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Friday, March 29, 2013

A ma grand-mère, sa joie de vivre et son courage


Cela fait maintenant plus d’un mois que j’ai posé les pieds sur le sol burkinabè, et je continue à découvrir cette étonnante culture.                           (image: quartier de Kologh-Naba, bord du barrage)

La semaine dernière, après avoir passé la semaine sur le dossier pour les financements de l’Union européenne (jusqu’au dimanche tard dans la nuit), je suis allée faire ... Du cheval ! Ici, au Burkina, beaucoup de traditions continuent à se transmettre de générations en générations, et parmi elles la pratique du cheval, que cela soit dompter, voltiger, ou simplement monter. Durant la semaine, nous étions allés boire un verre au Jamaïca, un maquis très connu des rastas de Ouaga qui ne fait que du reggae, et j’ai commencé à discuter avec le DJ. Il m’a alors expliqué qu’il avait deux chevaux, Jamaïca et Africa, et qu’il faisait partie de la (très grande !) famille spécialiste des chevaux à Ouaga. Il m’a donc invitée à aller monter dans les ruelles bondées non-goudronnées du quartier de Kologh-Naba, au milieu des enfants qui jouent aux billes, au pneu (qu’ils transforment en cerceaux et qu’ils suivent en courant), à se bousculer, ou tout simplement qui lisent un livre poussiéreux pour réussir à l’école.
(Image: sur la route de chez moi au travail)
Lorsque je suis arrivée, j’ai d’abord passé deux heures à l’ombre sur une chaise fabriquée à la main en fer et caoutchouc, entourée de rastas écoutant du reggae sur leur portable, afin d’attendre que les températures baissent et que l’air soit plus respirable pour nous et les chevaux. Ensuite, j’ai d’abord monté un étalon noir très caractériel, avec lequel ils m’ont laissée seule pour faire le tour du quartier, en me criant « Yelekabé ! Ne t’inquiète pas, y'a pas de yélé, il connait le chemin ! ». Je n’étais pas trop téméraire au début, puis, après quelques galops non voulus, quelques enfants et jeunes filles effrayés (tout le monde n’a pas l’habitude de se retrouver au coin de la rue face aux narines d’un cheval), j’ai réussi à prendre le dessus et en profiter. A mon retour, j’ai pu partir en balade dans d’autres quartiers en compagnie de Salif, surnommé « Papa », car son grand-père était chef de clan, et qu’il a hérité du même prénom. Les personnes de son clan n’ont pas le droit de prononcer son nom (Salif) et se doivent donc de lui trouver un autre prénom, en général toujours le même pour toutes les ethnies : Papa. Une après-midi super sympa, avant de reprendre le boulot pour travailler à nouveau tard dans la nuit.

Ce weekend, nous avons dit au revoir aux belges qui ont « demandé la route » comme on dit au Burkina (soit « rentrés chez eux »). C’était très étrange, car je m’étais habituée à cette présence européenne à mes côtés, et que dorénavant, je reste la seule blanche à des kilomètres à la ronde. Mais Yélékabé, heureusement je suis maintenant bien entourée et je n’ai pas trop peur de la solitude.

Vendredi soir, nous avons dégusté un super repas au centre Kamzaka avec les enfants (brochettes de soja, riz gras à la viande de porc, « mougoudougous » faits par nos soins et « tchoco », sortes de boules très dures que les enfants cassent contre les murs puis décortiquent avec la bouche pendant des heures : pas bon !), suivi d’une séance de danse coupé-décalé et danses traditionnelles de la part des enfants qui ont le rythme dans la peau et sont meilleurs danseurs que bien des gens chez nous !                                                                          
                                                                                                                            (image: dernier repas chez les belges)
Après çà, pour profiter de cette dernière nuit burkinabè, je suis partie danser le reggae avec Nour, une des belges, dans le centre ville au Jamaïca, et nous avons terminé lorsque le soleil était déjà bien levé, pour rentrer à dos de motos à trois ... Dangereux mais pas le choix ! Et bien sûr ... Panne d’essence ! Ahahahah ! Ici, ils ont une technique assez impressionnante dans le cas où une moto tombe en panne : le chauffeur d’une autre moto qui fonctionne pousse l’arrière de la moto qui ne fonctionne pas avec un pied, pendant que le conducteur de la moto en panne guide l’engin, et çà jusqu’à la station la plus proche. Pendant ce temps,     nous avons continué à pieds en compagnie de Bassirou, un ami de Salif, en suivant le goudron et en chantant du reggae à tue-tête « Jamaïca, Jamaïca, Africa, Africaaaaa ... ! » face au lever du soleil. Une fois rentrées, au dodo ! Et pour ma part, réunion à 10:00 ! Aïe !

Après une sieste de quelques heures l’après midi du samedi allongée sur une natte sur la terrasse devant chez moi à l’ombre de l’arbre à écouter de la musique, je suis allée rejoindre l’homme chargé de véhiculer les bagages des belges de chez eux au goudron (pas loin d’un km de trous et bosses dans le noir). Nous sommes allés chez eux sur son taxi-moto à trois roues, assise sur le rebord de la remorque pour lui indiquer le chemin. (Mon fessier s’en souvient encore !). Après le chargement et la route chaotique, nous avons tout déposé sur le bord du goudron, négocié un taxi pour l’aéroport (2000/2000 fcfa), et enfourné les bagages dans le coffre ... Il y en avait tellement, que le chauffeur a fait tenir çà avec une corde, et qu’ils ont failli en perdre un en route, ahahahah !
Je suis montée derrière Rasta (Thomas), et nous nous sommes retrouvés (après une pause dolo pour rasta et moi), dans le bar devant l’aéroport pour se faire nos adieux. Pas facile, pas les mots, mais tous les gens qui avaient compté étaient là.
Pour éviter la déprime, même si ici personne n’est triste (ou en tout cas, c’est ce qu’ils disent) et personne ne veut exprimer ses sentiments, nous sommes allés danser un peu avec Rasta au son d’un live au Madiba, un autre bar très réputé pour son reggae.

Lundi et mardi, pour mes congés, je suis allée rejoindre Salif, Ami, une amie (eheheh !), Ali (son « petit pompier » comme elle l’appelle, soit « petit copain ») et Moussa, un grand rigolo !
Nous avons passé l’après-midi à boire du thé sur les bords du barrage n°2, dans les « bas-fonds », comme ils disent ici, à l’ombre des manguiers, entourés des chevaux qui paissent dans cette verdure si rare, et de toutes sortes d’animaux. Sur les barrages, les pêcheurs s’activent du matin au soir, les pieds dans l’eau jusqu’à la taille, un chapeau mossi vissé sur la tête, et trempent des paniers qu’ils tirent avec des cordes pour attraper les poissons qu’ils vendent ensuite grillés au bord des routes ... Attention à la cuisson, les barrages servent aussi de décharge et sont gorgés de cadavres humains et animaliers...
                                                                               (image: au bord du barrage n°2, Ami et Ali)
Après cette douce après-midi à somnoler, nous sommes sortis un peu le soir dans les rues de Ouaga à pieds, pour rentrer tôt le matin et dormir chez Ami. Sa maison est composée de deux pièces, elle partage sa cour (son « 6 mètres » comme on dit ici pour parler des regroupements de maisons autour d’une cour), avec 4 autres familles, sans électricité, deux canapés, une natte, un matelas et un réchaud pour cuisiner. Pour se doucher, j’ai pu gouter aux joies du Burkina : une tôle ondulée en guise de trois murs au fond de la cour, pas de toit, et c’est ici qu’on se lave et qu’on se « soulage » comme ils aiment dire ici. Il suffit de recouvrir le trou avec une brique pour ne pas avoir les odeurs pendant la douche, et de porter des « creps » (tongues). Un seau qu’on a tiré du puit, un filet en plastique coloré pour se frotter, un savon, et un gobelet en plastique pour se verser l’eau dessus... Mais ce fut une des meilleures douches de mon voyage : la transpiration de la nuit dans ces pièces surchauffées m’avait lessivée !
(image: près des chevaux et des forgerons, bord du barrage n°2)
Après un Nespresso au kiosque du coin en se racontant les anecdotes de la veille, j’ai sauté dans un taxi vert pour 300/300, direction Bissighin, mon quartier.
J’ai passé le reste de la semaine, jusqu’à aujourd’hui inclus, à travailler beaucoup pour le centre, réunion après réunion, dossier après dossier, pour régler les problèmes de communication et trouver de nouveaux partenaires qui nous permettraient de tenir jusqu’à janvier 2014, début du contrat de financement de 3 ans par l’UE... Mail après mail, lettre après lettre, je commence à récolter des réponses et à les introduire en Excel ...
Petit à petit, l’oiseau fait son nid !

Mardi, je suis allée, en compagnie de Catherine, qui vient faire la cuisine (pour découvrir des plats) et manger avec moi une fois par semaine, au Grand Marché. C’est le « souk » de Ouaga, pour ceux qui connaissent le Maghreb. Un plaisir des yeux, un brouhaha pour les oreilles, et un nez qui se remplit de mille et unes odeurs plus épicées et inconnues les unes que les autres. C’est une sorte de bâtiment, en plein centre, de plusieurs étages, dans lequel tu commences en bas, puis tu montes, tu montes, tu montes, et tu fais le tour d’un dédale de ruelles plus fines et bruyantes les unes que les autres. Mais c’est une telle animation, une telle euphorie, que j’aime m’y plonger.

          (image: étale d'épices au Grand Marché)
J’y ai acheté des pagnes (tissus) pour me faire faire une robe et des pantalons sur mesure par sa soeur. On y a aussi acheté tous les épices nécessaires à la cuisine : piment jaune en poudre, poudre de baobab (« toeira » en mooré), kolgo (boule faites de graines de néré) et potasse pour adoucir les plats et la peau. Dans tout ce chahut, au coin des boucheries, on y a mangé de la bouille de petit mil, avec du beurre fondu et du lait concentré (tout le monde en mange ici) dans un sachet, et j’ai bu du jus de tamarin à tomber parterre en flânant à travers les petites échoppes de tissus colorés et de perles pour les cheveux.                                                  


Mercredi : tressage sous le kiosque, dans la cour de Kamzaka, entourée des enfants et des femmes des alentours qui venaient chacun à leur tour, pour me donner leur avis ... et paracétamol pour dormir un peu : ca tireeeeeeeeeeeeeee !!! Mais le résultat est plutôt pas mal, et niveau « aérations du crâne », je respire !!!

Voilà pour cette chronique un peu plus longue que les autres, j’espère vous avoir fait vivre bilibilfou (un tout petit peu) cette aventure décoiffante !

A très bientôt, bon weekend de Pâques à tous, que je fêterai en bonne burkinabè !

Friday, March 22, 2013

Sous la pluie des manguiers

Ça y'est, la pluie des manguiers est arrivée! C'est la première pluie en plein coeur de la saison chaude, qui permet aux mangues de finir de mûrir. Impressionnant sous mon toit de tôle! Tout d'abord, un vent violent chaud se lève et te fouette le visage de poussière rouge, de minis tornades se forment, puis c'est le déluge qui s'abat! Mais çà fait du bien, pendant quelques heures, de pouvoir respirer un peu!

Aujourd’hui, cuisine ! Bon, cela n’a rien à voir avec un cours de cuisine à la française, mais franchement, cela vaut bien un post. Je ne pensais pas découvrir une si grande diversité culinaire, et je suis agréablement surprise.

(Image: préparation des mougoudougous)
Tout d’abord, niveau sucreries (rien à voir avec le mot « sucreries » d’ici, qui signifie en fait « sodas » (Fanta, Coca...), ils se débrouillent plutôt pas mal ! Il y a d’abord le Mougoudougou, une sorte de boulette à la pâte d’arachide à tomber parterre ! Quand on plante les dents dedans, la boule s’effrite et fond dans la bouche. Un délice ! Ensuite, il y a ces sortes de rubans qui n’ont pas de nom : du sésame, du lait concentré sucré, tout çà cuit et enroulé ... Un mélange entre nougatine et caramel. Je n’aurais pas dû les découvrir si tôt, maintenant je ne peux plus m’en passer !
Puis viennent les beignets, cuits dans l’huile et qui, trempés dans le yaourt maison ou le dégué (yaourt avec des graines de mil) de chez Fanta, le maquis derrière chez moi, font frétiller mes papilles. Je me suis d’ailleurs mise moi aussi à la confection de yaourts  et je commence à prendre la main, même si parfois il reste un peu liquide. Le matin, avec une bonne cuillerée de pâte d’arachide achetée sur le marché (tu dois amener ton récipient et elle te sert dans une grande bassine), accompagné d’un Nescafé au lait en poudre, çà met la pêche pour la journée !

Depuis que je suis arrivée, j’habitue doucement mon estomac à la cuisine locale, et pour le moment, pas de problèmes intestinaux, ni quoi que ce soit ! J’ai donc pu essayer la viande de mouton cuite au feu et revenue aux petits oignons, ou les brochettes au piment : un vendeur est présent devant chaque maquis toute la nuit pour les envies subites des danseurs de reggae ou de coupé-décalé. Le poulet bicyclette avec du « tipaari » (piment en mooré) est aussi le moyen de se remplir l’estomac à la terrasse d’un maquis en soirée. Il y a aussi les frites maison (pomme de terre ou patate douce), cuites sur un Butagaz dans la cour ou au bord de la route, et le poisson grillé. Salivez, vous le pouvez !

Tous les midis, je mange en compagnie des enfants, que cela soit riz gras ou riz sauce, plat typique au Burkina, et je ne m’en lasse jamais. Accompagné de légumes de saison et de viande ou de poisson découpé tout petit pour que tout le monde puisse profiter de ce met cher, la sauce a chaque jour un goût différent. Et les repas sont toujours un moment convivial !
Le tô est le plat le plus consommé dans cette partie du Burkina, c’est de la farine de maïs et manioc, pétries dans l’eau. Ca se transforme en une sorte de polenta un peu plus gluante, et ca se mange à la main (droite, attention !!!), trempé dans la sauce : sauce feuille (verte), sauce arachide (ma préférée !), etc. Ici, beaucoup de gens disent que si tu ne manges pas de tô une fois par jour, tu n’as rien mangé de la journée... et ils ont raison : ca cale !

   (Image: Aloco et frites en 1er plan)
Passons au dessert ! En ce moment, les mangues ont mûri, et on les achète pour 25 FCFA sur le marché, soit moins de 5 centimes d’euros... Matin, midi et soir ! C’est tellement sucré et facile à manger ! Il y a aussi l’aloco, une sorte de banane, mais qui n’en est pas une, et que l’on fait frire. Ça se déguste comme une barquette de frites, et çà fond dans la bouche. Ce qui est super aussi, pour se désaltérer, c’est les glaces en sachets, qu’un vendeur poussant un chariot vend. Pour signaler sa présence, il dispose d’un klaxonne « Tada ! Tada ! » Tout le monde sait de quoi il s’agit rien qu’au son ! :D

Ce que je préfère quand je rentre à dos de moto tard dans la nuit, c’est m’arrêter chez Rasta, dans son maquis, et déguster un bon sandwich à l’omelette. De quoi se requinquer jusqu’au lendemain !
Niveau boisson : le dolo, bière locale, le jus de bissap, une fleur rose cultivée ici qui a le goût de la grenadine, et qui ne coûte que 25 FCFA, le jus de mangues, frais et tellement épais qu’on a l’impression de manger une purée de mangues, miam ! Il y a aussi toutes sortes de bières, qui bourrent bien, le poussé-poussé (en fait, du whisky en sachets), le calao (rhum), ...
L’eau, quant à elle, se boit en sachets, qu’il faut machouiller pour faire sortir. Trop drôle de voir tout le monde, un sachet qui pendouille à la bouche ! ahahah !

Même si mes connaissances en matière de cuisine restent encore très faibles, je compte bien continuer à voir et apprendre, avec l’aide de mon amie Cat', cuisinière en herbe, et de Judith, sa meilleure amie qui travaille à Kamzaka. Et c’est promis, je tenterai de vous le faire partager !

En espérant vous avoir mis l’eau à la bouche et avoir tranché dans les clichés du petit noir qui ne mange qu’un grain de riz (bien que la pauvreté quotidienne reste une réalité et que tout le monde ne mange pas à sa faim), je vous laisse donc à vos assiettes et vous souhaite bon appétit !

Thursday, March 14, 2013

Jeudi, le mercredi des enfants

Le temps coule si vite, que je me rends compte que cela fait déjà 2 semaines et demi que je suis ici. Il est vrai qu’en Afrique on perd tout repère temporel : Pas de montre, pas d’horloge, pas d’horaires de bus ou de train, et pourtant tout le monde s’affère !
Motos deux roues ou trois roues, vélos de toutes tailles et de tous types, charrettes tirées par des ânes, bus où s’entassent les gens à l’arrière et sur le toit accompagnés de leurs vélos, motos et de toutes sortes de marchandises, camions remorquant des tas de choses (métaux, or, pétrôle, chèvres, cochons, terre, Brakina la bière locale...) et encore des hommes, perchés sur les tas ou pendus là où la place le leur permet afin de faire une sieste le temps du trajet.

C’est un monde parallèle au notre, où les valeurs qu’ils partagent sont à l’opposé de ce que nous concevons chez nous, dans nos maisons climatisées avec un accès à l’électricité, une douche et des toilettes sur lesquelles on peut s’asseoir et lire le journal (non, Papa ! Voyons, je ne fais pas référence à toi ! :-D). C’est la débrouille au quotidien, la solidarité et le partage. Lorsque tu rencontres une difficulté, tu ne peux pas la qualifier de difficulté. Il y a toujours une solution, et si vraiment c’est  « trop compliqué », comme ils le disent ici, c’est certainement l’un ou l’autre des dieux qui l’a décidé comme çà. Parfois, c’est très déconcertant. Un accident, un mort, c’est comme si rien ne les affectait, comme si leur sourire ne pouvait jamais s’éteindre. Pourtant, il est humain d’être triste, mais ici, face à la misère et aux difficultés du quotidien, c’est comme si s’attrister était perdre son temps et ennuyer les autres. Il ne faut pas partager sa douleur trop souvent, même si les autres peuvent la ressentir et se rapprocher de toi pour te soutenir sans te dire.

Le mari de Gladys, la responsable des éducateurs, a eu un accident dimanche, un « fou » comme ils disent ici pour parler d’un attardé mental, a traversé le goudron sans regarder, et son mari lui est rentré dedans. Le fou s’en est sorti sans rien, mais le mari de Gladys a perdu 4 dents dans l’accident et a de nombreuses blessures au visage. Tout le monde ici est allé lui rendre visite, mais personne n’a parlé de ses blessures. Si je m’étais basé sur ce qu’on disait, il allait parfaitement bien, bien qu’il soit obligé de rester à la maison, qu’il ne puisse plus manger correctement et qu’il ne sache pas s’il aura les moyens de se repayer des dents. Cette vision des choses me permet aussi de me remettre en question. Certains problèmes ne méritent pas que l’on y soit attentif, et il vaut mieux vivre que de s’arrêter et d’y prêter plus d’attention qu’il ne se doit.

Pour ma part, je commence à me créer aussi mon petit quotidien et à prendre mes repères. Je suis finalement très bien dans ma petite maison, que je commence à arranger à mon goût. J’ai trouvé une table cassée que j’ai raccommodé, et je peux maintenant y poser la nourriture et les ustensiles de cuisine qui étaient parterre sur une natte, j’ai tendu un fil me permettant de sortir ma garde-robe de mon sac de rando, j’ai pu acheter de quoi me faire la popotte et nettoyer un peu (un balai en paille qu’ils font ici à la main et qu’ils vendent 50 FCFA et une pelle trouvée dans la cour). Je ne pense donc pas déménager, car lorsque je me compare à mes collègues de travail et mes amis burkinabè, lorsqu’ils viennent à la maison, ils n’en font que des éloges. Beaucoup n’ont pas l’électricité à la maison, pas de ventilo, pas de douche, pas de coin tranquille hors de la rue, donc je me considère privilégiée et je considère que c’est à moi de m’habituer au changement et non l’inverse. Et puis, j’ai trouvé la position pour bien viser le trou, et je sais l’heure à laquelle l’eau est fraîche dans la douche et l’heure où les cafards et sauterelles géantes décident d’y élire domicile pour la nuit ! :-)

Les gens savent maintenant où je loge et viennent régulièrement me rendre visite. En plus, à vrai dire, je ne suis quasiment jamais à la maison ! De 8-9h du matin à 18-19h le soir, je suis au centre, puis je vais manger chez Fanta (qui tient le maquis derrière chez moi et fait de supers plats à 200 FCFA et un yaourt à tomber parterre) et je finis dans le maquis de Rasta, qui est devenu lui aussi mon ami le plus proche, et l’un des rare à nous considérer comme des êtres humains sans y faire intervenir notre couleur de peau et nous juger là dessus.
Rasta est quelqu’un de généreux et ouvert, mais parfois sa naïveté prend le dessus, et comme il pense que tout le monde est comme lui, il se fait bananer régulièrement. Il en avait parlé à Malou, qui lui avait dit que je pouvais lui venir en aide pour ses comptes et l’organisation de son maquis, car il perd énormément et malgré son optimisme à toute épreuve çà le rend un peu triste. J’ai donc utilisé mes deux jours de congé, lundi et mardi, pour l’aider. On est allés à l’ombre sous le hangar à côté de son maquis, avec deux cahiers qu’il avait acheté pour l’occasion, une table et deux chaises en plastique sur la terre qu’ils venaient de retourner, et on y a passé 4h. On a d’abord écrit ce qu’il dépensait pour acheter les condiments, les légumes, le riz, les pâtes, les boissons ..., puis combien il les vend. Puis, je lui ai expliqué les calculs qu’il devait faire pour savoir s’il faisait des bénéfices ou pas. J’ai ensuite fait un tableau, sur lequel ses employés doivent faire des traits pour compter plus ou moins le nombre de plats et de soupes qu’ils vendent par jour, pour savoir si c’est de là que viennent ses problèmes de recettes. Il était très studieux et très content, cela lui a permis de reprendre confiance, et de prendre en main la partie gestion de sa boutique qu’il avait fini par abandonner. 

C’est vraiment incroyable, ici les gens ont un nombre de données incroyable dans la tête, tous les prix des aliments, combien de sacs de riz il reste ... Une mine d’informations ! Comme rien n’est écrit, c’es un peu plus compliqué pour nous, occidentaux, qui avons l’impression que sans l’écrit nous serons perdus ! :-D
J’ai le même « problème » au boulot : mes chefs ont tout en tête, mais ne sont là que très rarement, ce qui m’oblige à leur soutirer toutes les infos stockées dans leur cerveau chaque fois qu’ils pointent le bout de leur nez, sous peine de ne pas pouvoir avancer ! eheheheh !

 En ce qui concerne mes tâches, je commence à prendre des repères et comprendre mieux ce qu’on attend de moi, même si la pression est montée d’un cran depuis qu’on sait que notre partenaire ne veut plus travailler avec nous. Je leur ai d’ailleurs concocté une réponse corsée à la sauce occidentale, avec textes de lois et paragraphes du contrat à l’appui. On verra ce qu’ils répondront, mais ils ont intérêt à rendre des comptes ! Pour le reste, je commence la recherche de partenaires, après avoir terminé de rédiger la présentation de l’association qu’on pourra fournir lors de rencontres. Je m’attèle aussi à la rédaction du manuel de procédures administratives, comptables et financières qu’on doit fournir à l’UE par exemple, ou à de grosses ONGs... De quoi te tirer une balle, 250 pages de tableaux, fiches de postes, revenus, fiches de paye ... Ce qui est génial, c’est que ca me forme à tout un travail qui n’était jusque là que théorique et qui me donnera l’opportunité de le réutiliser dans le futur.

C’est donc sur ce point studieux que je vous laisse, les enfants m’attendent pour faire un Uno avant de manger le repas de midi ! :-)
Bisoux et Bilfou!

Friday, March 8, 2013

Petite chronique de la journée des femmes


Ça fait plusieurs jours maintenant, mais le temps passe si vite ...

Mardi, nous sommes donc allés visiter le Musée de Manega, qui raconte toute l’histoire du Burkina depuis le XII ème siècle. Voyage en moto tricycle, sur 50km. De quoi se souvenir du voyage! Une épopée dont mon fessier se souvient, mais quelle rigolade! 
Le doyen du musée, petit-fils du fondateur, nous raconte avec son fort accent Mossi l’histoire de Ouedraogo, l’étalon de la princesse Yennenga, fondatrice du royaume Mossi au XIIIème siècle.
Le musée poussiéreux recèle des merveilles de l’histoire du pays, que l’on se régale à découvrir des lèvres de cet homme, fier de son passé et de ses origines.

D’un bâtiment à l’autre, d’un habitat traditionnel à l’autre, il partage avec nous ses talents de conteur. Deux salles m’ont extrêmement impressionnée : la salle des morts, et celle des masques et pierres tombales.

Lorsque l’on pénètre dans la salle des masques et pierres tombales, il est interdit de prononcer un mot, au risque de subir un malheur. Dans celle des morts, il est obligatoire de se décoiffer et d’entrer à reculons, les pieds en dernier. Si cela se fait comme cela, c’est qu’un mort sort les pieds en premier et la tête en dernier, et qu’un vivant se doit donc de faire l’inverse.
Dans la culture, le noir représente la mort et le blanc la vie. Pour cela, lors des cérémonies funéraires, le chef porte un habit aux deux couleurs, et deux masques représentent l’un la vie (blanc) et l’autre la mort (noir), qu’il faut chasser.
Un homme qui meurt est enroulé dans un tissage de cotonnade, mais ses pieds doivent rester découverts et visibles, car il est dit que lorsqu’on meurt, les yeux tombent dans nos pieds, et l’on doit respecter le mort en ne lui cachant pas la vue. On le dépose à terre hors de sa case, et l’on tue deux poules : l’une que l’on étrangle (représentation de la mort naturelle) et l’autre à qui l’on coupe la gorge. Si les poules tombent sur le ventre, c’est que la personne est morte empoisonnée, et la seconde poule indique le coupable.
Les fils de chefs de village n’ont pas le droit de manger de poulet pour cette raison durant toute la vie de leur père. Ce n’est qu’à sa mort qu’ils pourront le faire. Le guide, fils de chef, l’a expérimenté et a même vomi la première fois qu’il en a mangé !
Dans leur tombe, les hommes sont couchés sur le côté droit, et les femmes sur le côté gauche. Ils doivent toujours regarder vers l’ouest, le coucher du soleil. Il en est de même pour la construction des cases des différentes femmes d’un homme : toujours construites à gauche de celle de l’homme, et la dernière femme fait la cuisine pour tout le monde et a le droit de dormir dans la case de l’homme.

Les tambours sont très importants. Il en existe deux types :
- Les longs, qui servent à faire danser les masques,
- Les courts, qui servent à communiquer entre villages.

Sur le retour, nous nous sommes arrêtés en bord de route dans un village pour y boire le Dolo (boisson fermentée, appelée aussi bière de Mil) dans une calebasse, pour que la moto à trois roues puisse se reposer et refroidir un peu, sous ces 45 degrés.



Le soir, les belges m’ont invité à manger des patates douces a la sauce aux épices préparées par la cuisinière Catherine, qui est un amour.

Ces deux derniers jours, j’ai pu commencer à travailler et les choses commencent sur les chapeaux de roues ! Je suis en charge de remplacer un des partenaires essentiel à la survie du centre, qui a laissé tomber l’asso sans aucun préavis, faute grave, et sans donner de raison. Ils finançaient essentiellement la nourriture et deux salaires d’éducateurs ... Les salaires ne sont donc pas versés, et les enfants mangent sur l’argent de mon chef. Nous ne nous laisserons pas faire ! C’est une grosse responsabilité qui pèse sur mes épaules et que je n’ai jamais vraiment eu l’occasion d’expérimenter. J’appréhende mes résultats, car si je n’ai trouvé personne d’ici à juillet, le centre devra réduire considérablement ses effectifs : il peut accueillir jusqu’à 60 pensionnaires, il y en a actuellement 35 et cela devrait baisser à ... 6 ! Et bien sûr, le personnel subira le même sort, alors qu’il est lui aussi extrêmement pauvre. Je travaille donc comme une acharnée (mes collègues me disent que ma tête risque d’exploser), et je ferai tout pour régler cette situation au plus vite.

Pour terminer sur une note festive, aujourd’hui c ‘était la journée de la Femme, et cette fête est très importante au Burkina : c’est jour férié pour les femmes, et toutes portent le même pagne (le même tissu) toute la journée. C’était magnifique de les voir toutes comme çà, chacune ayant décidé d’un modèle différent à son goût.

Nous en avions donc toutes un, et nous nous sommes retrouvées dans les règles traditionnelles entre femmes : nous sommes allées dans la cour de Catherine, la cuisinière des belges, où nous avons retrouvé 7 autres femmes. Nous avons préparé un pique-nique : pommes de terre frites, 1 poisson grillé (capitaine) par personne et crudités (tomates salade et concombre). Après avoir tout emballé, nous avons enfourché les motos et nous sommes allées en file indienne jusqu’à tanguin, au bord des plantations de feuilles (c’est le nom qu’ils donnent à une plante servant à faire la « sauce feuilles »), à l’ombre des manguiers dont les fruits commencent à mûrir. Là, nous avons bu des bières en mangeant toute l’après-midi, et nous avons même eu la chance de nous promener dans les plantation en bordure du fleuve, de tirer l’eau des trous creusés dans la terre et d’arroser (tout çà dans nos tenues du 8 mai !) sous les rires des femmes qui y travaillaient.

Après cette délicieuse après-midi, tradition oblige, nous sommes allées danser à dos de motos dans un autre quartier de la ville, bondé de femmes portant les mêmes couleurs. Magique. Une ambiance comme on en trouve peu chez nous !

Après nous être déhanchées sur la piste, retour à la maison la tête (et les oreilles !) remplie de musiques africaines qui donnent le besoin de bouger en rythme.

C’est donc sur cette note musicale que je vous laisse et vous dis à très vite !

Monday, March 4, 2013

Il était une fois dans l’Ouest africain

Puisque :

  1-      L’électricité est revenue, çà coupe tous les jours environ 2h en journée, mais aujourd’hui, toute l’aprem   et le début de soirée !
  2-      Il n’y a plus de rupture de stock pour les recharges internet
  3-      La température a baissé un peu
  4-      L’eau est revenue et j’ai pu me réhydrater (même si c’est du thé !)

Alors je peux écrire un peu ce soir ! :D
La vie commence à s’organiser ici, j’ai pu acheter quelques bricoles qui me permettent d’améliorer mon quotidien : trois clous pour tirer un fil dans ma salle de séjour pour y pendre ma garde robe et enfin ranger mon sac, une multiprise pour pouvoir brancher deux choses en même temps, une balayette en paille pour faire un peu le sol (même si terre + terre = terre), du fil, du scotch, et des couteaux, parce que je faisais la cuisine en coupant les oignons à la fourchette depuis déjà plusieurs jours et cela devenait compliqué !

J’ai enfin pu faire une réunion vendredi pour y définir mes différentes tâches, et je ne suis pas déçue du voyage : c’est EXACTEMENT ce que j’ai pu apprendre cette année, mais en vrai ! Pour faire bref, ma mission sera de :

- Rechercher des partenaires financiers et/ou techniques, car Kamzaka est vraiment dans une situation difficile et tire toujours sur le fil jusqu’au bout, du fait que ses partenariats sont minces et que certains partenaires ne sont pas vraiment « réglos » au niveau des conventions de partenariat, obligeant le président à pêcher dans ses propres poches pour nourrir les 35 enfants ce mois-ci.
- Pour cela, établir une présentation vraiment bien ficelée de l’asso, avec les résultats, les difficultés, les dépenses suivant les besoins, les différents rôles des salariés de l’asso, les attentes en terme de partenariat, un budget prévisionnel pour les différents projets en cours (une infirmerie dans le centre qu’il faut terminer de construire, une école de sport sur un terrain proche du centre pour accueillir les enfants, les différentes AGR (Activités Génératrices de Revenus) qui existent déjà mais pourraient se développer, etc.)
-Pour finir, créer un projet de zéro pour la construction d’une école afin qu’il soit possible de répondre à un appel d’offre le plus rapidement possible.

C’est vraiment ouf, ils me font une confiance sans limite et comptent énormément sur moi ! Ca donne des frissons et je ferai tout pour ne pas les décevoir !

Sinon, hier, j’ai pu rencontrer Christiane, une allemande que j’ai rencontrée sur un forum pour les expats avant de partir. Elle est super sympa, et comme elle habite dans la zone du bois, on est allées visiter le parc de la ville (280 hectares) avec ses crocodiles, ses chemins dans les broussailles, ses statues en bois et ses nombreux oiseaux. C’était vraiment bien !
Le soir, je suis allée boire un verre dans mon quartier dans un maquis derrière chez moi avec les belges, chez Fanta, elle est super sympa, et tient le maquis avec son mari et sa petite fille, Vanessa, de 3 ans qui parle excellemment bien le français.
Super soirée, on a même fait un babyfoot ! Seul hic, un voleur de moto s’est fait attraper par certains hommes du quartier devant mon portail ... Comme ici la police est corrompue (même si moins au Burkina que chez ses voisins) et que les habitants le savent, c’est la justice de la rue et ... elle se fait à coups de chaussures et de barres de fer... Ici, voler une moto c’est très grave et le voleur doit être tué... Heureusement, le belge était là et est intervenu, laissant à la police, prévenue déjà depuis 2h, d’arriver sur les lieux et de récupérer le corps gémissant du voleur, devant tous les enfants, aux premières loges de cet épisode de violence, pour « l’emmener à l’hôpital » si ce qu’ils ont dit est vrai !
Résultat des courses : j’ai dormi chez eux, raccompagnés par Herman, le mari de Fanta !
Et la vie reprend son cours, nous laissant, avec nos âmes occidentales, un peu sur le carreau.
Mais il n’est pas facile pour les « nassaras » (blancs) de s’imposer dans des « règles » traditionnelles et y faire passer un message de justice, quand c’est tout le système qu’il faut revoir.

Pour redonner du punch, aujourd’hui piscine et détente toute la journée !!! Ca fait du bien !!!

Demain, nous devrions aller au musée du Burkina sur la moto d’un ami burkinabè.
Suite au prochain épisode !!


Bonne nuit, je vais au maquis !

Friday, March 1, 2013

Les débuts de Lulu


Bonsoir !!

Me revoilà pour redonner des nouvelles, le temps passe vite ! C’est déjà vendredi, mais j’ai rien vu passer, et pourtant c’est si différent !

Hier et avant-hier, j’ai enfin pu commencer à rencontrer les gens, voir mon bureau, commencer à harceler de questions mon chef, et prendre des repères géographiques, parce qu’ici, pas de panneaux, pas de noms de rues. On fonctionne en zones (quartiers), avec des numéros (moi je suis en zone 11, à Tampouy, à 8 km du centre), et tout le monde se repère au « goudron », c’est-à-dire aux routes principales. Pour ma part, c’est la route vers le nord (Ouahigouya). Elle est goudronnée, mais dès que tu en sors, tu te retrouves dans des chemins de terre rouge (comme sur la photo dessous) et tu dois compter les maisons et savoir te repérer sans carte ... De quoi pousser à réfléchir ! :)

Ma maison n’est pas très loin du goudron, c’est pratique pour aller prendre le taxi qui ne passe que sur le goudron. On s’arrête au bord de la route, on lève la main, et un taxi (vieille voiture verte, vitres descendues et portes qui ne ferment pas complètement) s’arrête. Par dessus le reggae à fond diffusé par l’autoradio,  il faut demander 300 FCFA jusqu’au centre, et si c’est plus le laisser partir et retenter l’expérience avec le suivant. Tout çà sous un cagnard à faire fondre les tongues ! :-)
Une fois dedans, agglutinés à 8-9 personnes en mode tétris, c’est parti pour 30 minutes de trajet musique à fond ! On s’arrête à la Place des Nations, où a lieu un marché immense tous les jours, et de là on peut rejoindre à peu prêt tout en ville.
J’ai donc eu l’occasion de rencontrer les belges, et nous sommes allés ensemble hier au Fespaco voir un film congolais-belge : l’affaire Chereyba, une affaire d’Etat ? C’est un film sur le procès de la Police pour crime d’Etat au Congo après l’assassinat de Filibert Chereyba, un activiste pour les droits de l’homme et de son chauffeur. Super intéressant, même si présenté au festival ici, il est tout de même interdit au Congo.

Aujourd’hui, départ à 9 :30 pour le marché des arts, organisé dans le cadre du Fespaco, avec Delphine, Nour (les deux filles belges), Catherine (la cuisinière des belges), son fils Elvis de 8 ans et Judith, la cuisinière du centre. Super sortie, avec quelques achats négociés rude. Ici, c’est comme au Maroc, ... en pire ! :) Il faut absolument TOUT négocier, du pain aux légumes en passant par les allumettes ou la bouteille de gaz. Et c’est plutôt bien d’être avec des burkinabè pour nous renseigner un peu sur les prix locaux ! :)
J’ai donc investit dans deux calebasses super bien travaillées pour me servir de récipient pour manger à la maison, et un sachet de lait en poudre (c’est comme çà qu’on l’achète ici, car comme personne, moi y compris, n’a de frigo, il faut pouvoir conserver !) avec un supplément de céréales dedans, trooooop bon !

Après une pause déjeuner dans un bouiboui avec un peu d’ombre où les femmes nous on cuisiné un riz gras ou un riz sauce pour chacun, nous sommes repartis tous les 6 en direction de chez nous (quartier Marcoussi) à bord d’un autre taxi. Ici, ils s’arrêtent dès que quelqu’un lève la main, on peut donc se retrouver vraiment empilés les uns sur les autres et continuer tout le long du trajet.

J’ai passé l’aprem au centre (Kamzaka), avec quelques enfants qui n’avaient pas école aujourd’hui, Amidou, Nour et Judith, assis sur une natte à l’ombre (devant mon bureau fermé), en buvant de l’eau toutes les 30 minutes après y avoir fait tremper nos pastilles désinfectantes (qui donnent un goût immonde de javel !) .
Dans le centre Kamzaka, un puit avec une pompe a été installé, et tous les gens du village y viennent avec leurs bidons jaunes, bleus ou verts pour y prendre de l’eau. Ils payent en fonction du nombre et de la grosseur de leurs bidons (entre 10 et 20 FCFA, c’est-à-dire 2-3 centimes d’euro). Les femmes y viennent en groupe avec leurs bébés dans le dos et y discutent, et les hommes sont plus rares, mais viennent aussi. Leur manière de transporter les bidons sur leur vélo ou leur charrette tirée par des ânes est assez impressionnante. On se demande comment ils arrivent à en faire tenir autant sur un si petit véhicule ! :-) C’est très sympa en tout cas, car c’est aussi l’occasion de se faire connaître dans le village et de rencontrer les familles. Les enfants rient des « nassaras », et nous, nous tentons d’apprendre le mooré (la langue locale), afin de pouvoir communiquer avec les gens, qui pour la plupart ont de grosses difficultés en français et ne parlent que cette langue.


Petit lexique appris depuis le début :
- Baraka !:= Merci !
- Waka : Viens !
- Wana wana ? : combien ca coûte ?
- Lafibala ? (Ca va bien ?) réponse : Lafi ! (ca va !)= ce mot, on le dit environ 1000 fois par jour, ici tout le    monde se demande si ca va toute la journée !
- Bilfou = « un peu » ou bien  « à plus tard », et si on nous demande si on parle le mooré : Bilibilfou ! : un  petit peu !
- Ayo : non
- Zaaré !: Bonsoir !
- Koom : eau (très important ici !) = Ici, l’eau se vend soit en bouteille (500/1000 la bouteille, ce qui fait un peu cher), soit en sachet que tu achètes partout dans des glacières bien fraîches et que tu mordilles pour y boire.

Depuis trois jours, nous avons un locataire de plus au centre : un singe, attaché à un arbre, que les enfants ont attrapé, que l’on nourrit et avec qui on joue en attendant que son propriétaire, un voisin apparemment, se décide à venir le récupérer. Il est trop mignon et fait tout le temps des bêtises. Les enfants ont tendance à le maltraiter, donc il nous faut être vigilants, mais c’est vraiment un bon compagnon ! Même nos deux chiens l’ont accepté.
Demain, j’ai ma première réunion pour programmer mes tâches, et la rencontre avec le représentant d’ASMAE (Association Soeur Emmanuelle) venu de France (pour la première fois), qui veut voir où est placé son argent et comment le centre est géré et fonctionne... Un travail difficile pour mes chefs, qui n’ont pas pu payer les salaires des employés ce mois ci, du fait que les contrats de financement avec certains partenaires français ont été retardés, et qu’ils utilisent les fonds restant (et une note chez le magasinier (épicier pour nous)) pour payer la nourriture des enfants (sucre, chicorée, sacs de riz, de mil et de couscous), ce qui reste primordial... Nous avons donc du travail !!

Voilà pour aujourd’hui, c’est à la lumière de mon néon, et collée à mon ventilateur (signe de richesse dans le village), que je vous dis Baraka ! Et à la prochaine !