piments, tout ce qu’on ajoute dans les préparations de base pour y mettre du goût. 
Ca sent bon et mauvais en même temps, suivant que l’on se trouve face au poisson séché ou aux salades et concombres. Après cela, boucherie et poissonnerie. Le lieu où l’on a pas trop envie de s’attarder, à la vue des millions de mouches et à l’odeur âcre qui s’insinue dans nos narines. 
Enfin, les savons, les produits ménagers et tous les ustensiles de cuisine et pour la maison. Ca pend dans tous les sens, et certains entassent les objets, comme une montagne qui est sur le point de s’écrouler, mais qui tiendra encore 1000 ans avant de penser le faire.
Vendeuse de tissus au Marché Treichville
Arrivés de l’autre côté, à nouveau à la lumière, retour aux tissus colorés que je ne peux m’empêcher de fouiller avec Clémentine, emportant 4 pagnes pour me faire coudre des vêtements. On s’y fait prendre à chaque fois !

Lorsqu’on passe le Pont du Général De Gaulle, on se retrouve en Europe. Même les pharmacies ressemblent à celle que nous avons dans nos villes et villages français, avec la croix verte qui clignote. Ah oui, ici, contrairement à Ouaga, il n’y a pas de coupures de courant. Seulement certaines coupures d’eau qui se gèrent en stockant dans des seaux pour pouvoir se laver et faire la cuisine quand le robinet ne fonctionne pas. Bref, les pharmacies, c’est vraiment fou ! A Ouaga, tu as plus l’impression de te trouver dans un dépôt pharmaceutique, avec quelques étagères et des cartons sur le sol, alors que là, j’ai l’impression d’être à Valence, chez moi en France, et de rentrer dans la pharmacie qui fait l'angle de chez ma mère ! Et ils ne sont jamais en rupture de stock, t’obligeant, à Ouaga, à te faire 6 pharmacies pour trouver ton produit.
Petite pause midi au marché

La circulation est très dense, il n’y a pas autant de motos qu’au Burkina, et cela pose de gros problèmes de trafic, les feux n’étant pas plus respectés que dans le pays voisin ! EN compagnie de Clément, nous avons pu remonter les boulevards et flâner dans les alentours de l’Institut Français d’Abidjan où j’avais rendez vous avec France Volontaire et quelqu’un de l’IF pour tenter de me dégoter un nouvel emploi ou un stage. Il y a des trottoirs, des boutiques plus ou moins luxueuses, et même des gens pressés, ce qu’on ne trouve pas au Burkina ou dans le quartier Marcory. On sent qu’on a changé d’ambiance !

Vue depuis Blockhauss sur les
quartiers riches
Un des nombreux soirs de fiesta en compagnie de Clémentine mais aussi de Justine, une autre compatriote de Master, nous sommes allés dans le quartier où la fête bat le plus son plein. Eh oui ! Si on va à Abidjan, on doit y faire la fête, c’est la capitale du coupé décalé, et un centre important de reggae men renommés ! Le quartier s’appelle Blockhauss (prononcé : blokoss) et se trouve exactement en face de l’île où se trouve Marcory, en bord de lagune. Après être sortis du goudron, nous nous enfonçons dans le noir dans un quartier populaire, pour déboucher sur une ruelle ultra animée. Là, nous entrons dans un des bars, un bar reggae, où nous nous amusons comme des fous juqu’à tard dans la nuit. Un autre soir, c’est le bar d’à côté, ambiance coupé décalé, qui a fait l’objet du choix, avec sa multitude d’étudiants bourrés, les uns déguisés en filles, les autres en garçons, et qui nous ont attrapés, tous autant que nous étions, pour nous faire virevolter au son des musiques à la mode (Arafat et ses compatriotes). Bref, d’excellents moments à ne pas rater dans la capitale !

Un autre quartier pour sortir, Cocody, mais là, c’est nettement plus bourgeois, et nous y sommes nettement moins à notre aise... Même si nous y avons aussi dansé jusqu’à pas d’heure !
Le foufou
Treichville, un autre quartier à ne pas manquer, surtout son marché, une vraie caverne d’Ali Baba ! C’est le quartier où travaille Clémentine, et j’y suis allée flâner et me perdre plusieurs fois pour y découvrir une zone populaire où les gens vivent tranquillement, au gré du vent, nettement plus présent qu’à Ouaga. Ben oui ! On est en bord d’océan ! :D Ici, c’est un quartier de pêcheurs, et on y trouve d’excellents poissons ! Comme je ne suis pas très pêche, j’opterais plutôt pour un bon poulet !
Cette expérience ivoirienne m’a apporté encore énormément. J’ai appris, vu, senti, ressenti, encore de nouvelles sensations, rencontré encore de nouvelles personnes, toutes plus sympathiques les unes que les autres, et certains de ces moments resteront gravés dans ma mémoire.

Merci à toi, Clémentine, de m’y avoir accueillie, de m’avoir servi de guide et de maman durant tout le séjour, et de m’avoir enseigné comment ouvrir une noix de coco en deux leçons au beau milieu de ton salon, avec toute la grâce d’une femme Cro-Magnon. Merci aussi à Bamba, grand handballeur national et son cadeau aux couleurs ivoiriennes que je m’amuse à porter dans les rues de Ouaga.
J’espère vous avoir offert un petit voyage (sur)réaliste en terres ivoiriennes à votre goût, au travers de mes modestes yeux de toubab.


Et maintenant, Tchou Tchou !!! C’est le retour en train pour 36h dans l’autre sens, avec pour voisin un militaire ivoirien au grand cœur, et une troupe de femmes de caractère qui ont animé le wagon du départ à l’arrivée !






Friday, November 22, 2013

Grand Bassam, paradis entre histoire et présent

Départ tôt ce matin pour Grand-Bassam, en taxi-brousse surnommés ici « woro-woro », depuis Abidjan. 
ancienne maison coloniale
transformée en maquis
Les gars, pressés de remplir leurs camionnettes, hèlent tous les passants dans la rue et négocient serré pour obtenir un pourcentage. 

Une fois que tout le monde est bourré dedans, on claque la porte, deux coups sur la portière, et c’est le départ dans un nuage noir d’échappements.
Super ! Après avoir négocié notre montée au carrefour « Grand Bassam », c’est à dire celui où tous les woro-woro pour cette destination sont stationnés, en attendant de se remplir le ventre et de filer sur la voie, nous voilà montés ! En plus, chanceux ! Au fond, près de la fenêtre pour respirer un peu, avec le paysage qui défile devant nos yeux.

Toutes les 10 minutes environs, un flot monte et un flot descend, comme une musique, un refrain bien huilé qu’eux seuls peuvent comprendre. Pour nous, c’est comme une chanson en langue étrangère que tu entends, qui te plaît, mais dont les paroles t’échappent. Pour finir, tu connais les rythmes et quelques intonations, mais ca te suffit pour la fredonner. Il suffit simplement de le transposer et vous capterez sûrement ce que nous avons vécu et vivons ici.
Entre passé et présent
Après un défilé de palmiers, des bouts de vue sur l’océan, et un goudron tout droit longeant un immense terrain militaire, nous voilà à Grand-Bassam.

Cette ville est étrange. Entre paradis et fantômes, elle sent bon l’océan imprégné d’une odeur âcre de murs en ruines, mangés par les plantes grimpantes, tristes vestiges de la colonisation.
Nous voilà donc partis à pieds, à l’aide d’un guide touristique inutile, ou plutôt si, il nous aide à nous perdre dans le dédale de rues de la ville, avant de comprendre ... que la carte est à l’envers ! :D

Perdus au pied d’un phare abandonné, où des enfants jouent à pousser des pneus de bicyclette, ou, pour les plus studieux, étudient à l’ombre de la tour, nous continuons le voyage dans le passé.
Escargots à l'ivoirienne!
Au détour d’une rue, nous rencontrons des habitants, tous enfermés dans le doux souvenir des temps heureux, précédant les deux crises consécutives de 2006 et 2011. « Ici y’avait plein de toubabs ! (les blancs) On en voyait tous les jours ! Mais ils ont fuit, ils ont peur, ils croient qu’on se bat encore ici. Pourtant tu vois comme c’est tranquille, non ? Il faut aller leur dire ! Nous on aime les blancs ! ». Il rit, bien sûr, on sait ce qu’il veut sous-entendre : c’est de l’argent qui rentre. Et il a raison !
Si les gens savaient ce qu’ils ratent à ne pas aller y faire un tour !

A force de demander notre route à tout le monde et de se perdre (ou pas !), nous apprenons qu’il faut passer le pont pour aller dans le quartier « français » où se trouvent tous les vestiges et les lieux touristiques. Nous montons donc dans un taxi orange, chauffeur rasta et musique reggae à fond, qui, parlant sans s’arrêter, nous raconte un peu la ville. Comme la faim nous guette, il nous dépose devant le restaurant qu’il dit être le meilleur pour les fruits de mer, et repart dans un crissement de pneus.

L’endroit est calme. Situé sur la lagune, la terrasse est reposante. Personne. Seul un couple non marié est assis à une table voisine, et le serveur, qui ne comprend rien à ce qu’on lui demande, nous amène les plats petit à petit. Nous avons décidé de goûter : escargots de Côte d’Ivoire (énormes !!!! En brochette, de couleur noir, de la taille de deux doigts de mon grand-père côtes à côtes, ils trempent dans une excellente sauce tomate aux oignons), crevettes, poisson, presque impossible de finir, mais tellement bon !

Après un p’tit café, nous repartons à la conquête du quartier, intrigués par ces bâtisses de l’ère coloniale, dont la couleur des murs s’efface. On distingue légèrement le contour des portes, le bleu des volets, le rosé des murs. Le temps les effacent doucement, prenant ses aises et laissant au visiteur la possibilité d’entrevoir encore ce passé peu glorieux.
L'ancien théâtre

En nous faufilant dans ces rues, nous tombons face à ce qui ressemble à un ancien théâtre. En face, une petite baraque, devant laquelle un rasta fait sa lessive. A notre passage, il lève les yeux, et, étonné de nous voir, il s’approche:
« Ca va les amis ? Besoin d’un guide ? ». 
Nous sommes méfiants. En règle générale, ils te guident pour finalement te demander de l’argent que tu n’as pas... 
« Non, non, ca va, non merci ! »
« Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas d’argent, juste raconter ma ville ! ». 
Dans ce cas ... 
« C’est quoi ce bâtiment ? »
« Un ancien théâtre, comme vous le disiez. Il y avait même un étage et c’était bourré ! Mais comme y’avait pas les moyens, on a pas retapé ! En face, ici, c’était un cinéma. Jusqu’à il n’y a pas très longtemps, on y projetait encore des films, mais c’est fini. Avec la guerre, tout ca, on l’a laissé à l’abandon. 
Et comme ya plus les touristes, sauf vous, ben ... On a pas voulu y mettre l’argent. Ils préfèrent le bouffer ! ».
Vestiges fantômes de Grand Bassam


Après avoir papoté encore quelques instants, sur le passé et surtout le futur (il ne perd pas l’espoir de revoir un jour les touristes affluer avant sa mort) nous le remercions et continuons notre route, le laissant avec son linge.

Arrivés à un croisement, ou des jeunes sont assis, sur leurs motos, discutant à l’ombre d’un vieux bâtiment, une vieille nous accoste en hurlant. 
« Tubabu !!! Hey !! Tubabu !!! Faut m’acheter mes caramel, là, c’est moi même je les fait !!! ». 
Les enfants s'esclaffent sur les photos
Arrivée sur nous, tous les regards sont tournés dans notre direction, et les sourires commencent à se dessiner sur le visage des gens. Elle commence, toujours en criant, à nous dire ce qu’elle pense de la colonisation et de la guerre, et surtout des jeunes qui traînent dans le coin et qui n’ont plus d’emploi. Je lui paye des caramels, en plus c’est vrai qu’ils sont bons. 
Un des jeunes s’approche alors, un peu timide et nous propose de nous accompagner pour visiter le coin. 

On se regarde avec Clément : Oui ou non ? Allez... Ok ! Nous voilà partis tous les trois, et c’est un conte qu’il nous raconte. Nous voyageons dans le temps, son père était domestique pour l’une de ces famille, et il raconte ses histoire, celles de son père et les siennes, avec son regard d’enfant. Nous passons de maison en maison, escaladons les ruines, passons des portes qui ne se voient pas, montons des escaliers prêts à tomber pour admirer des vues imprenables sur la ville, accompagnés par une troupe d'enfants qui s'amusent à imiter des pas de danse que j'improvise et qui hurlent de rire à la vue de leurs visages dans l'appareil photo de Clément.

fumoir à poissons
Nous finissons sur la plage, traversant le lieu où sont fumés les poissons. C’est noir de suie et les hommes et femmes qui y travaillent en sont aussi recouverts. L’odeur qui s’en échappe est un mélange entre le feu de randonnée, de celui de cheminée quand on l’allume et qu’une épaisse fumée blanche nous étouffe, et celle du poisson frais et grillé. Etrange mélange. Et nous, blancs comme neige, visibles à des kilomètres au milieu de ces couleurs sombres.

La plage ... A perte de vue. Les barques des pêcheurs retournées, ou attendant leur prochain départ quotidien à la recherche de poissons. Assis dedans, des enfants réparent les filets en chantant, ou courent pour jouer aux pirates. Le drapeau ivoirien flotte à l’avant, dans la lumière descendante de fin d’après-midi. Sur un coup de tête, nous décidons de nous enfoncer dans l’eau. Mais pas trop loin, c’est dangereux ! Brrr, la fraîcheur, ca fait du bien. 


Plage de Grand Bassam
Puis, nous retournons à notre visite : la statue en hommage à la sainte du coin, très important pour notre guide, puis les grands hôtels ... Ca fait peur ! Ce décalage ! Nous finissons par la prison, à côté de laquelle nous buvons une bière. Notre guide est malade, il ne peut rien manger ni boire depuis deux semaines. Lorsqu’il nous explique, c’est un ulcère. Et son médecin qui ne fait rien. Il a perdu 10 kg. 
Clément lui prescrit certains médicaments qu’il doit absolument prendre, et nous le laissons, après qu’il hèle un taxi pour nous, avec un peu d’argent pour le remercier et acheter ses médicaments.
Barques sur la plage, Grand Bassam
C’est le retour, nous arrivons à la gare des woro-woro, où nous prenons un lipton avec les employés, que nous aidons à remplir le van en les imitant. Grâce à cela, nous finissons accompagnateurs du chauffeur, assis sur la banquette avant. La classe !!!

Arrivés sur Abidjan, nous trouvons, sans nous perdre, le chemin de la maison. Là, Clémentine et Bamba nous attendent, inquiets de nous voir revenir si tard. Oups ! Nous avions oublié de les prévenir et nos portables ne fonctionnaient pas. Finalement, nous finissons autour d’un poulet sauté et de plusieurs Bocks qui nous permettent d’aller au lit en toute sérénité.



A DEMAIN !

Enfants sur la plage
jouant avec les photos

Friday, November 1, 2013

Abidjan, capitale d’Afrique de l’Ouest et Assinie Mafia, paradis perdu.

Le taxi
Des immeubles, du bitume, un accent moins prononcés, voilà ce qui différencie Abidjan de Ouagadougou au premier regard. Et le bruit, celui des klaxons des taxis qui pensent que les gens ne les remarquent pas et qui ont développé ce toc.

Nous sommes arrivés avec la nuit. Premiers contacts dans le taxi, où, sur le tableau de bord, il est inscrit « la vraie beauté d’une femme c’est le cœur », ou encore « qui parle de moi perd son temps ». De quoi nous mettre dans l’ambiance !

Et nous voilà partis pour 10 jours de folie abidjanaise, au pays du coupé décalé et des plus grands reggae men d’Afrique de l’Ouest.

Assinie Mafia, première étape. Petite ville portuaire et anciennement balnéaire, lieu culte du tournage des « Bronzés », le coin a été déserté par les touristes suite aux crises de 2006 et 2011. C’est aussi la ville d’Alpha Blondy, à laquelle il a donné une chanson (Assinie Mafia).

Départ dans le petit 4x4 d’un ami de Clémentine, à travers les champs, les cocotiers et la verdure luxuriante, jusqu’à cette lagune, où nous attendent des amis « chez maman ».
L’accueil est chaleureux, et c’est le cas de le dire : on nous sert un verre de Koutoukou, boisson locale de Côte d’Ivoire, une sorte de vin (trèèèèèèèèèèèès fort !!!) fait à partir de ronier, de palmier et de raphia. 

Le genre de boisson qui t’assoit parterre, mais qu’on te sert dès que le verre est vide ! Sous 35 degrés, je vois le visage de Clément rougir, et l’un de nos hôtes finit même par s’écrouler du banc sur lequel il est assis, créant une crise de fou rire général. Requinqués, nous voilà embarqués sur les barques, pour rejoindre l’autre côté de la lagune pour aller y déguster du poisson grillé accompagné de frites et d’alocos (à l’huile de palme !!! ;-) petit clin d’oeil à Clémentine qui se reconnaîtra !).
Badaboum! Les effets du Koutoukou
Avec leurs longues perches qu’ils enfoncent habilement dans l’eau, les piroguiers nous transportent en silence de l’autre côté de la berge. 

L’eau ne frémit qu’au contact des perches et de la proue de notre embarcation.

Au bout, une plage paradisiaque s’offre à nos yeux. Le Golfe de Guinée à perte de vue, du sable blanc, des cocotiers, et des barques aux couleurs bleues et vertes qui sèchent sur la berge sur lesquelles les enfants jouent aux pirates armés de morceaux de bois récoltés sur le sable. 
Au loin, des couples marchent et des pêcheurs jouent aux cartes, assis sur des cagettes.

Après un excellent repas à l’ombre des arbres, petite trempette pas trop loin, car les courants sont extrêmement dangereux à cette époque de l’année.

Maman
Puis, nous partons en balade à travers la forêt de palmiers, au milieu de laquelle la végétation nous offre des couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres. Calme, paix et tranquillité.

Ce qui choque, ce sont ces complexes hôteliers qui bordent la plage, piscines bleues turquoise ... Tous vides, en attente d’un retour des touristes qui se font rares ces temps ci. Une impression de bout du monde. La guerre n’est plus là, mais les séquelles peinent à disparaître.


Le Koutoukou
Après ça ? Retour au maquis pour finir en beauté autour d’un ... voire deux, voire trois, voire ... hips ... Koutoukou !

Cette nuit là, nous avons bien dormis, bercés par le son des vagues et les effluves de Koutoukou au gingembre qui tourneboulent dans notre estomac.

retour en barque